En ce premier jour de grève des instituteurs, on avait comme une information qui disait que les agents de la STEG allaient rompre leur grève et reprendre du boulot. C'était tellement heureux qu'à l'occasion, on recevait par SMS une invitation à aller régler les factures de consommation de l'électricité et du gaz. Les plus zélés s'en sont allés au plus vite accomplir leur devoir de citoyen, mais voilà que la porte extérieure est fermée, chaînette et cadenas à l'appui (en tout cas pour certains district). Le gardien est là, cependant, pour murmurer laconiquement : « Grève ouverte, Messieurs Dames ! ». On reprend sa voiture et l'on se remet à errer parmi les stations radio pour rester le plus informé possible. C'est d'autant plus utile que le temps scolaire est à l'ordre de tous les débats ou presque. En passant, on apprend, par ailleurs, que la grève des instituteurs est à cent pour cent réussie dans certains établissements et qu'elle est par trop partielle dans d'autres. En tout cas le syndicat tient bon et menace de continuer avec la grève administrative qui pourrait aller jusqu'au boycott des examens. Je me rappelle alors une discussion récente avec des parents d'élèves qui commentaient le mouvement des instituteurs et qui s'inquiétaient de cette histoire de boycott des examens, se proposant eux-mêmes pour la surveillance des épreuves. L'un d'eux remarqua, sereinement : « La solution est pourtant simple : on fait passer tout le monde, sans examens». Si c'était aussi simple ! Pour ce qui concerne les débats radiophoniques sur le temps scolaire, à part une animatrice qui confondait les « maouaed » (tables à repas), avec les « maouad » (matières), certains parents réclamaient le retour à la journée à deux séances, plutôt qu'à une seule, oubliant que c'était eux qui avait exigé la formule actuelle. Puis on allait dans tous les sens jusqu'à la réalisation du seul objectif visé : remplir le temps radiophonique programmé. On s'ennuie un peu, on vire sur une autre chaîne et l'on tombe sur un célébrissime leader politique qui s'est décousu les lèvres pour reprocher au gouvernement de ne pas mobiliser les psychologues, les sociologues et les universitaires afin qu'ils étudient les personnalités de nos terroristes et trouver l'explication de leur engagement dans cette pratique que nous condamnons. Pour lui, avec Ben Ali, on défendait leur droit à la barbe ; aujourd'hui, on doit défendre leur droit à l'assistance psychologique. C'est une question de droits de l'homme et c'est une responsabilité urgente du gouvernement. En descendant de voiture, c'est un autre moins célébrissime leader de la même famille partagée qui développe largement la dernière initiative de son ex-président, la mobilisation de ce dernier pour une pétition internationale cherchant à empêcher la mort de Morsi. Louable est toute opposition à la mort absurde, surtout celle des victimes innocentes du terrorisme sauvage. Pourquoi donc notre ex-provisoire de président ne se mobiliserait-il pas, par la même, pour la condamnation du daéchisme et du terrorisme ? J'entends déjà qui me chuchote : « Il attend que l'ordre lui en soit donné par ses commanditaires ».