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Chronique : LE MOT POUR LE DIRE , VIVE LA LIGUE !
Publié dans Tunivisions le 05 - 11 - 2012

« La déraison est l'unique échappatoire de l'âme. D'une âme ayant perdu ses dimensions et hâté sa fin. Et d'un penseur du possible infini, d'un penseur de l'impossible ».
Cioran, Bréviaire des vaincus
R. Gannouchi s'est opposé farouchement à la dissolution de la Ligue de protection de la révolution, sous prétexte que cette organisation serait indispensable pour la survie de la révolution, dont elle porte le nom, et de la transition démocratique, deux tâches qu'il a pris sur lui personnellement de mener à bien. Pour ce faire, le leader islamiste aurait besoin d'un petit coup de pouce. Cette aide inestimable ne peut venir que de gens loyaux et dévoués à la cause révolutionnaire. Ceux-là sont disponibles, et prêts à l'action et ils œuvrent de fait dans le cadre de ladite Ligue. La conséquence logique s'impose d'elle-même : il est absurde de sacrifier des troupes qui ont fait leurs preuves ! Le verdict ne se fait donc pas attendre : Nous R. Gannouchi, décidons que la Ligue de protection de la révolution doit continuer son œuvre salutaire.
Mais Pourquoi lui revient-il – à lui précisément – de prendre une si grave décision ? Cet honneur lui revient en sa qualité de quoi au juste ? La question est d'autant plus légitime que l'intéressé reconnaît lui-même que l'ANC est la source de toute légitimité. Il revient donc à cette instance, et à elle-seule, de statuer sur le sort de cette formation qui, de l'avis de la majorité des acteurs politiques, compromet par ses frasques, ses positions partisanes et ses inadmissibles excès, les règles de jeu d'une phase de transition qui n'a que trop durer. Le problème est que R. Gannouchi, en dépit de ses dénégations et celles des membres les plus en vue de sa confrérie, bénéficie d'un statut exceptionnel qui lui confère des droits illimités tout en le dispensant, dans les faits, de tous les devoirs. En effet, de tous les citoyens tunisiens, il a le droit de tout dire, de tout faire, sans que personne ose lui demander des comptes. Car, et cela tombe sous le sens, tout ce que profère et fait cet homme est sensé, sage et bénéfique pour le pays !
L'intrusion de R. Gannouchi dans la gestion des affaires de l'Etat relève désormais du fait accompli et ne scandalise plus que quelques observateurs de la société civile. Le Président de l'ANC n'aurait-il pas déclaré, sans la moindre gêne, qu'il ne voit pas d'inconvénient à ce que R . Gannouchi parle au nom de la Tunisie. Il semble que, dans les démocraties, ce soit là un droit incontesté des présidents des partis dominants. Une autre fois, Mustapha Ben Jaâfar aurait laissé entendre que la nature du futur régime politique de la Tunisie dépend étroitement du bon vouloir du Président du parti – devenu Président de facto du pays – dominant !
Le Président de la république, quant à lui, se contente, face aux multiples dérives de son allié encombrant, de rappeler que les lois de la république sont au-dessus de tous. Passant outre cette mise en garde, R. Gannouchi se montre de plus en plus jaloux des prérogatives que lui aurait conféré son statut de chantre autoproclamé – lui, qui n'est pas à une autoproclamation près – de la révolution, à laquelle il n'a jamais cru tout à fait. Poussant son avantage à l'extrême limite de la décence, il se permet de rappeler à M. M. Marzouki qu'il ne serait jamais devenu président sans lui et sa secte !
Voilà pourquoi il revient à R. Gannouchi, et à personne d'autre que lui, de décider du sort de la fameuse Ligue qui, soit dit en passant, n'a jamais osé contester sa mainmise sur le pays et l'Etat. Son premier argument, sous forme de verdict, ne s'est pas fait attendre : la Ligue est au-dessus des lois et des institutions puisqu'elle ne dépend que d'elle-même. Elle serait, pour plagier une formule célèbre de Georges Bataille parlant de l'expérience, sa propre autorité. Mieux encore, elle serait une sorte d'ANC parallèle, mais en plus grand et plus puissant compte tenu de ses représentations régionales et locales. Le Président de l'ANC, interrogé sur le bienfondé de cette décision, a préféré se dérober en laissant entendre qu'il revient à ceux qui ont délivré le visa à cette organisation, de le lui retirer ! Façon de dire qu'il n'a rien à voir avec ce problème ! Le Président de la république, comme à son habitude, a rappelé, à celui qui n'entend que lui-même et ne fait qu'à sa tête, qu'il revient aux institutions de l'Etat de protéger la révolution.
Peine perdue. R. Gannouchi, fort de son droit inaliénable, y va de son second argument, soutenant sans sourciller que c'est la Ligue qui confère la légitimité à ceux qu'elle en juge dignes (entendant par là les représentants de la société civile) et non l'inverse. Cela veut dire qu'en toute bonne logique gannouchienne, le peuple doit sa légitimité, comme tout le monde d'ailleurs dans l'éden islamiste, à ladite Ligue. Cette dernière aurait donc la latitude non seulement d'agir au nom du peuple, mais de se substituer carrément à lui dans les cas de force majeure. La raison en est que la Ligue, qui est la quintessence même de la révolution, est plus consciente des enjeux du moment, plus soucieuse de l'intérêt général et – et c'est là le plus important – immunisée contre les dérives de la passion partisane.
Des voix obstinées – toujours les mêmes –, s'élèvent encore une fois, pour crier au scandale. La légitimité, objectent-elles, c'est la loi et rien d'autre. Et de se demander, non sans véhémence, au nom de quelle anomalie juridique autorise-t-on des individus d'agir en lieu et place des institutions de l'Etat. Sur la base de quelles données agissent-ils ? S'ils sont aussi bien informés sur leurs concitoyens, cela voudrait dire qu'ils œuvrent en accord avec les institutions qui, dans un Etat de droit, ont le monopole de ce genre d'informations, dont, bien entendu, les ministères de l'intérieur et de la justice, pour ne citer que les plus importants. S'il en est ainsi, cela voudrait dire que la Ligue n'est rien de moins qu'une police parallèle, laquelle est habilitée – comble de l'abomination ! – à juger les éléments corrompus et, dans certains cas, à les exécuter, sans être obligée de référer à aucune instance étatique. La conclusion s'impose d'elle-même : la Ligue est un Etat dans l'Etat et ne saurait, en tant que telle, que servir les intérêts de ceux dont l'objectif primordial est de démanteler l'Etat de droit pour lui substituer une théocratie pure et dure.
R. Gannouchi, à l'affût, n'hésite pas à brandir sa pièce maîtresse, son argument massue : les ennemis de la Ligue, dit-il en substance, sont les ennemis de la révolution, car il n'est que trop évident que sa dissolution profiterait aux agents de la contre-révolution contre lesquels l'Etat ne peut malheureusement rien. Il revient au peuple, et à lui seul, de s'acquitter de cette noble tâche. Le peuple a délégué la Ligue. Où est le problème ? Ceux qui s'égosillent jour et nuit pour démontrer – ô scandale ! – que la Ligue est une milice au service du parti dominant ne veulent pas le bien du pays parce qu'ils sont étrangers à cette nation et à sa civilisation. Ils sont rien de plus que des marginaux, des parias condamnés, comme l'a magistralement démontré madame Soumaya Gannouchi, à se consumer sous l'effet de l'envie et du dépit !
Et le père et la fille de crier de concert : Vive le Peuple, vive la Ligue !


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