TUNIS (TAP) - Le ministère du développement régional met, actuellement, les dernières touches à son «Livre blanc», un programme-vision qui rompt avec la politique d'assistance qu'on confondait avec développement régional. Une conférence de presse est prévue la semaine prochaine pour présenter ce document aux médias et divers autres intervenants. Le livre blanc est le fruit d'un travail d'équipe qui a regroupé experts et représentants de la société civile dans chaque région. "Les plans et stratégies de développement ne peuvent être mieux élaborés que par les régions" a affirmé en substance, M. Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional. Le ministre qui était l'invité, mercredi, de l'agence TAP, a précisé que cet ouvrage est destiné au prochain gouvernement. Absence d'indicateurs régionaux "Le livre blanc", appellation qui a suscité plusieurs interrogations, se définit comme étant "un recueil d'informations destinées à un public donné pour l'amener à prendre une décision sur un sujet déterminé. Son usage dans le domaine politique a évolué depuis son apparition depuis 1920". "La découverte du lourd héritage légué par l'ancien régime a été pour moi un choc", a révélé M. Zouari qui parlait de son premier contact avec le ministère et de ses visites dans certaines régions intérieures qui lui ont permis de découvrir une autre facette de la Tunisie complètement opposée à celle montrée par l'ancien régime, une Tunisie qui compte encore des régions entièrement enclavées ne disposant pas des commodités de vie les plus élémentaires. "Cette situation est inconcevable après 50 ans d'indépendance", a affirmé M. Zouari mettant l'accent sur l'impératif d'assurer à tous les citoyens l'accès à un minimum de services publics". Parmi les obstacles majeurs rencontrés lors de la collecte d'informations sur les régions, le ministre évoque l'absence d'indicateurs régionaux reflétant la réalité des divers secteurs. Les statistiques disponibles s'intéressent, uniquement aux moyennes nationales. Il a, à cet égard, souligné l'impératif de procéder à une réforme profonde de l'Institut national des statistiques. Augmenter la vitesse de convergence entre les régions Le livre blanc propose une stratégie de développement régional dont l'objectif est d'augmenter la vitesse de convergence entre les régions. Il repose sur quatre axes essentiels à savoir la cohésion, l'efficacité, la compétitivité et la démocratie locale. Au chapitre "cohésion", le document suggère un plan marshal pour mettre à niveau les régions et créer une homogénéité au niveau du territoire en matière d'infrastructure de base. Le découpage territorial en Tunisie n'a jamais servi les intérêts des régions et a toujours été effectué en fonction de considérations politiques (Bourguiba) ou sécuritaires sous le régime de Ben Ali, donnant lieu à un nombre exagéré de gouvernorats non viables économiquement. La solution envisagée, dans le volet "Efficacité" est de procéder à un découpage horizontal du pays en cinq à sept grandes régions viables économiquement qui se développement par elles mêmes pour devenir des bassins d'emploi. Un tel découpage doit permettre à chaque région d'élaborer sa propre stratégie de développement et plans sectoriels. En ce qui concerne la compétitivité, le document propose un plan d'attractivité des régions intérieures à travers, notamment, la révision du code des incitations à l'investissement qui doit être basée sur deux critères essentiels à savoir l'implantation régionale du promoteur et le nombre d'emplois qu'il propose. M. Zouari suggère, aussi, la création de trois nouveaux pôles de développement à l'intérieur du pays dans six secteurs innovants, créateurs d'emploi au profit des diplômés du supérieur : Les technologies de l'information et de la communication (TIC), l'agroalimentaire, la biotechnologie, la logistique (délocalisation des services), les énergies renouvelables et le tourisme culturel. «La transition démocratique ne peut réussir qu'avec la démocratie local », a affirmé M. Zouari qui s'est prononcé en faveur de la généralisation des communes administrées par des élus et de la limitation des prérogatives du représentant de l'Etat dans la région. Il a annoncé que la Tunisie procèdera, pour la première fois, à partir, de l'exercice 2012, à une répartition régionale du budget de l'Etat.