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Tunisie - Santé : Peut-on encore sauver la neurologie tunisienne ?
Publié dans Tunivisions le 10 - 09 - 2012

Suite à notre article intitulé « Le j'accuse du Professeur Fayçal Hentati », nous avons reçu de nombreuses réactions de lecteurs dont plusieurs médecins assistants et residents qui ont demandé à lire l'intégralité de l'analyse-témoignage du Pr Hentati sur la réalité du système de la santé publique et de la Neurologie tunisienne en particulier. Dans cette analyse le Professeur et chercheur Hentati dresse un état des lieux douloureux et inquiétant en pointant du doigt ceux qui étaient et sont encore à l'origine de cette situation. De tous les secteurs, seule -ou presque- la santé publique n'a pas été touchée par une enquête sur les malversations ! En attendant, vous pouvez lire l'intégralité de cet article qui nous a été transmis par le professeur Hentati lequel a accompagné le leader Abou Ammar jusqu'à son dernier souffle et qui a refusé de livrer son témoignage sur les derniers jours d'Arafat en dehors d'une enquête judiciaire par respect à la déontologie.
Peut-on encore sauver la neurologie tunisienne ?
L'école de la neurologie tunisienne fondée par le feu professeur Mongi Ben Hamida à partir de 1974 a pu acquérir ses lettres de noblesse par ses activités cliniques, de formation et de recherche. Désormais l'école de la neurologie tunisienne est reconnue et respectée dans le monde médical par sa contribution au savoir et à l'enrichissement des connaissances médicales universelles et constitue ne fierté et un acquis national de grande importance. L'institut national de neurologie baptisé Institut National Mongi Ben Hamida de neurologie après la révolution est une juste reconnaissance des travaux scientifiques du père de la neurologie tunisienne. La neurologie tunisienne a à son actif, le plus grand nombre de publications scientifiques parmi les autres spécialités et l'indice performance scientifique le plus élevé (comme en témoigne le facteur h* de certains neurologues tunisiens), de l'histoire moderne de notre pays. Elle a fait entrer notre pays dans le cercles fermé des pays qui ont apporté de nouvelles contributions à la médecine et aux connaissances universelles par les descriptions de nouvelles maladies et l'identification de plusieurs nouveaux gènes responsables de maladies neurologique héréditaires.
Pourtant la neurologie tunisienne n'a pas échappé au système de gestion politique du régime déchu et elle a subi une asphyxie progressive et une destruction sournoise de ses bases l'enfonçant inéluctablement dans un abime sans fin. La situation de la neurologie actuelle risquerait fortement de compromettre sa survie si rien n'est fait pour traiter ses maux. La politique suivie dans le domaine de la santé et la recherche scientifique durant les deux décennies qui ont précédé la révolution, rejoint à mon avis, dans sa nature, celles menées dans les autres domaines tels les domaines économiques et politiques. Néanmoins la visibilité de son effet ravageur est moins nette dans ce domaine médicale bien que ses conséquences sur le développement du pays et l'avenir de notre jeunesse pleine de talents, est sûrement encore plus dévastatrices. Il s'agit d'une politique menée ou supervisée par des médecins en manque de reconnaissances scientifiques et qui sont devenus par le concours du hasard , des circonstances et de l'opportunisme, des décideurs politiques ou des conseillers du prince. Ils ont de ce fait utilisé ce pouvoir politique pour s'attribuer une légitimité et un mérite scientifiques qu'ils n'avaient jamais eu et se sont ainsi établis grâce à ce pouvoir en évaluateur des compétences médicales et scientifiques et en décideurs de carrières scientifiques et médicales ,favorisant tous ceux qui leurs sont fidèles quel qu'en soit le mérite et éloignant ou isolant tous ceux qui avaient une légitimité scientifique véritable et qui montraient des signes d'indépendance ou de probité. Grâce à cette démarche diabolique, ils ont pu au fil des années former un bataillon de soldats fidèles, véritables pions pour l'extension de la médiocrité dans le pays, en noyautant tous les systèmes de promotions et d'évaluation pour mieux les contrôler. La mise en place progressive de ce système explique probablement son caractère sournois et non apparent au début, surtout qu'elle a été accompagnée d'un discours trompeur. Cette politique est devenue flagrante dans les dix dernières années pour connaitre une croissance exponentielle les cinq années qui ont précédés la révolution.
Cette politique a aboutit, à mon avis, pour une part importante, à la situation de crise que vit la médecine tunisienne et la neurologie en est un exemple. A cause de cette politique La neurologie tunisienne, et en particulier hospitalière et universitaire souffre actuellement de maux profonds qui la gangrènent et dont je résume les plus flagrants :
1. Une répartition injuste et défiant toute logique saine, des médecins hospitalo-universitaires au sein des services hospitaliers.
