L'artisanat est un secteur économique un peu à part du fait que, dans l'inconscient collectif, ses articles se situent entre le produit (dans le sens classique du terme) et l'objet d'art. D'où la difficulté que, quels que soient les outils de promotion déployés par l'Etat, les articles de l'artisanat ne remporteront un réel succès que s'ils sont d'une excellente qualité. En Tunisie, les mesures visant la dynamisation du secteur de l'artisanat se sont multipliées d'une manière suivie depuis des années. Et les dernières en date, celles du 16 mars courant, vont encore dans ce sens : création d'un Centre technique du tapis et du tissage essentiellement pour faire face à la disparition progressive des maîtres artisans dans ce domaine, intégration des groupements de services pour faciliter l'approvisionnement et la commercialisation qui sont des talons d'Achille dans ce domaine, extension des crédits des fonds de roulement pour soutenir les artisans en difficulté, encouragement à la généralisation des boutiques de l'artisanat sur les sites archéologiques pour créer de nouveaux débouchés Pourtant, on se demande quelles seraient les répercussions de ces nouvelles marques de bonne volonté de la part de l'administration quand on examine de près les articles des artisans tunisiens dans les souks, les lieux touristiques, les boutiques spécialisées Car, à part quelques rares exceptions, on constate malheureusement un tel manque de qualité, une telle nonchalance dans les détails que l'on se dit qu'il ne leur reste en définitive à l'étalage que le bas de gamme. Certes, des organismes comme la SOCOPA s'efforcent d'être les plus sélectifs possibles pour ne laisser en vitrine que ce qu'il y a de meilleur . Certes aussi, nous assistons à l'émergence de jeunes artisans dont beaucoup sont issus des Beaux Arts et qui font la différence par leur souci du détail et du « beau ». Mais c'est justement la grande majorité qui nous inquiète, et qui oublie qu'il n'est point de survie pour l'artisanat sans engagement à fond sur le chemin de la perfection. De fait, nos artisans devraient se poser ces questions toutes simples au moment du choix de l' article à exposer : pourquoi m'achètera-t-on cet article ? Est-il seulement typique ou vraiment beau, bien fait et solide ? Peut-il concurrencer un article analogue japonais, grec, thaïlandais, péruvien ?