ZARZIS, 28 fév 2011 (TAP) - Image désolante de la situation jusqu'à un point alarmant, dans les zones de Ras Jedir, Ben Guerdane, Zarzis et Djerba. Un grand nombre de réfugiés étrangers, de différentes nationalités, se sont rassemblés, après leur fuite de Libye, à la suite de la dégradation de la situation sécuritaire, dans ce pays frère, durant les dernières heures, avec davantage de violence et de désordre. La situation de ces réfugiés, en particulier celle des Egyptiens, a pris un tournant alarmant, parallèlement a l'affluence d'une marée humaine en provenance de l'autre côté de la frontière. Selon des sources officielles, 26 mille personnes sont arrivées au point de passage de Ras Jedir, au cours des trois derniers jours. En dépit des efforts surhumains fournis par les unités de l'armée nationale qui ont établi un camp militaire, en vue de dispenser des prestations sanitaires et vitaux, ainsi que par des volontaires du Croissant rouge tunisien (CRT), de la Protection civile et des comités civils, en plus des initiatives des citoyens et des différentes régions, la situation des réfugiés demeure très critique, en l'absence de conditions dignes. Les besoins des réfugiés qui arrivent en nombre de plus en plus importants dépassent les moyens mis à la disposition des autorités sur place et les efforts des volontaires locaux et internationaux. Cette situation a poussé des réfugiés étrangers et des représentants de structures locales, nationales et régionales à lancer des appels aux secours internationaux, afin de pouvoir circonscrire la crise, avant qu'elle ne s'aggrave, surtout au vu du rythme inégal du nombre des arrivants et celui des partants. Dans ce sens, le coordinateur résident de l'Organisation des Nations Unies, en Tunisie, a lancé un appel, lors d'une conférence de presse tenue, dimanche, à Ras Jedir, pour l'accélération des ponts maritimes et aériens, l'évacuation des troupes de réfugiés dont le nombre a atteint, depuis l'ouverture des frontières, le 20 février 2011, environ 18 mille Tunisiens, 22 mille Egyptiens, deux mille Chinois et mille autres, de différentes nationalités, jusqu'à dimanche. De son côté, le responsable des relations extérieures du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué que "la communauté internationale doit faire preuve de bonté comme l'a fait la Tunisie, en ouvrant ses frontières, afin de l'aider dans ses efforts immenses au profit des réfugiés". Pour sa part, le représentant du CRT voit que la situation est devenue catastrophique. D'autre part, les comités de protection de la révolution, dans la région, ont changé leur évaluation de la situation et l'un de ses chefs a souligné que "la situation est devenue critique et qu'elle laisse prévoir un danger imminent". Il a, dans ce sens, appelé à la nécessité d'arrêter le flux des arrivants de Libye, en fermant les points de passage frontaliers. Les craintes d'une catastrophe humanitaire ne s'arrêtent pas au niveau des intervenants directs sur le terrain qui parlent de nouveaux flux estimés à des milliers. Ces craintes sont, aussi, celles des instances officielles. Dans une déclaration à l'agence TAP, le gouverneur de Médenine a appelé, lundi, à l'intervention du gouvernement provisoire, considérant que les moyens de la région ne permettent pas de maîtriser totalement la situation et de gérer ses affaires, de la meilleure manière. L'instabilité dans la gestion des affaires des réfugiés, dans la région frontalière de Ras Jedir, a atteint le stade de la pagaille ce qui fait peser la menace d'une perte totale de contrôle des frontières, surtout que certaines sources parlent de l'existence de 20 mille personnes qui cherchent à pénétrer dans le territoire tunisien, en l'absence quasi-totale des agents de douane libyens qui ont abandonné leurs postes. Un des membres du comité de protection de la révolution a, par ailleurs, souligné que tous les efforts sont orientés vers le soutien des services de douanes et de l'armée, pour l'accueil des arrivants, malgré l'augmentation continue de leur nombre. Ce qui est certain, c'est que la situation à Ras Jedir, Dhiba, Ben Guerdane, Zarzis et Djerba augure d'une importante crise humanitaire qui prend des dimensions internationales, de même qu'elle pose à la Tunisie des défis extérieurs supplémentaires, à l'heure où le pays cherche à résoudre ses propres problèmes d'ordre intérieur.