L'ouverture de postes au sein des services hospitaliers est devenue au fil des années le thermomètre de la puissance des pistons politiques du chef de service ou de son clan, aidé en cela par des concours hospitalo-universitaires bidons et sur lesquels on reviendra. L'ouverture des postes a fini par ne plus prendre en compte l'activité médicale ou scientifique des services, ni le besoin de la population. L'exemple du service de neurologie à l'institut National Mongi Ben Hamida de neurologie illustre bien cette situation. Ce service berceau de la neurologie tunisienne qui assure actuellement, dans la capitale et dans le secteur public, 100% des urgences hospitalières de neurologie, aux environs de 85 % des hospitalisations de la spécialité , au minimum 60 % des consultations neurologiques et plus de 95%de l'activité de recherche en neurologie (évaluée par le nombre des publications scientifiques et leurs facteurs d'impact), ne comptent que moins de 15% des neurologues hospitalo-universitaires travaillant à Tunis.
2. Le maintien de modalités anachroniques des concours hospitalo-universitaires.
De telles modalités ont été abandonnées par tous les pays du monde depuis des décennies car ouvrent la voie à toutes sortes de manipulations pour contrôler les résultats. Dans notre pays ces manipulations s'expriment à toutes les étapes des concours : choix des membres des jurys, déroulement des épreuves et évaluations des candidats. Pour des raisons naguère historiques, faites pour aider certaines facultés récentes, le régionalisme s'est institutionnalisé dans la nomination des membres des jurys de ces concours conduisant entre autre, à la présence immuable parmi les membres de ces jurys d'un représentant de certains services avec la mentalité de faire réussir immanquablement leurs protégés et de faire échouer les candidats des services dont aucun membre ne se trouve par hasard dans le jury. Les services absents sont souvent par hasard, ceux considérés comme « opposants », car n'acceptaient pas la médiocrité et la politique des clans et la culture de l'omerta et pour cette raison souvent appelés comme « non fédérateurs ». Ainsi par le jeu de ces tirages au sort « orientés » certains des chefs de service ne siègent par « hasard » presque jamais dans ces jurys défiant en cela toutes les lois de la statistiques et la probabilité et laissant leurs élèves « orphelins », comme leurs disent souvent les membres du jury et subissant sans honte les caprices de ceux qui sont nés sous une bonne étoile. Manipulations et intrigues également dans le déroulement des épreuves considérées hypocritement comme anonymes .L'exemple des concours d'assistanat hospitalo-universitaires sont devenus anecdotiques. Les noms des candidats sont facilement reconnus par leurs écritures amenant certains habitués des jurys à devenir experts dans l'analyse des écritures alors que d'autres qui se sont révélés être sans talents dans ce domaines demandaient tout simplement à leurs candidats d'écrire avec un stylo spéciale ou une couleur particulière. Manipulations enfin dans la grille d'évaluation des candidats dont la plus constante et une dévalorisation de l'importance des publications scientifiques et une surestimation des communications. Contrairement aux normes internationales on continue à compter de manière arithmétique les publications scientifiques sans tenir compte des facteurs d'impact des journaux où ils sont publiés aboutissant à une dégradation progressive de la performance scientifique de nos services hospitaliers. La surestimation des communications scientifiques a aboutit à une multiplication vertigineuse du nombre des congres nationaux, régionaux et même d'un service (sic). Ces congrès sont devenus l'occasion de présentations de communications « scientifiques »préparées à la vite et souvent sans lendemain sauf pour être compté dans les concours. Ces congrès, journées, ateliers et j'en passe, sont systématiquement placés sous le patronage d'un responsable politique de 1er rang, ouverts par un responsables politique dont l'importance est le thermomètre de la cote des « organisateurs » auprès du pouvoir et servant essentiellement à la promotion du régime et de son président. Au fil des années certains de ces congrès nationaux se sont transformés en véritables colonies de vacances regroupant les familles, conjoint, enfants et bonnes compris, aux grands frais des laboratoires pharmaceutiques et de la indirectement aux frais de la CNAM et du contribuable. Biens d'autres types de manipulations et intrigues ont été pratiquées durant les concours hospitalo-universitaires témoignant de l'ingéniosité de leurs créateurs, et enrichissant sans cesse le patrimoine anecdotique de la neurologie tunisienne.
3. L'absence d'une évaluation effective des médecins hospitalo-universitaires après l'obtention de l'agrégation et surtout des chefs de service.
