M. Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères TUNIS, 17 fév. 2010 (TAP) - M. Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères a réaffirmé l'attachement de la Tunisie au choix maghrébin auquel le Président Zine El Abidine Ben Ali accorde une place axiale dans la politique extérieure et les orientations du pays. Dans l'allocution qu'il a prononcée à l'ouverture, mercredi matin à Tunis, du Symposium sur l'intégration économique maghrébine, organisé dans le cadre de la célébration du 21e anniversaire de la création de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), le ministre a rappelé que, depuis l'avènement du 7 novembre 1987, la Tunisie de l'ère nouvelle a placé parmi ses objectifs stratégiques majeurs, la contribution, avec une volonté indéfectible, à l'édification d'un Maghreb solide et cohérent capable de relever les défis, de gagner les paris et de réaliser les aspirations des peuples de la région en un surcroît de progrès, de prospérité et d'invulnérabilité. Il a, à cet égard, mis l'accent sur les multiples efforts de la Tunisie visant à promouvoir l'action maghrébine commune et à la hisser à des paliers supérieurs, à travers toutes les étapes du processus de l'Union du Maghreb Arabe. Cette action, a-t-il dit, s'est traduite par la dynamisation des conventions conclues ainsi que par les efforts visant à conférer l'efficience et la dynamique nécessaires aux structures de l'UMA dans le but de faciliter l'édification d'un espace maghrébin unifié dans ses dimensions économique, sociale, culturelle et humaine. "Aucune occasion nationale ou un rendez-vous régional ou international, ne passent, a-t-il ajouté, sans que le Président Zine El Abidine Ben Ali ne souligne l'impératif d'accélérer les pas sur la voie de l'édification maghrébine et ne renouvelle l'attachement ferme de la Tunisie d'œuvrer à consacrer ce choix stratégique". L'intérêt du Chef de l'Etat pour ce choix, a-t-il ajouté, s'est, d'ailleurs, cristallisé dans le programme présidentiel 2009-2014 "Ensemble, relevons les défis". Le Président de la République, a-t-il précisé, a mis l'accent sur l'importance stratégique que revêt ce projet civilisationnel ambitieux auquel il a réservé un espace important dans le point 24 de ce Programme. Le ministre des Affaires étrangères a relevé que la consolidation du processus de complémentarité et de proximité entre les pays maghrébins et le raffermissement des attributs de l'intégration maghrébine constitue désormais un impératif vital et une attente persistante dans un contexte mondial marqué par les mutations accélérées et les changements majeurs. Cette conjoncture mondiale, a-t-il poursuivi, a eu des répercussions considérables sur les relations internationales ainsi que sur les fondements du système économique international et imposé une nouvelle réalité où il n' y a plus de place pour les entités démunies et marginalisées ni de lieu pour le repli sur soi ou l'isolement. Evoquant l'héritage historique et civilisationnel commun sur lequel se fonde le projet maghrébin, M. Kamel Morjane a souligné que les exigences de la conjoncture mondiale, à la lumière des mutations et des situations complexes, de l'ampleur du phénomène de globalisation et de l'interdépendance des intérêts économiques, font que la réalisation de ce projet soit un impératif historique. "Malgré les obstacles que rencontre le processus de l'UMA résultant des difficultés conjoncturelles et passagères, a-t-il indiqué, la Tunisie a toujours appelé, à poursuivre la construction de cet édifice, forte en cela des pas importants franchis sur cette voie". Le ministre a rappelé dans ce contexte la poursuite des contacts, des concertations et des échanges d'envoyés spéciaux et des messages entre le Président Zine El Abidine Ben Ali et ses frères les Dirigeants des pays maghrébins afin de surmonter les obstacles et d'aplanir les difficultés qui empêchent le parachèvement de la construction de l'UMA et l'institution d'une nouvelle étape prometteuse de l'action maghrébine commune. Le ministre des Affaires étrangères a souligné l'importance que revêtent les relations bilatérales dans la consolidation des attributs de l'intégration et l'impulsion du processus de l'Union du Maghreb Arabe. Il a relevé l'intérêt que la Tunisie accorde à la coopération et au partenariat avec les différents pays maghrébins en oeuvrant à renforcer les intérêts communs, à accroître le volume des échanges commerciaux et à dynamiser le rythme de l'investissement et de la création des projets communs de manière à favoriser les conditions appropriées de l'intégration maghrébine recherchée. Il a indiqué que la Tunisie, de par sa conviction quant à l'importance majeure de la dimension économique dans la réalisation du rapprochement et de la complémentarité entre les Etats maghrébins et le renforcement de son aptitude à faire face aux défis, n'a cessé d'œuvrer, sur instructions du Président Ben Ali, à contribuer au développement des relations de la coopération économique entre les pays de la région et à harmoniser leurs politiques économiques et financières. L'objectif, a-t-il précisé, est de créer une nouvelle dynamique au niveau de l'espace maghrébin qui sera le meilleur appui à la marche du développement global de ces Etats et un facteur de prévention pour leurs économies contre les fluctuations mondiales résultant notamment de la crise financière et économique internationale persistante. M. Kamel Morjane a souligné que la Tunisie s'est employée avec les Etats maghrébins frères à créer un espace économique unifié à travers la déclaration de Tunis de 1994 relative à la création d'une zone maghrébine de libre-échange en tant que première étape de la mise en œuvre de la stratégie maghrébine de développement adoptée par les dirigeants des Etats de l'UMA au Sommet de Ras Lanouf en 1991 dans le but de garantir l'exploitation optimale des potentialités économiques, des richesses naturelles et des ressources humaines importantes de la région. Il a indiqué, dans ce contexte, que les efforts communs ont abouti au parachèvement de l'étude relative à la zone économique maghrébine et que la 29ème session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UMA