Des milliers de manifestants à Istanbul contre l'arrestation d'Imamoglu La tension monte en Turquie. Des milliers de personnes ont convergé samedi vers la place Maltepe, sur la rive asiatique d'Istanbul, pour protester contre l'arrestation du maire de la ville, Ekrem Imamoglu, figure montante de l'opposition au président Recep Tayyip Erdogan. Le rassemblement, baptisé « Meeting pour la liberté d'Imamoglu », a été organisé par le Parti républicain du peuple (CHP), principale force d'opposition en Turquie. Un rassemblement massif malgré les mises en garde Les manifestants, drapeaux turcs et pancartes à la main, se sont mobilisés en masse sur cette place en bord de mer, marquant l'un des plus importants rassemblements politiques récents. Le CHP entend ainsi dénoncer ce qu'il qualifie de « campagne de répression contre la dissidence », suite à la détention d'Imamoglu pour des accusations de corruption et de soutien au terrorisme. Âgé de 53 ans, Ekrem Imamoglu a été placé en détention préventive le 19 mars dernier. Il est incarcéré dans la prison de Marmara, à Silivri, dans la banlieue d'Istanbul. De nombreux partis d'opposition voient en lui un potentiel rival sérieux pour Erdogan lors de futures échéances électorales, ce qui alimente les accusations de manipulation politique. Une vague de contestation dans tout le pays L'arrestation de l'édile a déclenché une vague de manifestations inédites depuis plus d'une décennie. Chaque soir, des milliers de citoyens turcs sont descendus dans les rues, dans plusieurs villes du pays, pour exprimer leur colère. Les protestations ont parfois dégénéré : plus de 2 000 personnes ont été arrêtées, et 260 manifestants ont été placés en détention provisoire. Des heurts avec la police et des incidents signalés à proximité de sites religieux ont aussi été rapportés. Le CHP a annoncé vouloir poursuivre la mobilisation avec d'autres grandes manifestations dans les principales villes turques dans les jours à venir. Il avait, auparavant, suspendu ses sit-in devant la mairie d'Istanbul pour réorganiser la contestation à l'échelle nationale. Erdogan reste ferme et menace de nouvelles poursuites Le président Recep Tayyip Erdogan, de son côté, a fermement condamné ces manifestations. Il les a qualifiées d'« opérations de mise en scène » et a averti les manifestants des conséquences juridiques qu'ils pourraient encourir. Le chef de l'Etat a également évoqué la possibilité d'ouvrir de nouvelles enquêtes pour corruption visant le CHP, dénonçant un « terrorisme de rue » qu'il dit ne pas tolérer. Le gouvernement, quant à lui, nie toute influence sur le système judiciaire, assurant que les tribunaux agissent de manière indépendante. Une affaire qui divise profondément la Turquie L'arrestation d'Ekrem Imamoglu intervient dans un contexte politique tendu, à un an de l'élection présidentielle. Pour l'opposition et certains observateurs internationaux, cette affaire illustre une dérive autoritaire du pouvoir. Pour les partisans du gouvernement, elle ne serait que l'application rigoureuse de la loi. En attendant, la contestation continue de gagner du terrain, et la Turquie semble s'engager dans une nouvelle phase de polarisation politique intense, alors que les regards restent tournés vers la prison de Silivri et le sort de celui que beaucoup considèrent déjà comme le principal challenger d'Erdogan. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!