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Tunisie : Renoncement de Khalil Ghariani et suppression du Ministère de la Fonction Publique et de la Gouvernance ou comment traiter le mal par le mal !
La désignation de l'homme de l'UTICA, Khalil Ghariani, en lieu et place de l'homme de sérail de l'UGTT, Abid Briki, à la tête du Ministère de la Fonction Publique et de la Gouvernance, qui continue de faire couler beaucoup d'encre et de donner un sang d'encre dans la classe politique, a ajouté une couche de crispation à une situation politique déjà en crise. Etant entendu que la décision de Youssef Chahed, chef du gouvernement, est chargée de symbolique et de provocation. Un message brouillé. Une bombe à retardement que le choix, autant rationnel que courageux, de Khalil Ghariani de décliner l'offre ministérielle a vite désamorcée. Et par la même occasion, il a sauvé la face de Youssef Chahed et lui a offert, sur un plateau, l'opportunité de rectifier le tir et de faire amende honorable. Avant d'officialiser son refus, Khalil Ghariani a fait l'objet d'une campagne d'invectives non sur sa compétence mais sur profil. Il en a été vraisemblablement dégouté, d'où sa position de rejet. Comme quoi l'UTICA peut être présente partout, au dialogue national, au Pacte de Carthage, ou à toute autre forme de débat et de négociation mais pas au gouvernement. Une ligne rouge ?! Toujours est-il que remplacer un ministre qui a fait ses preuves et qui a défendu farouchement la politique du gouvernement, qui plus est de fibre syndicale, en l'occurrence Abid Briki, par un membre du bureau exécutif de la centrale patronale, jusqu'ici anonyme, est au mieux une maladresse, au pire un non-sens. En demandant à le dispenser d'honorer le poste proposé, pour "éviter les tensions, préserver les équilibres socio-économiques dans le pays et sauvegarder les profondes et anciennes relations entre l'UGTT et l'UTICA", Khalil Ghariani a agi en homme lucide, qui a fait prévaloir l'intérêt national sur sa carrière politique. Ce qui lui a valu une montagne de témoignages de reconnaissance, de sympathie et d'admiration. Une véritable leçon et un cinglant camouflet pour les hommes politiques tunisiens, du moins une grande partie, toujours en course de leadership, en guerre d'egos et en quête de quelque portefeuille ministériel. Il a fait preuve de hauteur et de lucidité. Au-dessus de la mêlée. En réaction, comble de l'improvisation, Youssef Chahed, croyant trouver une idée originale, a tout bonnement supprimé le ministère de la Fonction Publique et de la Gouvernance et rattaché ses services à la présidence du gouvernement, adressant là aussi un mauvais message et corrigeant l'erreur par l'erreur. Comme celui, qui souffre de fièvre, au lieu de s'en soigner, s'empresse de casser le thermomètre. Cette décision sera examinée et éventuellement validée au conseil des ministres, en vertu de l'article 92 de la Constitution. Si ce ministère est à ce point inutile et dont l'existence dépend de l'humeur du moment du chef du gouvernement, pourquoi l'avoir établi ?! Et que ce dernier cesse de nous rabattre les oreilles avec son discours sur le prestige de l'Etat et de marteler à longueur de journée qu'il est à cheval sur ce principe régalien, lui qui vient d'en saper le contenu avec sa décision de rayer, d'un trait et sans en consulter aucune partie, ledit ministère de la carte gouvernementale. Il s'agit là d'un grave et non moins grotesque précédent. L'inexpérience de Youssef Chahed, argument avancé ci et là pour conférer un sens objectif à sa décision, n'explique pas tout. Le bon sens n'attend pas le nombre des années. C'est avant tout une question de clairvoyance et de discernement. Et malheureusement, sur ce coup, il n'en a pas fait montre. Si on s'amuse à supprimer un ministère chaque fois qu'il y a renoncement, où va le pays ? On ne gouverne pas avec ses sauts d'humeur et ses états d'âme. Auquel cas, la balle qu'on croit tirer sur l'adversité se fiche directement dans le pied. Gouverner c'est prévoir, dit le vieil adage.