En cette période de remaniement ministériel imminent, les ministres de l'équipe actuelle se rabattent, chacun sur son parti ou ceux qui l'avaient appuyé il y a un an, voire encore, ceux à qui il n'a cessé de rendre de fiers services au cours de la dernière année, histoire de retrouver un peu de réconfort auprès d'eux, voire un coup de pouce ou un tour de pression, à exercer sur Youssef Chahed, dans l'espoir d'être maintenus. A ce jeu, ceux qui sont issus de partis plus ou moins « écoutés », dans les hautes sphères, sont les mieux nantis. Mais il y a, aussi, ceux dont les partis n'ont aucun poids à faire valoir dans des moments pareils, mais qui ont eu l'intelligence de se rapprocher d'un parti influent, et de lui prêter allégeance, dans l'espoir de se faire appuyer par lui. Et ce parti, soi-disant influent, n'y voit pas d'inconvénient puisque ce ministre « adoptif » pourrait lui constituer un pion supplémentaire sur l'échiquier du gouvernement, puisqu'en théorie, il n'en fait pas partie. Et dans cette course folle aux appuis, il y en a qui n'ont pas d'appui, et qui ne pourraient compter que sur leur bilan durant l'année écoulée. Et à ce chapitre, il y en a un qui nous semble indétrônable, puisqu'il est, quasiment, le seul à avoir présenté une feuille de notes avec un « A », à savoir le secrétaire d'Etat des domaines de l'Etat, Mabrouk Korchide. Cet avocat de formation a, dès le départ, compris qu'il ne pouvait compter que sur lui-même. Il n'avait pas de parti derrière lui. Et il était en charge d'un dossier des plus brûlants, avec lequel il ne pouvait se faire que des ennemis. Il a, donc, pris le parti de travailler pour le compte de la Patrie, et de faire son travail avec la charge de patriotisme qu'il avait, et qui lui dictait ce qu'il devait faire et quelle décision il devait prendre, souvent envers et contre tous. Sans faire trop de bruit, sans se faire accompagner d'une armada de photographes et de cameramen pour exhiber ses « exploits », comme le faisaient tous les autres, sans payer des dizaines d'admins de pages facebook pour vanter ses qualités, il a accompli son travail de fourmi, arrachant un lopin de terre par là, un immeuble par ci, une propriété ailleurs, redistribuant les richesses du pays à qui de droit, pour, au final, présenter un bilan plus qu'honorable de son année d'exercice. Dépassant, parfois, ses prérogatives, il a mis la main à la pâte, dans la plupart des dossiers brûlants, et aidé à résoudre beaucoup de situations, faisant prévaloir sa bonhomie et sa façon calme et limpide de gérer les litiges. En voilà un sur lequel Chahed devrait pouvoir compter dans sa prochaine équipe, sachant qu'il n'a pas de parti derrière lui, ni de région, d'ailleurs, puisqu'il s'était mis les siens sur le dos, dans plusieurs affaires. Il n'est pas aussi technocrate que le voudraient certains... Mais il possède, néanmoins, un atout de taille : Il a du patriotisme à revendre. Et c'est ce qui manque cruellement à notre classe politique de nos jours.