La sortie de crise politique au Yémen semble difficile si l'on en croit les réactions divergentes des opposants au régime du président Ali Abdullah Saleh, après l'annonce d'accords entre l'opposition parlementaire et le parti présidentiel dont la signature est prévue le 2 mai 2011 à Riyadh. L'Arabie saoudite, très influente au Yémen, a invité le front commun (coalition des partis de l'opposition parlementaire) et le parti présidentiel yéménite à venir signer des accords de sortie de crise le 2 mai 2011 à Riyadh. L'initiative est venue du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ces accords proposent, sous sept jours, de constituer un gouvernement de réconciliation nationale d'opposition, suivi 30 jours plus tard, du départ du président Ali Abdallah Saleh avec une garantie d'immunité, puis l'organisation d'une élection présidentielle dans les soixante jours. L'opposition parlementaire accepte, les manifestants veulent juger Saleh Si le front commun s'est dit prêt à signer cet accord, (sous certaines réserves qui ont été acceptées par l'Arabie Saoudite : Saleh ne formera pas le gouvernement et les sit-in ne seront pas interdits), les manifestants, comme ceux de la coordination des mouvements de jeunes, organisatrice des manifestations de la place de l'Université de Sanaa, y sont totalement opposés. Le porte-parole des protestataires de Sanaa, Hachem Al Soufi a déclaré « refuser totalement ce plan, et que non seulement le président Ali Abdallah Saleh parte, mais qu'il soit jugé ». Une manifestation de dizaines de milliers de personnes qui protestaient contre ce “plan du Golfe” a été réprimée le 26 avril à Sanaa, la capitale du Yémen. Douze protestataires y ont été tués. Les provinces du sud ont suivi le mouvement de contestation, alors que le président Saleh déclarait que « l'ère des coups d'Etat était révolue et qu'une transition du pouvoir passait exclusivement par les urnes ». Le plan saoudien : trop conforme aux souhaits d'Ali Abdallah Saleh ? La divergence est donc importante, entre la classe politique opposée au régime, mais prête à accepter un compromis avec Ali Abdallah Saleh, et les « forces de la rue ». Ces manifestants de la première heure comptent désormais plus de cent trente morts dans leurs rangs et réclament la démission immédiate suivie d'un jugement, de Saleh. Il est vrai que la proposition saoudienne ressemble à s'y méprendre à celle du président Saleh qui avait récemment refusé un exil offert par l'émir du Qatar mais demandé une « transition organisée, doublée d'une immunité pour lui-même et sa famille ».