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Chronique, Le mot pour le dire : Ils allument le feu, et se demandent...
Publié dans Tunivisions le 05 - 08 - 2013

Il est un proverbe du terroir qui peut rendre parfaitement compte de l'actualité politique du pays, en particulier de la cécité dont semblent souffrir Ennahdha et, à sa suite et à des degrés divers, ses satellites le CPR et Et-takattol. En effet, « il allume le feu », stipulerait la sagesse populaire, si elle devait parler de l'un de ces trois protagonistes, et « se demande – hypocritement cela s'entend – d'où vient la fumée ». Cet adage traduit l'attitude du président provisoire, affecté depuis un certain temps déjà, d'un autisme politique carabiné. Il s'applique, tout aussi bien, au président de l'ANC dont les tergiversations et, l'obstination dans l'erreur, expliquent, dans une large mesure, ses réactions timorées face au cataclysme qui se prépare dans le pays. Dans le cas du président du gouvernement, ce proverbe a le mérite de souligner l'insouciance irresponsable et la désinvolture avec lesquelles Ali Lareiydh, le leader nahdhaoui, occultant le chef du gouvernement, réagit à la fronde qui risque, d'un moment à l'autre, d'entraîner la Tunisie dans une guerre intestine fratricide.
Depuis quelques jours, la nation d'El-kéhéna brûle, mais les pompiers, faisant la sourde oreille, ne répondent plus à ses appels désespérés. Bien au contraire, Noureddine Khadimi, dont le rôle, de par sa fonction, est de tempérer et de prêcher la bonne parole, s'amuse à attiser le feu en s'en prenant ouvertement, et dans des termes des plus provocateurs, à ceux qu'il taxe, sans se soucier d'arguments, d'apostats et partant d'ennemis du gouvernement. Ayant accusé les participants au « sit-in du départ » de s'être attaqué à l'Islam, il apprécie mal que les sit-inneurs, preuve à l'appui, démentissent ses allégations mensongères et, se trahissant, commet l'irréparable. Comme dans le cas du chef du gouvernement, l'islamiste wahhabite prend, en lui, le dessus sur le ministre. Dans une note officielle, paraphée par un responsable de l'un des services de son département, le lecteur est scandalisé de tomber sur les mêmes cris de guerre vociférés par les bataillons de séides fanatisés. « Vous ne passerez pas », soutient le texte en question, à l'adresse des sit-inneurs qu'il n'hésite pas d'assimiler à une bande de mécréants !
Dans une interview, dont le timing nous semble être louche, le Mufti de la république, répondant à une question sur le rôle que devrait jouer la mosquée dans la vie de la communauté, s'empresse d'affirmer qu'il est tout à fait normal que les imams traitent de politique dans leurs prêches. Bien plus, il semblerait même que ce soit là l'une des principales fonctions de la mosquée puisque – et c'est là où le saint homme se trahit outrageusement – en Islam, le politique est indissociable du religieux. En fait, il s'agit là de la reprise intégrale de l'un des principes fondateurs de l'islamisme, décrété par Hassan El-banna en personne, qui stipule que « l'Islam est une religion et un Etat, un livre et une épée ». Là encore, le militant islamiste a pris le dessus sur le responsable politique.
En écho à ces prises de position partisanes, au sein même du gouvernement, certaines figures caractéristiques du fondamentalisme religieux, dans sa mouvance salafiste en particulier, s'empressent de venir à la rescousse. Un certain Mokhtar Jebali, un imam autoproclamé, annonce au peuple tunisien la naissance d'une coalition sacrée pour la sauvegarde du projet islamiste en Tunisie. Un projet dont il serait le concepteur et qu'il présente déjà comme un fait accompli. A Sfax, un certain Jawwadi, l'imam de la mosquée Lakhmi, dont les frasques ont défrayé la chronique, se fait remarquer, encore une fois, en proclamant tout haut sa détermination d'attaquer le siège local de la succursale syndicale parce qu'elle se serait rangée du côté des ennemis de l'Islam. Un autre énergumène, déguisé en imam, ne se gêne pas d'exhorter, au cours de la prière ramadanesque des tarawih, la communauté des croyants de soutenir la légitimité car, argue-t-il sans broncher, qui soutient Ennahdha, dans sa dernière croisade contre l'hérésie laïque, Dieu le fait entrer au paradis. On apprend enfin que Rached Gannouchi, le président d'Ennahdha, se propose de conduire, aujourd'hui même, la prière du vendredi. Il est évident que ce n'est pas en sa qualité de religieux que cet homme a pris cette sage décision. Il est évident également que cette initiative n'œuvre pas seulement pour la gloire de l'Islam. Ennahdha en tirerait, cela ne fait pas le moindre doute, le plus grand profit. L'Islam, quant à lui, se retrouvera, une fois de plus – et ce ne sera pas la dernière – subordonné à ce mouvement et, plus grave encore, réduit à lui servir d'adjuvant !
