« En Tunisie, un gouvernement remanié pour dissiper le désenchantement ambiant » tel était le titre de l'article publié par le journal français Le Monde après le remaniement ministériel annoncé, mercredi 6 janvier, par le chef du gouvernement Habib Essid Voici quelques extraits de l'article : « L'alliance stratégique avec Ennahda est intacte », commente Fayçal Chérif. Le seul ministre islamiste de l'ancienne équipe, Zied Laadhari, ministre de la formation professionnelle et de l'emploi, demeure en fonction. Ennahda perd certes ses deux secrétaires d'Etat, victime collatérale de la disparition des dix-neuf secrétariats d'Etat visant à alléger la machine gouvernementale, mais son influence réelle ne semble pas en pâtir. « Le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, demeure très consulté en coulisse », souligne Fayçal Chérif. Vives tensions au sein de Nidaa Tounès L'une des illustrations de cette influence persistante est la mise à l'écart du ministre des affaires religieuses, Othman Battikh, critiqué par Ennahda pour ses limogeages d'imams jugés radicaux dans le cadre de la lutte « antiterroriste ». Une virulente controverse avait notamment éclaté à l'automne autour de l'éviction de l'imam de Sfax. Au-delà de cette affaire, « Ennahda a tout lieu d'être satisfait que l'essentiel des nominations opérées durant ses années au pouvoir, notamment les directeurs généraux de l'administration, n'a pas été remise en cause », ajoute M. Chérif. Le maintien de ce pacte entre le président Beji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, jugé par les deux intéressés comme nécessaire à la stabilité de la transition tunisienne, est d'autant plus impératif que Nidaa Tounès est en proie à des vives tensions internes. L'ancien secrétaire général du parti, Mohsen Marzouk, pressenti à un moment comme l'héritier présomptif de M. Essebsi, est entré en dissidence ces derniers mois face à l'entreprise de conquête lancée sur l'appareil de Nidaa Tounès par Hafedh Caïd Essebsi, le fils du chef de l'Etat. M. Marzouk a annoncé son intention de créer un nouveau parti dont l'ambition est de réactiver l'héritage du bourguibisme. Si des élus de Nidaa Tounès devaient décider de le suivre, le groupe parlementaire du parti à l'Assemblée en souffrirait inévitablement, rendant d'autant plus précieux l'appoint des autres formations partenaires de la coalition gouvernementale. En remaniant son équipe, le chef du gouvernement se redonne un peu de marge de manœuvre alors que l'absence de résultats notables depuis un an l'a placé sous le feu des critiques. La stagnation socio-économique – le taux de croissance du PIB devrait fléchir à 0,5 % en 2015 – et la situation sécuritaire toujours fragile, sources du désenchantement de l'opinion, le condamnent à afficher des avancées sans tarder sous peine de voir sa propre position menacée.