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Chronique, Le mot pour le dire : L'olympe des Irremplaçable !
Publié dans Tunivisions le 19 - 06 - 2014

« Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables qui ont tous été remplacés ». Georges Clémenceau
La scène politique tunisienne ressemble étrangement à l'Olympe, le foyer des dieux chez les grecs antiques. C'est pourquoi, plutôt que de politiciens, il conviendrait de parler de divinités politiques. Comme chez les grecs, l'Olympe tunisien héberge des divinités à part entière, de différents rangs, et un certain nombre de demi-dieux, fruits illégitimes de la concupiscence divine. Mais, à la différence de l'olympe grec, son homologue tunisien n'héberge pas de femmes parce qu'il est, comme toutes les institutions du pays, l'incarnation de la phallocratie victorieuse, érigée en loi depuis le 23 octobre 2011, réduisant la femme au statut de complément.
Comme tous les dieux anciens et modernes qui ont longtemps désolé la terre des hommes, les monstres sacrés de l'Olympe tunisien jouissent d'une longévité exceptionnelle, mais ne sont pas éternels. Car, comme leurs créatures humaines, les divinités ne sont pas immunisées contre les vicissitudes de la durée. Il semble même que leur ubiquité ne soit pas tout à fait au point. Il est donc normal que, pour certains d'entre eux tout au moins, des faits importants leur filent souvent sous le nez. Dernièrement, Rached Gannouchi, qui passe pour être le Zeus de l'Olympe tunisien, s'est vu signifier par des « puissances amies » qu'une bande de méchants s'apprête à lui faire avaler son extrait de naissance. La riposte ne s'est pas fait attendre : le grand Jupiter – sobriquet latin de Zeus – a annulé une visite de courtoisie dont il voulait gratifier les « notables » (les dieux supportant très mal la promiscuité du « vulgaire ») du gouvernorat de Jendouba !
L'Olympe tunisien, profondément réaménagé après les évènements grandioses du 14 janvier 2011, se plait à baragouiner le patois indéchiffrable d'une « révolution » qui n'a pas encore révélé tous ses secrets. Le Roi de céans, l'invincible Zeus, investi par la toute-puissante volonté populaire, se dit être le géniteur de cet heureux accident de l'histoire et promet à ses fans (car, figure-vous que les dieux ont, eux aussi, leurs détracteurs) de remuer ciel et terre et, à grands coups de foudre, évacuer définitivement l'apostasie de ses états. Rien d'étonnant alors que, à ses propres yeux et aux yeux de sa cour et de ses prosélytes, il passe pour être le destin du foyer du « printemps arabe », celui à qui incomberait la délicate tâche de mener le navire de la transition démocratique à bon port. Les Américains, Francis Fukuyama en tête, y croient. « C'est là, décrète Zeus, une raison suffisante pour que tout le monde, les Tunisiens en premier, y croie ».
Voilà pourquoi R. Gannouchi se croit irremplaçable, se le répète à lui-même, le répète à l'intention de ses défenseurs et détracteurs à la fois et, n'ayant point froid aux yeux, agit en conséquence. Le résultat est impressionnant. Béji Caïd Essebsi, son émule antithétique, s'est trouvé dans l'obligation de dire tout haut ce que Zeus pense tout bas : « Rached Gannouchi, a déclaré la divinité de Nidâa Tounes, a sauvé la Tunisie en lui évitant le scénario égyptien ». En fait, B. C. Essebsi, qui se croit tout aussi irremplaçable que son terrible adversaire islamiste, n'a rien concédé à ce dernier qu'il ne se soit approprié avant lui. En fait de sauveur, il estime l'être au même titre que R. Gannouchi, peut-être même un peu plus que lui puisque, dans la terrible confrontation qui a opposé les deux camps, c'est la divinité de Nidâa Tounès qui a joué le meilleur rôle. Si B. C. Essebsi n'avait pas forcé la main à R. Gannouchi, ce dernier n'aurait jamais cédé.
En plus de ces deux figures charismatiques de l'Olympe Tunisien, il existe un bataillon de divinités de bas étage, mais tout aussi irremplaçables que les maîtres de céans. En effet, on peut compter au moins un irremplaçable à la tête de chaque parti, de chaque mouvement, de chaque association, sans compter les aventuriers, les détraqués et les pervers de tous poils qui, sous couvert de piété ou d'impiété (deux articles parmi les plus prisés dans la bourse tunisienne), entendent se frayer une voie vers Carthage où vers n'importe quelle autre destination qui leur permettrait de rejoindre la caste bienheureuse des olympiens.
Pour ce faire, il suffit d'avoir du culot et du baratin. Les Jlassi, les Ilmi et les Hamdi en en ont à revendre ! Mohamed Moncef Marzouki et Mohamed Néjib Chebbi, son éventuel successeur, dont l'irremplaçabilité n'est que trop évidente (à leurs yeux tout au moins), ont choisi de se mettre à l'abri des foudres du terrible Zeus. Ils auraient compris, plus que beaucoup d'autres parmi le menu fretin des divinités désuètes, que leur irremplaçabilisation ne serait pas possible sans le concours du Maître. L'un et l'autre, convaincus d'avoir fait le bon choix, se répètent à eux-mêmes, que « ce sont bien les fins qui justifient les moyens ». A certains de leurs fidèles, ils se permettent d'ajouter, en leur intimant l'ordre de garder cet aveu pour eux, que « Carthage vaut bien une messe ».
Il ne serait pas inutile d'ajouter, pour compléter ce tableau désolant, que le virus responsable de ce mal ravageur, qu'est l'irremplaçabilité, s'appelle l'irremplaçabilite et que, bien avant Zeus et sa cour, il a frappé un certain Habib Bourguiba et, trente ans après lui, un certain Zine El-abidine Ben Ali. Il conviendrait d'ajouter que c'est ce virus en personne qui favorise la dictature, le despotisme et l'absolutisme et tant d'autres fléaux dont l'ignominieuse théocratie, tant adulée par Zeus. Rappelons que Bourguiba et Ben Ali, tout comme leurs héritiers, étaient déterminés à se plier à la règle de l'alternance. C'est d'ailleurs dans cette louable intention que Bourguiba a préféré le titre de président à celui de roi. Deux décennies plus tard, il les a combinés pour s'octroyer le titre grandiloquent de roisident. Ben Ali n'a fait que marcher sur les traces de son prédécesseur.
Zeus ambitionne, lui, de combiner les titres de président et de calife, mais pas pour en extraire un titre nouveau. Son désir, à lui, est, tout simplement, de substituer le second au premier. Un jour, sans coup férir, il grimperait les degrés de son Minbar pour annoncer au monde, enfin à la merci de son irremplaçabilité, que le titre de président, ce vestige de l'impiété, n'est plus de cours. Désormais, il n'y aura de place que pour le calife. Amen !


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