OTTAWA, 3 mai 2011 (TAP) - Le Premier ministre canadien sortant, le conservateur Stephen Harper, a été reconduit à la tête du gouvernement, son parti remportant la majorité des sièges à la Chambre lors d'élections législatives anticipées organisées lundi. Selon les projections des chaînes de télévision canadiennes, les conservateurs de M. Harper obtiendraient 165 des 308 sièges de la Chambre des Communes. Au-delà de la victoire des conservateurs qui retrouvent le pouvoir après avoir dirigé des gouvernements minoritaires issus des scrutins de 2006 et 2008, le scrutin aura complètement bouleversé le paysage politique canadien. Le Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche) a confirmé sa percée historique annoncée par les sondages, étant donné gagnant ou en tête dans 106 circonscriptions, soit presque le triple des 36 sièges occupés dans la Chambre sortante. Sa progression fulgurante s'est faite principalement au détriment des libéraux et du Bloc Québécois (indépendantistes), littéralement laminés par la vague "orange" de la formation de gauche . Porté par le "vent du changement" annoncé par son chef Jack Layton, le NPD est assuré de devenir l'opposition officielle au gouvernement de M. Harper. Mais le changement n'est pas au programme du leader conservateur qui avait, au contraire, axé sa campagne électorale sur la stabilité et la continuité, promettant aux Canadiens la poursuite de la reprise économique et s'engageant à ne pas augmenter les impôts, à l'opposé des néo-démocrates et des libéraux. M. Harper, grand tacticien, aidé par un bon appareil de son parti sur le terrain, avait également utilisé l'argument de la peur, mettant en garde contre le "risque énorme" que ferait courir au pays, selon lui, un gouvernement NPD, "dépensier" et "inexpérimenté". "C'est la première fois qu'un chef conservateur remporte trois élections de suite au Canada", a souligné le porte-parole de M. Harper, Dimitri Soudas . Son gouvernement avait été renversé le 25 mars par une motion de censure votée par l'opposition et fondée sur des accusations d'"outrage au parlement" et de manque de transparence. Le sort du chef du parti libéral, l'ex-universitaire Michael Ignatieff, semble scellé par le résultat du scrutin qui lui attribue provisoirement 30 sièges. M. Ignatieff a mené une campagne honorable, mais n'a pas créé d'élan décisif dans l'électorat et s'est fait écraser par le NPD, ce qui pourrait conduire à son départ à brève échéance de la direction de son parti qui ne tolère pas les perdants. Certains commentateurs canadiens évoquaient même une "évaporation" possible du parti libéral qui avait dirigé le Canada pendant la majeure partie du 20e siècle et jusqu'en 2006. Enfin, la chute brutale du Bloc Québécois, crédité provisoirement de seulement 4 sièges contre 47 occupés dans le parlement sortant, semble annoncer un tournant abrupte dans l'attitude des habitants de la province francophone du Québec et une plus grande ouverture à l'égard du Canada anglophone.