Tant d'initiatives, en un moment aussi crucial, ne sauraient être le fruit du hasard. Il est clair que les hommes que nous avons cités et bien d'autres encore, dont le recteur autoproclamé de la mosquée la Zitouna, le président du parti Et-tahrir et Abou Iyadh, le chef de file des jihadistes d'Ançar Shari'a, sont impliqués, autant qu'Ennahdha, dans ce que Mokhtar Jebali appelle le projet islamique – entendre islamiste – en Tunisie. C'est sur cette base que le soutien du parti islamiste au pouvoir devient, aux yeux de toutes ces parties, aussi disparates soient-elles en apparence, un devoir religieux dont il faudrait s'acquitter scrupuleusement. Mais il s'agirait là d'un leurre si l'on tenait compte, à titre d'exemple, de la position du chef de file du mouvement Wafa, transfuge du CPR. Monsieur Ayadi justifie son alignement inconditionnel sur Ennahdha par sa volonté de s'opposer à l'avènement des laïcs au pouvoir parce qu'il est hors de question, vocifère-t-il, qu'il accepte d'être gouverné par des ivrognes et des homosexuels !
Cette position, qui pourrait paraître extravagante aux yeux de certains, reprend un argumentaire en vogue chez tous les islamistes et prouve, si besoin est, que ces derniers croient, dur comme fer, au principe politique bannéen (relatif à H. Banna) selon lequel l'Islam est une religion et un Etat. Il s'avère ainsi que le projet islamiste tunisien, promu par Mokhtar Jebali, est un projet éminemment politique qui se propose, entre autres objectifs, de rétablir le califat, l'unique mode de gouvernement qui garantisse l'application intégrale de la Shari'a. Le succès de ce projet civilisationnel dépendrait, dans une large mesure, du maintien du parti Ennahdha au pouvoir. Abou Iyadh, perçu pourtant comme étant l'ennemi irréductible des nahdhaouis, est catégorique : il s'engage à empêcher, coûte que coûte, la reprise du pouvoir par les laïcs impies.
C'est à la lumière de ces paramètres qu'il conviendrait d'analyser la crise politique dans laquelle se débat la Tunisie depuis un certain temps, surtout après l'attentat qui a coûté sa vie au martyr Mohamed Brahmi. En effet, le Ravaillac qui a assassiné ce député n'est pas le seul fou de Dieu présent aujourd'hui sur la scène. Dans le contexte de l'actuelle crise, les Ravaillac sont légions et les risques d'une flambée terroriste qui décimerait – j'emploie sciemment ce terme – une partie de la population civile est désormais une certitude. L'attentat qui s'est soldé par la mort de neuf soldats, sur le mont Châambi, est un avertissement qu'il faudrait prendre trop au sérieux. Mais qui s'en soucierait réellement ? Il y aurait toujours un Ben Hmidane, relayé par un Ali Lareiyedh, pour soutenir, avec tout le détachement et le sérieux du monde, qu'un attentat, aussi tragique soit-il, n'est qu'un accident de la route qui ne devrait, en aucune manière, empêcher le bolide gouvernemental de continuer son parcours triomphal.
Ceci dit, la confrontation qui se joue actuellement au Bardo, à proximité de l'hémicycle qui héberge les rescapés de l'ANC sinistré, a eu le mérite de contraindre l'islamisme, acculé au mur, de se démasquer. Désormais, c'est à visage découvert, sans le moindre détour, qu'Ennahdha, le porte-drapeau du projet islamiste en Tunisie, affiche son idéologie théologico-fasciste.
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