L'ancien ministre des Finances Houcine Dimassi s'est insurgé contre l'émergence d'un nouveau phénomène dans le pays caractérisé par l'augmentation du nombre des Tunisiens qui quittent chaque année le pays à la recherche de nouveaux horizons à l'étranger. Selon lui, entre 2011 et 2016 période couvrant ce qu'il appelle l"Intifada", la moyenne annuelle de départ des tunisiens à l'étranger a atteint 105.000 contre 55.000 annuellement entre 2005 et 2010 soit quasiment le double. Pour lui, le problème ne réside pas tant dans le départ de Tunisiens vers l'étranger à la recherche de meilleures conditions de vie et qui ont des impacts sur l'économie du pays, mais dans la baisse constance de leurs revenus. Cette diminution des revenus des Tunisiens résidents à l'étranger a des impacts importants sur l'équilibre économique car ils permettent grâce aux transferts en devise de diminuer le déficit de la balance commerciale avec l'extérieur. Actuellement le volume des transferts des Tunisiens à l'étranger atteint annuellement 1,7 milliards d'euros soit 3,7 milliards de dinars, des fonds non négligeables pour booster l'économie du pays, affirmé Houcine Dimassi dans une déclaration vendredi 07 avril 2017 à radio Jawhara Fm. Etayant ses arguments, Dimassi qui est aussi un expert en économie, a annoncé qu'en 2016 ces revenus transférés ont connu une forte diminution de l'ordre de 150 millions d'euros soit 320 millions de dinars. A cela il faut ajouter la baisse du taux de change du dinars par rapport à l'euro et au dollar, a-t-il précisé. Pour Houcine Dimassi, le manque d'intérêt des autorités pour préserver cette mine d'or que constitue les transferts des Tunisiens de l'étranger, est une erreur grave. Il a expliqué que ces transferts apportent davantage en plus-value notamment en rentrée de devise que le secteur touristique actuellement considéré comme un domaine stratégique pour l'économie. Dimassi s'est demandé pourquoi le gouvernement n'oeuvre pas à promouvoir ces transferts au regard de leur importance. L'expert économique a affirmé que les Tunisiens à l'étranger ont commencé à envoyer moins d'argent se contentant de de transférer des subsides à leurs familles et non plus des fonds pour investir dans le pays à travers des petits projets. Selon lui, cette orientation s'explique par le climat sécuritaire, social et surtout politique qui prévaut dans le pays. En effet Dimassi , a estimé que le climat ambiant dans le pays n'encourage pas à avoir confiance dans l'avenir d'où les réticences des Tunisiens à transférer des fonds. L'élite immigre Houcine Dimassi a affirmé que la plupart de ceux qui quittent le pays pour immigrer à l'étranger représente la crème de l'élite du pays . Il s'agit de diplômés du supérieur qui partent à la recherche de meilleurs conditions de travail et à de salaires conséquents. On retrouve parmi eux certains qui ont déjà fait leurs premiers pas dans le pays et se sont dotés d'expérience et optent pour l'étranger à la recherche de meilleures opportunités car ils peuvent plus s'accommoder de la situation dans le pays. Houcine Dimassi a soulevé aussi un nouveau phénomène relatif au départ de plus en plus de bacheliers vers les pays occidentaux pour poursuivre leurs études. Une fois surplace, lorsqu'on décèle leurs compétences et aptitudes, les décideurs occidentaux leur font des offres attrayantes en les parrainant. Ils leur promettent une bonne, carrière une situation alléchante et des salaires conséquents ce qui représente une perte pour le pays et la société tout entière, a souligné Houcine Dimassi. Un système éducatif désuet L'ancien ministre des Finances a affirmé que cette hémorragie s'explique par le système désuet de l'éducation dans le pays qui forme une élite qui fuit en raison de l'inadéquation entre la formation et les offres d'emplois. Il s'est insurgé contre la contradiction entretenue consistant à opposer les niveaux et cycles de l'enseignement en créant deux ministères celui de l'Education couvrant le primaire et le secondaire et Enseignement supérieur regroupant les universités. Selon lui , il s'agit un système interdépendant et non pas cloisonné s'insurgent contre la persistance de cet entêtement à vouloir séparer le système éducatif au grand bonheur des responsables qui se rejettent la responsabilité des échecs constatés. Houcine Dimassi a critiqué la lenteur de la réforme de l'éducation dans le pays , affirmant que ce sujet à été sans cesse retardé pour des raisons non élucidées ni justifiées. Il a mis en garde contre une réforme de l'éducation précipitée, affirmant que ce sujet n'est pas l'apanage d'un ministre ni d'un parti politique ou d'un gouvernement mais c'est l'affaire de toute la société et le pays qui doivent prendre à bras-le corps cette question pour la faire aboutir dans les bons termes.