Le chef du gouvernement d'union nationale est sur le point d'effectuer un déplacement à très haut risque à Tataouine. Son tort aura été de trop hésiter avant d'y aller, et d'y avoir envoyé des émissaires qui lui ont (sciemment) miné le terrain, de façon irrémédiable et définitive. Maintenant que le mal est fait, et que les « hostilités » ont commencé, comment va-t-il s'y prendre ? Certainement pas avec des promesses bidon. Les gens à Tataouine se méfient, désormais de tout et de tous. Ils exigent du palpable, de concret et de l'immédiat ! Que va-t-il, bien pouvoir, alors, leur offrir ? Il a bien, affirmé qu'il n'y part pas les mains vides, et qu'il emporte dans sa poche des réponses concrètes aux protestataires. Mais, en face, les revendications sont, on ne peut plus, claires. Ils revendiquent (juste) trois choses : 20% des revenus du pétrole qui doivent être retenus dans la région et exploités parles autorités régionales qu'ils vont désigner pour. Recrutement d'un individu de chaque famille de la région dans les compagnies pétrolières. Et, le transfert des sièges de toutes les compagnies installées au désert, de Tunis vers Tataouine. Rien que çà ! Et sinon, la région risquerait de se transformer en vraie poudrière, au grand bonheur de quelques uns qui ne demandent que çà, et qui attendent tapis dans le noir, de l'autre côté des frontières libyennes, notamment, pour mettre en œuvre le scénario dont avait averti un certain conseiller de Donald Trump. Donc, comment Youssef Chahed va-t-il pouvoir se comporter vis-à-vis de çà ? Il faut dire qu'il n'a pas, trop, le choix. Il a trois scénarios à prévoir et à choisir entre eux : Première option : Y aller et affronter les protestataires et leur dire qu'il ne peut pas plier à leurs revendications. A ce moment là, il risque d'entrer dans un blocage politique avec eux, avec un sérieux risque d'escalade. Et Youssef Chahed va, très logiquement, dans cette situation, jouer gros, et risque de sauter. Deuxième option : Il n'y va pas. Et là, on rejoint le même scénario de la première option avec pour première conséquence... Youssef Chahed qui risque, là aussi, de sauter. Troisième option : Il y va, rejoint les protestataires en plein désert, et leur annonce qu'il consent d'honorer toutes leurs revendication. Dans cette situation, c'est l'Etat tout entier qui va sauter. Car, contents de leur exploit, les jeunes de Tataouine, enivrés par leur victoire, ne vont, certainement, pas s'arrêter en si bon chemin, surtout, face à un gouvernement faible et incapable. Ils vont continuer sur leur lancée, et, pourquoi pas, proclamer leur autonomie voire, même, une éventuelle union avec l'ouest libyen, peuplé par les milices qui ne font que pousser vers ce scénario, et qui promettent monts et merveilles aux jeunes, obnubilés par leur victoire et inconscients de ce qui se mijote autour d'eux. Et ce ne serait que le début de la fin, car les habitants des autres régions vont se dire que rien ne les empêche de faire comme les braves de Tataouine, et d'y aller de leur propre chanson. Et çà sera à qui revendiquera l'eau de ses oueds et barrages, et à qui revendiquera le phosphate de ses mines, et ainsi de suite. La situation est, décidément, très grave, et ne souffrirait d'autres dérapages. Il est temps que Béji Caïed Essebsi décide d'agir et de marquer de son nom, l'histoire de la Nation. Vive la Tunisie... Vive la révolution !