Les portes des établissements du secondaire restent fermées ce vendredi pour la quatrième journée consécutive, en raison du mouvement des enseignants qui ont suspendu les cours à l'appel de la fédération de l'enseignement secondaire, afin d'amener le ministère et le gouvernement à abdiquer devant leur volonté. Ainsi, les élèves sont obligés de rester cloîtrés chez pour certains ou d'errer dans la rue pour d'autres, au lieu d'être en classe entrain d'apprendre pour parachever une année scolaire chaotique. Cette situation déplorable, au grand dam des parents, meurtris de voir l'avenir de leurs enfants hypothéqué et surtout les efforts d'une année scolaire partir en fumée, en raison d'un risque élevé d'une année blanche, en dépit des assurances des uns et des autres. Le bras de fer engagé entre le ministère de l'Education et le gouvernement d'une part et la fédération de l'enseignant secondaire et l'UGTT d'autre part, ne mène que vers l'impasse et conduit directement vers une année blanche qui ne dit pas son nom. Seul espoir qui reste, l'implication du président Béji Caïed Essebsi dans le dossier scolaire afin de faire bouger les choses. Sollicité par l'UGTT afin de trouver une issue, il est probable que le président donne des instructions au gouvernement pour une solution. Une réunion durant ce week-end sera décisive pour trouver une issue à cette crise du secondaire qui s'éternise. Entêtement de la fédération des enseignants Il faut reconnaître que c'est l'entêtement de la fédération des enseignants qui veut coûte que coûte imposer sa volonté qui a mené dans cette impasse. La fédération accuse le ministère de poser des conditions alors qu'en réalité le ministère et le gouvernement ne font que tenter de ramener les choses à la normalité. Exiger que les notes soient restituées avant toute reprise de dialogue et de négociations est une décision sage et tout a fait légitime. Rien ne permet aux professeurs de retenir les notes prenant ainsi en otage les élèves et les parents. Il existe diverses autres formes de combats et de procédés de pression légitimes auxquelles les professeurs peuvent recourir sans porter préjudice aux élèves. La remise des notes n'incarne pas seulement des chiffres mais, il s'agit d'un moyen d'évaluation qui s'inscrit au cœur du processus pédagogique. Ce qui dénote de la mauvaise volonté des enseignants c'est la tendance à l'escalade. Non contents d'avoir retenu les notes et bloqué ainsi le processus éducatif, les professeurs ont décidé de suspendre les cours pour une durée indéterminée. Une manière de vouloir contraindre, par la force, le ministère et le gouvernement à satisfaire leurs revendications essentiellement d'ordre matériels. Revendiquer des avantages matériels n'est pas en soi un comportement à blâmer mais c'est la manière de le faire qui est discutable. Retenir les notes et suspendre indéfiniment les cours ne constituent ne sont pas des choix judicieux, notamment la veille de la clôture de l'année scolaire. Soutien politique de l'UGTT Ne voyant ni le ministère de l'Education ni le gouvernement abdiquer devant les pressions des professeurs, la fédération des enseignants du secondaire a recouru à l'UGTT qui s'est chargée de mener une offensive politique pour l'aider à réaliser ses revendications. Ainsi, le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi est monté au créneau, accusant les médias et le gouvernement de "diaboliser les enseignants" avant de contacter le chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui est resté sur sa position, soutenant le ministre de l'Education et refusant tout dialogue avant la restitution des notes. Taboubi s'est tourné vers l'ARP et s'est réuni avec Mohamed Ennaceur et les présidents des blocs parlementaires afin de les pousser à faire pression sur Youssef Chahed dans le but de la reprise du dialogue sans pour autant la restitution des notes. Dans ce cadre, le président de l'ARP doit rencontrer Youssef Chahed pour l'inciter à favoriser une reprise du dialogue entre le ministère et la fédération des enseignants du secondaire. Une manière de permettre une sortie d'honneur au syndicat des professeurs qui semble être embourbé dans sa décision irréfléchie de suspendre de manière illimitée les cours. Un mouvement qui s'essouffle Ainsi, le souci majeur actuel de la fédération de l'enseignement secondaire est de trouver une manière de reprendre le dialogue sans avoir à restituer les notes auparavant, ce qui lui donnerait une apparence de victoire et sauverait sa face vis à vis de ses adhérents harangués par les joutes guerrières de leur secrétaire général, Lassaâd Yacoubi. Les rassemblements prévus ce vendredi devant les délégations régionales de l'enseignement est un signe de fléchissement du mouvement des professeurs et dénote des prémices d'un échec de la décision de suspension des cours. Même si, comme le dit la fédération, ce mouvement est suivi par plus de 98% des enseignants dans les régions du pays, il n'en demeure pas moins que c'est une mesure impopulaire qui risque d'entamer le peu de crédibilité des professeurs aux yeux des parents d'élèves. Mobilisation des parents d'élèves En effet, les parents sont très remontés contre le sort réservé à leur progéniture ainsi qu'à l'irrespect à l'égard de leurs efforts inlassables pour assurer l'éducation de leurs enfants le long de l'année scolaire et bien au-delà. La création d'une page Facebook "Voix des parents mécontents" qui a recueilli plus de 40.000 adhérents, dénote de la volonté de fédérer la voix des parents d'élèves qui veulent se faire entendre et n'acceptent pas que leurs enfants soient pris en otage dans un conflit qui les dépasse. Un appel à des manifestations des parents d'élèves mécontents a été lancé pour ce samedi par la Voix des parents mécontents dans différentes régions du pays afin d'exprimer le ras-le-bol des familles et leur attachement à garantir le droit de leurs enfants à l'éducation.