réuni à Tripoli le 29 décembre 2009 a adopté une résolution concernant les dispositions relatives à l'installation à Tunis de la Banque Maghrébine de l'Investissement et du Commerce Extérieur. Il a relevé que cette institution maghrébine est appelée à jouer un rôle majeur dans la dynamisation de l'investissement et l'accroissement du volume des échanges commerciaux et à renforcer davantage les relations de coopération et de partenariat entre les pays de la région dans les différents domaines économiques. Le ministre a affirmé que la réalisation de l'intégration économique requiert, également, la dynamisation des cadres juridiques importants régissant les relations de coopération bilatérales et maghrébines et la mise à profit des incitations qu'ils offrent et des larges perspectives qu'ils ouvrent pour la coopération dans les divers domaines. Elle nécessite, également, a-t-il ajouté, l'accélération du rythme de réalisation des projets maghrébins communs adoptés dans le domaine de l'infrastructure telles que l'interconnexion électrique, les connexions routière et ferroviaire et maritime, la facilitation des flux des capitaux, des marchandises et des investissements et l'intensification de l'échange commercial et du déplacement des personnes entre les Etats maghrébins. Il a souligné que l'intégration économique maghrébine est de nature à renforcer les économies des pays de l'Union et à promouvoir leurs potentialités à l'adhésion agissante dans le système économique international et au positionnement sur la nouvel échiquier mondial. Il a indiqué que la réalisation de cet objectif permettra aux pays de la région d'éviter à leurs économies les pertes résultant de la situation actuelle et qui sont estimées, selon des études concordantes, à 2 points de la moyenne annuelle de la croissance de chacun des pays de l'Union. Le ministre des Affaires étrangères a, en conclusion, fait part de l'optimisme de toutes les parties quant à la réalisation de la mutation qualitative escomptée de l'action maghrébine commune; d'autant plus, a-t-il ajouté, que le choix exemplaire consiste, aujourd'hui, à aller de l'avant avec forte détermination vers la consolidation des fondements d'une Union maghrébine forte, efficace et cohérente. Il a affirmé que les pays maghrébins sont en mesure, à la faveur de la volonté politique qui anime leurs dirigeants, à relever les défis et à gagner le pari. Deux interventions sur la zone maghrébine de libre échange et sur l'intégration Sud-Sud, le cas du Maghreb Arabe Les participants aux travaux du symposium ont écouté deux communications. La première a porté sur la zone maghrébine de libre échange et la deuxième sur l'intégration Sud-Sud, le cas du Maghreb Arabe. La séance a été animée par M. Abdelhafidh Herguem, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des affaires maghrébines, arabes et africaines. Intervenant à cette occasion, M. Mohamed Jamal El-Iffa, directeur de la coopération avec les organisations régionales et internationales au ministère du Commerce et de l'artisanat, a mis l'accent sur la place centrale qu'accorde le Président Zine El Abidine Ben Ali à l'intégration maghrébine en tant que choix stratégique. Ce choix, a-t-il souligné, s'est concrétisé de nouveau dans le programme électoral "Ensemble, relevons les défis" dans lequel le Chef de l'Etat a appelé à la nécessité de poursuivre l'action dans le sens de la dynamisation des structures et des institutions de l'UMA et de l'instauration d'une zone de libre échange. Il a évoqué le projet de la zone maghrébine de libre échange, proclamée dès 1994 à Tunis, en tant que première étape du processus d'intégration maghrébine devant induire des effets positifs sur l'évolution du volume des échanges commerciaux et sur l'impulsion de la croissance, de l'emploi, de l'investissement et de la compétitivité. Il a précisé à cet égard que la Tunisie s'est attachée constamment à consolider ses relations commerciales avec les pays du Maghreb, à travers la conclusion de conventions bilatérales de libre échange accordant des avantages importants. Cette orientation, a-t-il ajouté, a eu un impact positif sur l'amélioration du quota des pays maghrébins dans les échanges avec les pays arabes, ainsi que sur le développement des activités du secteur privé dans la région. Cette orientation, a-t-il poursuivi, s'est aussi traduite par la mise en place de conseils d'affaires mixtes, la signature de conventions de jumelage et de partenariat entre les chambres de Commerce et d'industrie et l'amélioration de l'investissement maghrébin dans les pays de la région. De son côté, M. Azzem Mahjoub, professeur universitaire et expert international, a souligné le besoin pressant de réaliser une mutation qualitative dans le processus maghrébin qui se caractérise actuellement par une certaine lenteur. L'intégration, a-t-il indiqué, garantit des relations de confiance entre les pays et renforce la conviction en la nécessité d'engager un surcroît de réformes et de modernisation. Passant en revue les facteurs entravant le processus maghrébin, l'universitaire a insisté sur la nécessité d'associer les structures de la société civile à la conception d'approches et de visions propres à renforcer l'intégration maghrébine. Lors du débat, les intervenants ont souligné l'importance de la coopération bilatérale en tant que plateforme idoine pour réaliser l'intégration régionale, mettant l'accent sur les richesses naturelles et les compétences humaines qualifiées dont dispose la région maghrébine et qui sont à même de concrétiser les attentes des peuples maghrébins en un surcroît de progrès et de bien-être. Ils ont, également, relevé le rôle qui incombe aux hommes d'affaires dans la réalisation de la complémentarité entre les pays de la région et la protection des économies maghrébines contre les effets de la mondialisation. Ont pris part à la séance d'ouverture du symposium dont les travaux ont été ouverts par M. Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères, notamment MM. Chedli Neffati, secrétaire général adjoint de la Ligue des Etats Arabes président de centre de Tunis et les représentants du corps diplomatique des pays maghrébins.