TUNIS, (TAP)- "La transition démocratique et les défis socio-économiques: expériences internationales, succès et les enseignements tirés" a été au centre de la première table ronde de l'atelier international organisé, vendredi après-midi, aux Berges du Lac, à l'initiative du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), sur la transition démocratique à la lumière de l'expérience sud-américaine. Une délégation de haut niveau d'Amérique latine,composée de personnalités ayant participé et conduit des processus de transition démocratique dans leurs pays d'origine, a présenté, dans le cadre de cette table ronde, ses témoignages sur cette période. La délégation a passé en revue les principales problématiques auxquelles se sont confrontées leurs sociétés durant la période post-révolutionnaire ainsi que les voies appropriées pour sortir des crises inhérentes aux processus de transition démocratique. Dans son intervention, M. Mohamed Ennaceur, ministre des Affaires sociales, a souligné l'impératif à ce que la transition démocratique en Tunisie prenne en considération la révision du modèle de développement inefficace adopté par la Tunisie avant la révolution. Un modèle rejeté par les Tunisiens qui n'a engendré que troubles et manifestations. Il a affirmé qu'en dépit de la poursuite des mouvements de protestation sur fond de non satisfaction immédiate de certaines revendications sociales et économiques, que le gouvernement de transition s'emploie à leur identifier des solutions efficaces, les élites politiques persistent à adopter un discours politique qui ne répond pas aux attentes et à la réalité du vécu du peuple tunisien. M. Ennaceur a indiqué "qu'il existe une seule et unique vérité à ne pas omettre, c'est que les élections de l'assemblée nationale auront lieu tôt ou tard, et que 70% des jeunes chômeurs, qui ont fait la révolution, sont âgés de moins de 30 ans". Une réalité a-t-il ajouté qui commande d'instaurer un dialogue national sur la polarisation de l'investissement, auquel devront participer l'ensemble des composantes de la société et des partis politiques, dans le but d'assurer un développement intégral et équilibré. Une position également défendue par M. Abderrazak Zouari qui a mis l'accent, dans son intervention, sur la nécessité d'identifier des solutions aux problèmes accumulés durant les cinq dernières décennies. L'un des principaux problèmes, a-t-il indiqué étant le déséquilibre existant entre les régions et les catégories, faisant part de son regret que cette question ne soit pas à l'ordre du jour des différents partis politiques. Il a affirmé à ce sujet que certains de ces partis vont même jusqu'à s'opposer à l'annonce de certains projets de développement, dans la mesure où ils souhaitent les exploiter pour leurs propres campagnes électoraux. M. Zouari a fait remarquer que la révolution tunisienne a confirmé que la démocratie et la liberté sont un droit partagé entre tous et que sa réussite demeure tributaire de la réalisation du bien-être économique et social, indiquant que tout échec dans la concrétisation dans cet objectif ne fera que baliser la voie devant l'émergence d'une nouvelle dictature. Les observateurs et les analystes ont été unanimes à considérer que toute étape transitoire est unique en son genre et qu'elle dépend des spécificités de chaque société. Ils ont indiqué, à ce propos, que plusieurs questions se ressemblent lors des périodes de transition, en l'occurrence, la gestion de rythme du changement ou la promotion de la participation politique des citoyens et le choix des modèles économiques capables d'encourager l'emploi et de lutter contre les disparités sociales. L'enjeu majeur de l'expérience chilienne qui a renversé le régime dictatorial de Pinochet, précise le directeur régional du PNUD pour l'Amérique Latine et les Caraïbes, Heraldo Mûnoz, était de maintenir le modèle économique instauré par ce régime, tout en apportant des ajustements structurels initiés par les hommes d'affaires, à travers l'accélération de la croissance économique et la réduction du taux de pauvreté. S'agissant de l'expérience mexicaine, l'accent a été mis sur la prévalence des considérations politiques et de l'impératif d'adopter une démarche progressive pour l'introduction d'une réforme politique, ce qui a permis de mettre fin au régime du parti unique au pouvoir, qui a marqué la scène politique mexicaine durant 70 ans.