Des journalistes tunisiens conviés dimanche à une conférence de presse de députés européens en visite à Tunis n'ont parfois pas été tendres, en dénonçant les "atermoiements" de l'Europe, voire son "silence" sur le régime Ben Ali. "L'Union européenne a toujours soutenu le régime. Toutes les chancelleries savaient, et vous n'avez pas réagi", a lancé, sans colère mais avec fermeté, un journaliste à la délégation des douze parlementaires. Tout en rappelant que le parlement européen "représente les citoyens européens", José Ignacio Salafranca, qui conduit la délégation, a répondu en rappelant les résolutions passées par cette assemblée concernant les droits de l'Homme en Tunisie. Il a toutefois ajouté qu'une "auto-critique" était nécessaire. Un autre journaliste a directement dénoncé la "position mitigée de la France" dans les derniers temps du régime Ben Ali et son ralliement jugé tardif à la transition démocratique en cours. Membre de la délégation, l'eurodéputée française Marielle de Sarnez (alliance démocrates et libéraux) a à cet égard jugé que "l'image de la France" avait été "très dégradée" au cours des dernières semaines. Evoquant la position des autorités françaises, sans à aucun moment citer le nom de la ministre des affaires étrangères Michèle Allio-Marie, appelée à la démission par l'opposition pour avoir utilisé en pleine révolte tunisienne le jet d'un grand patron en relation d'affaires avec le clan Ben Ali, elle a parlé de "faute lourde de crédibilité" et d'une "relation gâchée" avec la Tunisie.