On est actuellement des maitres de conférences à vie et des chefs de service à vie quoiqu'en soit la production scientifique, les performances hospitalières et l'engagement dans l'enseignement. C'et ainsi qu'on peut citer l'exemple, (avec l'internet tout devient heureusement transparent) « de professeurs » occupants des postes de chef de service hospitalo-universitaire » depuis plus de 25 ans , fréquemment nommés présidents ou membres de jurys de concours de recrutements d'hospitalo-universitaires et n'ayant publié durant cette longue carrière universitaire que 5 publications scientifiques ( jamais en premier ou en dernier auteur ) et dont la majorité dans des journaux francophones à faible facteurs d' impacts. La dernière publication de ces professeurs remonte déjà à 9 ans mais ils continuent à sanctionner en toute impunité tous ceux qui se risquent grâce à leurs publications de ne pas suivre leurs parcours et s'entêtent à publier dans de grands journaux scientifiques. On peut rapprocher de ce situation l'augmentation aberrante dans les services hospitalo-universitaire de neurologie du nombre des médecins n'ayant pas suivi de cursus académique normal comme ne pas avoir réussi le concours de résidanat ou d'assistanat hospitalo-universitaire. Cet aspect particulier à la neurologie par sa fréquence et son caractère répétitif, a été rendu possible par le détournement de certains articles de la loi. Ces articles ont été probablement créés par le législateur pour « récupérer » dans le système académique des individus du secteur hospitalier montrant des talents exceptionnels. Voila que dans notre neurologie, ces détournement sont devenus dans certains service la règle, utilisés à par certains chefs de services avec la complicité évidente de l'administration, pour nommer des médecins dans le système hospitalo-universitaire sans pour autant qu‘ils aient suivi le cursus de concours habituels. Le seul mérite de ces individus ainsi promus assistants hospitalo–universitaires ou maitre de conférences agrégés était d'être proches de personnalités au pouvoir et ils contribuent efficacement à la « médiocratisation » de la neurologie hospitalo-universitaire. Les autres, qui n'avaient pas de pistons que leur labeur et qui ont essayé avec acharnement de suivre leurs carrières se retrouvaient éjecter comme des mal propres du système. La promotion spéciale de ces individus conférait en retour un bouclier administratif et une immunité absolue à ces chefs de service pour leurs services rendus.
4. Multiplication dans le pays de services de neurologie hospitalo-universitaires dédiés uniquement à « l'hospitalisation du jour »
La création de ces services n'a pas été évaluée au préalable et ne tient pas compte des besoins réels de la population mais offrent un confort indéniables aux médecins qui y travaillent. L'absence d'unités d'hospitalisation au sein de ces « services » et de listes affichés des pathologies prises en charge transforment souvent la prise en charge médicale de certains patients, souvent d'ailleurs handicapés par leur maladie, en un véritable calvaire. Ces services ont donné naissance à une nouvelle génération bâtarde de neurologues, inaptes à prendre en charge les pathologies neurologiques les plus répandues (accident vasculaires cérébraux) ou les urgences neurologiques. Ces neurologues évoluant dans leurs carrières académiques souvent rapidement, pour les raisons qui ont été citées, deviennent eux même portes drapeau de cette neurologie » à la tunisienne » et bloquent par instinct de survie tous ceux qui suivent un cursus neurologique normal. Ces services ont abouti également à la création d'une nouvelle race de chefs pouvant s'absenter plusieurs jours par semaines et des mois par ans de leurs services mais les gérant toutefois à travers le « téléphone » et la culture de la peur et de l'appât de garantie de promotion dans la carrière. Cette garantie est d'ailleurs souvent inversement proportionnelle aux mérites et sert surtout à conforter la vanité du parrain en montrant sa puissance.
Ce listing n'est que partiel d'une situation complexe et malheureusement triste. L'une des conséquences de cette situation est la fuite de cerveaux des hôpitaux vers l'étranger(en particulier les Etats Unis) et le secteur privé. Encore plus dramatique cette situation rend les résidents nouvellement nommées et souvent plein d'enthousiasme au début, rapidement désabusés et désenchantés.
Malgré tout je continue à croire que si ces maux commençaient à être traiter de manière courageuse, du moins en partie, et que si la confiance dans l'avenir de notre pays revenait, notre jeunesse sera capable de relever le défis et donnera à la neurologie Tunisienne la place qu'elle mérite au regard des sacrifices consentis par notre peuple.
Professeur Fayçal Hentati 8 Septembre 2012
*Le facteur h est un chiffre qui exprime la performance de la production scientifique d'un chercheur .Il est calculé en prenant compte du nombre des publications, le rang de l'auteur dans la publication et le nombre de citation de cette publication. Il est considéré comme un indice fiable et il est largement pris en comptes dans la majorité des universités, des institutions nationales et internationales de recherche pour l'évaluation du scientifique des individus.


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