Le cinglant échec de l'UPT, coquille vidée de sa substance et réduite de facto au parti « Al Massar », elle et déçoit à la fois. Comment se fait-il que la brochette d'hommes et femmes, dont la compétence, la crédibilité et la probité sont au dessus de tout soupçon, et qui en ont composé les têtes de listes, soient à ce point sanctionnés et accusent un tel revers ? Parler de surprise serait trop réducteur, voire même injuste. A ce stade, il n'est pas impropre d'affirmer que Samir Taeib a raté sa première épreuve en tant que Secrétaire Général. Ceci ne veut nullement dire qu'il soir responsable de cette défaite assourdissante, mais toujours est-il que « Al Massar » a connu sa première descente aux enfers. On ne parle plus d'effondrement mais de mort clinique pur et simple. Aux dernières nouvelles, aucun élu dans l'escarcelle de »Al Massar ». Score traumatisant pour ses militants et ses sympathisants. Fiasco sur toute la ligne difficile peut-être à comprendre ou à admettre mais il y a immanquablement des raisons tant objectives que subjectives derrière cette offensante faillite électorale. D'abord, « Al Massar » a été « trahi » par ses propres sympathisants. Il n'a pu compter sur le même gisement de voix qu'en Octobre 2014. Le combat électoral a reposé sur une toute autre logique que le parti ne pouvait soutenir. Pour nombreux électeurs naturels ou potentiels de « Al Massar », la volonté de sauver le pays (en barrant la route à Ennahdha) a été plus mordante et plus gratifiante que le désir de sauver le parti. Un choix certes cornélien mais vite tranché en fonction de ce qui a été considérée comme priorité nationale de haut rang. Ensuite, en conséquence de quoi, l'idée de vote utile, en faveur de Nida Tounes, a fait son chemin et a mobilisé les partisans traditionnels de « Al Massar ». Un choix plutôt tactique que stratégique, que le contexte politique ambiant a rendu impératif et inévitable. « Al Massar » en a lourdement pâti D'autres motifs, et non des moindres, pourraient être invoqués. Jugez-en !. A première vue et sans être exhaustif, »Al Massar » a accusé différents déficits fortement corrélés : Premièrement, un déficit d'identité : « Al Massar » n'a cessé de changer de patronyme et de peau. En trois ans, il a modifié quatre fois de nom. Sa base électorale n'en a pas été vraiment consultée. Une bonne partie n'en a pas voulu. « Al Massar » est resté longtemps dans le sillage de Nida Tounes, qui l'a instrumentalisé et vampirisé pour asseoir son audience, avant de décider de faire cavalier seul, envoyant « Al Massar » dans le trou. Peut-être aussi que le retrait de Ahmed Ibrahim, leader historique du mouvement, a pesé lourd dans la balance et a desservi « Al Massar » sur ce plan. Deuxièmement, un déficit de positionnement : « Al Massar » n'a jamais cherché ou tout simplement voulu s'afficher individuellement en tant que parti, qui pourtant s'appuie sur un héritage politique et un patrimoine militant, mais a œuvré à faire systématiquement partie d'une alliance, dilapidant à l'occasion, en partie ou en totalité, tout son capital et sa marge de manœuvre. A certains égards, le parti, tel que perçu, a constitué une chape de plomb et a pénalisé ses têtes de liste et non l'inverse. Vu de cet angle, l'échec était annoncé. Troisièmement, un déficit de communication : « Al Massar », héritier naturel du parti « Ettajdid », lui-même en prolongement du parti communiste tunisien, n'a pas su ou voulu ou pu marquer son périmètre idéologique. « Al Massar », dont la dimension sociale a été depuis longtemps établie, a sombré dans une confusion idéologique. A gauche ou au centre ? La ligne de démarcation n'est plus claire. Le message a été brouillé. En outre, « Al Massar » n'a pas compris que son électorat est à gauche et que toute posture qui s'en écarte sera réprimée au scrutin. Quatrièmement, un déficit de poids : Un handicap insoutenable dans ce type de scrutin. Pour le camp démocratique, et même au sein de sa propre base de sympathisants, Il fallait bloquer Ennahdha, mais « Al Massar » n'en a ni le poids ni la force ni l'électorat. Le report des voix vers Nida Tounes, parti que les sondages d'opinions l'accréditent de scores notables, est dans l'ordre naturel des choses. Le vote utile a décimé « Al Massar ». A cette enseigne, il n'a pas été le seul loti, d'autres partis ont subi le même retour de manivelle et la même érosion. Après cette cuisante défaite, que va devenir « Al Massar » ?! Privé désormais de la tribune politique et médiatique qu'a constituée jusqu'ici l'hémicycle ANC, « Al Massar » doit d'abord analyser les causes de son échec et les résultats du scrutin et de procéder à son autocritique d'une manière objective et sans concession. Au terme de cet exercice, auquel il est urgent d'associer la base, « Al Massar » serait en mesure de décider de la marche à suivre. La question qui se pose : Après ce naufrage électoral, est-ce que « Al Massar » compterait-il continuer en tant que parti en tentant de se reconstruire et de remonter la pente ou irait-il rejoindre les rangs du Front Populaire, famille politique la plus proche ?! Dans ce cas de figure si jamais l'option était retenue, « Al Massar » ravalerait-il sa fierté et accepterait-il de se fondre dans un front auquel fait déjà parti « El Qotb » ?! Auquel cas , les vieux et non moins douloureux contentieux ne risqueraient-ils pas de refaire surface et d'envenimer encore la situation.