Nous avons reçu de la part du département de la communication de la Présidence de la République, le texte intégral de l'allocution prononcée ce matin à Addis Abeba, par le président tunisien Béji Caïd Essebsi, à la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine. Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux -Son Excellence, Monsieur Mulatu Teshome, Président de la République fédérale d'Ethiopie, -Son Excellence, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République islamique de Mauritanie, Président de l'Union africaine, -Son Excellence, Madame Nkosazana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l'Union africaine, Excellences, Mesdames et Messieurs, Je suis heureux d'exprimer ma profonde gratitude au Gouvernement de la République fédérale d'Ethiopie, pays frère, d'avoir accueilli ce sommet et mis tous les moyens pour assurer le succès de nos travaux. Je tiens également à remercier le Président de l'Union africaine, le frère Mohamed Ould Abdel Aziz, pour sa sagesse et ses efforts au cours de sa présidence de l'Union, tout en souhaitant à la nouvelle présidence plein succès dans sa mission. Je tiens également à remercier Dr Nkosazana Dlamini Zuma pour sa bonne gestion des affaires de la Commission et son abnégation à suivre les travaux de nos réunions et mettre en oeuvre l'action africaine commune. Je profite de cette occasion pour adresser mes plus chaleureuses félicitations à mes frères présidents africains qui ont été élus au cours de l'année 2014, et leur souhaiter plein succès dans leur noble mission, et à leurs peuples davantage de progrès et de prospérité. Permettez-moi, mes frères présidents africains, d'échanger avec vous ma vision des moyens les plus efficaces pour relever les défis en Afrique, tout en partageant avec vous le fruit d'une longue expérience qui m'a permis d'accompagner la marche de notre continent, accompagné par certains des pères fondateurs de notre organisation et les pionniers de la renaissance africaine, y compris les leaders Habib Bourguiba, Léopold Sédar Senghor, Félix Houphouët-Boigny et Kwame Nkrumah. Mesdames et Messieurs, C'est avec grande fierté que je m'adresse, aujourd'hui, du haut de cette tribune, à mes frères africains à l'occasion de ma première participation à l'étranger comme premier président élu de la Deuxième République Tunisienne. Je suis heureux de saisir cette occasion pour assurer que le choix démocratique que s'est fixée la Tunisie est irréversible. Il est synonyme du processus suivi par les pays de notre continent vers plus de démocratie, de liberté et d'ouverture, chacun selon ses choix et dans le respect de sa souveraineté et ses spécificités. Les Tunisiens ont écrit, il y a quelques semaines, une page éclairée de leur histoire. Ils ont prouvé, à travers l'organisation d'élections libres, pluralistes et impartiales, que les peuples du continent peuvent édifier leur présent et avenir avec leurs propres mains. Ce n'était pas une chose facile pour les Tunisiens n'eût été leur détermination de choisir l'approche consensuelle qui demeurera le slogan de la prochaine étape politique. Tout en exprimant ma fierté quant au travail accompli par le peuple tunisien et ses sacrifices qui ont abouti à l'adoption d'une constitution civile et démocratique et la tenue d'élections législatives et présidentielles, dont le monde entier a reconnu la transparence et l'impartialité, je souhaite exprimer, aussi, ma gratitude à mes frères africains qui ont soutenu la Tunisie dans sa marche vers la stabilité et la démocratie. Mesdames et Messieurs, La Tunisie est fière de son appartenance africaine. Elle est déterminée à reprendre sa place, restaurer son prestige et l'éclat de ses liens historiques avec les pays du continent politiquement, économiquement et culturellement. Car, c'est la Tunisie qui a donné son nom au continent et qui a été depuis le début des années de l'indépendance, un fervent partisan des pays africains qui aspiraient à se libérer du joug du colonialisme. Elle met, aujourd'hui, son potentiel et son expérience au service d'un partenariat solidaire africain. Croyant en l'unité de notre destin et la capacité des peuples du continent à améliorer leur présent et leur avenir, la Tunisie est déterminée à travailler avec nos frères africains afin de renforcer et diversifier la coopération dans les différents domaines, et remédier aux lacunes des années précédentes qui ont entravé la réalisation des opportunités d'un partenariat réel et effectif. Nous sommes sûrs que notre continent, qui a réalisé des taux de croissance respectables au cours des dernières années, est capable de répondre aux aspirations de ses peuples au développement, à la sécurité et la stabilité. La Tunisie, qui enregistre avec satisfaction la baisse du nombre des conflits en Afrique, souligne la nécessité de poursuivre la résolution des conflits et leur confinement dans un cadre africain qui fait du consensus une approche pour résoudre les différends internes. La consolidation des fondements de l'action commune et l'intensification de la concertation sont indispensables pour briser le cycle de la violence vécue par certains pays du continent comme la Libye, pays frère, avec qui, nous partageons joie et tristesse. La sécurité de la Libye n'est pas seulement la sécurité de la Tunisie, elle est aussi, celle de toute la région. Nous encourageons tous les efforts bienveillants pour trouver une solution politique à la crise en Libye, pays frère, et nous espérons que les frères libyens parviennent, à travers un dialogue national global et consensuel, à mettre fin à la crise par des moyens politiques et à assurer la sécurité et la stabilité dans leur pays. Nous sommes totalement disposés à encourager nos frères Libyens à poursuivre l'option de la réconciliation et la compréhension comme moyen pour résoudre la crise actuelle. Mesdames et Messieurs, Notre continent mène aujourd'hui une guerre contre les organisations terroristes qui se cachent derrière la religion. Nous sommes invités aujourd'hui à serrer les rangs de nos forces nationales à l'intérieur de nos pays et nous activer régionalement et internationalement dans une approche solidaire et ferme. La guerre nous a unis dans le passé dans notre lutte contre le colonialisme, elle nous unit aujourd'hui plus que jamais dans la lutte contre le terrorisme. Tout en exprimant notre solidarité avec tous les pays ciblés par le phénomène terroriste, nous estimons que la défaite de ce fléau transnational est la responsabilité de tous les pays du monde. Le danger imminent guette tout le monde et aucun pays n'est à l'abri. Je ne peux, dans le cadre du thème général de cette session dédiée à «l'autonomisation et le développement des femmes en Afrique dans le cadre de la mise en oeuvre de l'Agenda 2063 de l'Union africaine", que mettre l'accent sur notre conviction que la femme est l'essence même du développement national en Afrique. Ceci est une conviction qui a été consolidée par son statut légal pionnier depuis les premières années de l'indépendance et renforcée par son rôle privilégié dans le succès du processus transitionnel et la consécration de la démocratie et son vote massif en faveur du projet moderniste qu'on a proposé au peuple tunisien. En conclusion, j'espère que les travaux de notre sommet soient couronnés de succès et nous conduisent à des décisions et recommandations qui reflètent notre profonde compréhension de l'ampleur de nos responsabilités et la gravité de la conjoncture par laquelle passe notre continent. Merci de votre attention.