PARIS (TAP) - La France réitère son appel «à l'apaisement » à la Turquie, un «allié très important», a déclaré lundi le ministère français des Affaires étrangères avant le vote des sénateurs sur un projet de loi pénalisant la négation du génocide arménien qui provoque la fureur d'Ankara. «Nous appelons à l'apaisement. La Turquie est un partenaire et un allié très important de la France», a déclaré le porte-parole du ministère, Bernard Valero, lors d'un point de presse. « Nous attachons la plus haute importance à nos échanges avec Ankara, notamment sur les sujets internationaux et régionaux. Nous sommes également attachés au développement de nos relations dans tous les domaines », a-t-il ajouté. Le Sénat français doit adopter lundi, sauf surprise de dernière minute, une loi qui prévoit de punir d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende la négation de génocides reconnus comme tels par la loi française, dont le génocide arménien. Paris a admis en 2001 l'existence d'un génocide d'Arméniens en Anatolie entre 1915 et 1917 (1,5 million de morts selon les Arméniens). Jusqu'à présent la France reconnaît deux génocides, celui des Juifs pendant la seconde guerre mondiale et celui des Arméniens, mais ne punit que la négation du premier. Jusqu'à la toute dernière minute, la Turquie, qui refuse le terme de génocide même si elle reconnaît que des massacres ont entraîné la mort de quelque 500.000 Arméniens, a tenté de faire pression pour que le Parlement français recule. «Nous avons déterminé au préalable les mesures que nous prévoyons de prendre si ce texte est finalement adopté. Personne ne doit en douter», a martelé lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. L'adoption du texte par les députés le 22 décembre avait entraîné le rappel, pour quelques semaines, de l'ambassadeur de Turquie en France. Surtout, la Turquie, pays membre de l'Otan, avait gelé sa coopération militaire et politique avec Paris qui voit dans Ankara un partenaire essentiel pour dénouer la crise en Syrie, où la France tente d'être en pointe. Cette fois, la Turquie pourrait rappeler sine die son représentant à Paris, réduire son ambassade et prendre des mesures de représailles dans le domaine commercial et économique, selon des sources à Ankara.