La réunion des signataires du document de Carthage, aura débouché sur des conclusions claires comme l'eau de roche. Le constat du désastre a été unanime et même les plus fervents défenseurs du gouvernement, n'ont pu que plier devant le tableau accablant qui se présentait à eux. Il faut reconnaître qu'en assurant, il y a quelques jours, que tous les résultats du gouvernement sont négatifs, Noureddine Tabboubi n'effleurait que très superficiellement la réalité. En effet, avec des réserves en devises en dessous de 77 jours, un pouvoir d'achat au plus bas, un dinar qui ne pèse plus rien devant les devises de référence, des caisses sociales en faillite totale, un gouvernement qui emprunte auprès des banques locales pour pouvoir payer les salaires, une balance commerciale complètement déficitaire, les principaux sites de production minière et de pétrole à l'arrêt, un climat social extrêmement tendu, un climat politique désastreux et un pays cité sur toutes les listes noires du monde, il faut reconnaître qu'on peut, difficilement, faire mieux. Il faut aussi admettre que sur ce chapitre, le gouvernement ne trouvera pas très facilement un bouc émissaire pour lui faire endosser la responsabilité de cet état, vu que sa responsabilité est évidente voire même aveuglante. Paradoxalement, ce ne sont ni les terroristes de l'AQMI, ni ceux de Daech qui sont responsables cette fois-ci de la lugubre situation du pays, mais bien le gouvernement. Un gouvernement d'incompétents, à quelques exceptions près. Mais les exceptions, on a consenti à les écarter pour se soumettre au joug et aux diktats de l'UGTT. Donc, devant une telle situation, même ceux qui auraient bien voulu maintenir Chahed à la barre, n'ont pas pu faire grand-chose. Ils ont fini par consentir que la situation exigeait un changement. Mais la bonne chose, c'est qu'à Carthage, on se soit donné le temps de bien préparer la relève. Et pour assurer une bonne alternative capable de faire face aux défis actuels, il faudrait identifier ces défis et arrêter la liste des priorités des mois à venir. C'est après, qu'ils pourront choisir la personne et l'équipe qui pourraient avoir les compétences requises afin de redresser la barre. C'est dans cet objectif qu'il a été décidé de mettre en place une commission comportant des représentants de toutes les parties signataires du document de Carthage afin d'évaluer le travail du présent gouvernement et d'identifier les priorités pour le prochain. Cette commission aura sept jours pour rendre sa copie. Ce qui laisse supposer que le 20 mars prochain, le président annoncera la décision du changement tant attendu. A ce sujet, il parait difficile de contourner la proposition, très à point, du patron de l'UTICA, Samir Majoul, qui plaidait depuis le début, pour un gouvernement de compétences, totalement désengagé sur le plan politique et non concerné par les prochaines échéances électorales. A cette proposition, il faudrait, peut-être, ajouter qu'il serait judicieux de recourir aux compétences qui ont déjà fait leurs preuves par le passé et ne plus perdre son temps à donner leur chance à des personnalités partisanes, qui finiront par s'avérer aussi nulles que celles qui se sont succédé à la tête des ministères, le long des sept dernières années.