LE BARDO, 3 mars 2010 (TAP) - La chambre des députés a organisé, mardi, au Bardo, une rencontre-débat sur l'environnement et le développement durable sous la présidence de M. Foued Mebazaa, président du parlement en présence de M. Nadhir Hamada, ministre de l'Environnement et du développement durable. M. Mebazaa a souligné, à cette occasion, que l'intérêt accordé au secteur environnemental est une valeur constante et une composante fondamentale de la politique de développement en Tunisie, rappelant les acquis du pays dans ce domaine et les investissements mobilisés pour la réalisation des grands projets régionaux et nationaux. Il a fallu pour ce faire créer des structures spécialisées dans l'environnement, mettre à niveau les entreprises du secteur, établir un cadre réglementaire adéquat et instituer de multiples avantages pour promouvoir les projets environnementaux, outre la participation aux efforts internationaux pour la résolution des questions environnementales, a-t-il ajouté. Le président de la chambre des députés s'est félicité des objectifs ambitieux fixés par la Tunisie pour le prochain quinquennat, en particulier, ceux concernant l'augmentation de la part des programmes de préservation de l'environnement au PIB, la valorisation des ressources naturelles et la promotion des énergies renouvelables en plus de la promotion de la Tunisie en tant que destination industrielle et technologique partisane des énergies propres. Economie verte et sécurité environnementale Dans sa réponse aux interventions des députés, M. Nadhir Hamada a souligné la détermination de la Tunisie à réaliser un développement durable et solidaire favorisant l'économie verte et la sécurité environnementale et permettant d'améliorer les conditions de vie et de préserver les droits des générations futures à des ressources naturelles saines et renouvelables. Les acquis réalisés par la Tunisie dans le domaine de l'environnement lui ont valu une reconnaissance à l'échelle régionale et internationale, a-t-il dit, rappelant certains indicateurs environnementaux tels que l'évolution du taux des espaces verts en milieu urbain de 4,4 m2 par habitant en 1987 à 16,23 m2 par habitant en 2009. S'agissant de la protection du littoral, le ministre a indiqué que les études élaborées par le ministère sur cette question ont fait ressortir que 100 km de côtes sur un total de 1600 km nécessitent des interventions pour leur protection. Près de cinquante kilomètres de ces côtes sont considérés plus dégradés que le reste, a-t-il poursuivi. Il s'agit des zones de Gammarth, la Goulette, Slimane, Kélibia, Hammamet, Sousse, Sfax, Kerkennah et Djerba. Le budget d'intervention pour remédier à cette situation est estimé entre 200 et 250 millions de dinars, a relevé M. Hamada, ajoutant que le département de l'environnement est à la recherche de bailleurs de fonds pour financer les projets à réaliser dans ce cadre. Concernant la gestion des pesticides, le ministre a fait remarquer qu'un groupe de travail a été formé pour identifier les risques des matières nocives, relevant que le ministère de l'environnement assure le suivi de ce dossier en collaboration avec les ministères de la santé publique et de l'agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche. Evoquant les «déchets verts», M. Hamada a souligné qu'après la finalisation des études techniques pour l'exploitation des déchets des légumes et fruits disponibles aux marchés de gros, le ministère de l'environnement et celui du commerce et de l'artisanat ont entamé la réalisation de la première unité pilote à Bir El Kassaa pour l'auto-production d'électricité, moyennant une enveloppe de 3,2 millions de dinars. En ce qui concerne l'assainissement, d'autres stations seront créées dans les différentes régions, notamment, intérieures, a-t-il indiqué, rappelant que le nombre des stations d'assainissement a augmenté de 24 en 1987 à 106 actuellement. Pour ce qui est du mécanisme de développement propre (MDP), le ministre a relevé que la Tunisie a adopté ce mécanisme crée pour aider les pays en développement à travers la vente de leurs quotas en émissions de gaz aux pays avancés (Chine, Argentine, Brésil). Les revenus provenant de cette opération sont investis par la Tunisie pour financer des projets de protection de l'environnement dont la clôture des décharges non contrôlées. Pour ce qui est de la mise à niveau écologique des entreprises, le ministre a affirmé que des efforts sont déployés en vue d'élaborer une stratégie permettant à 500 entreprises tunisiennes d'obtenir la certification «Iso 14001» à l'horizon 2014, notant que l'assistance technique a permis de diagnostiquer la situation de 610 entreprises économiques privées en matière d'émanations gazières. S'agissant de la désertification, M.Hamada a indiqué que ce phénomène menace plusieurs régions, précisant qu'une enveloppe de 5 millions de dinars a été allouée à des actions de lutte contre ce phénomène à Siliana, outre les programmes d'intervention à Tataouine et Kasserine. En ce qui concerne les ressources forestières, le ministre a rappelé l'amendement apporté à la loi sur les forêts en vue de permettre aux habitants de ces espaces d'y travailler en adoptant des méthodes rationnelles qui en garantiraient la pérennité à l'instar de l'élevage, et de l'apiculture. Evoquant les huiles utilisées, le ministre a relevé le souci de ne pas les jeter compte tenu de leur caractère nocif pour l'environnement, précisant que la Société tunisienne des lubrifiants a installé 10 mille points de collecte et que 15 mille tonnes d'huiles usagées sont collectées annuellement. Selon le ministre, 15 mille tonnes de matières en plastique sont également collectées annuellement en vue de les recycler et de les exporter. Il a affirmé que des négociations sont actuellement en cours en vue de remplacer les sacs plastiques par d'autres en carton, notant les opportunités d'emplois qu'offrent les différentes activités environnementales, notamment le recyclage des déchets plastiques qui emploie 15 mille personnes. Le ministre a enfin souligné la volonté de la Tunisie d'adhérer aux efforts internationaux visant à se prémunir des retombées négatives des changements climatiques et l'élaboration d'études stratégiques à cet effet dont celle relative à la mise en place d'un système d'alerte climatique précoce pour faire face à ces phénomènes.