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Tunisie: "Préservez cette nouvelle liberté", dixit Jean Daniel
Publié dans WMC actualités le 18 - 03 - 2011

Reconquérir la souveraineté populaire et respirer enfin l'air de la liberté. Mais d'abord, veiller à préserver cette liberté.
Samedi 12 mars2011, Jean Daniel était l'invité de Hélé Béji, au Collège International de Tunis, tribune qui lui est familière et qu'il retrouve pour la quatrième fois. Ce dernier déplacement vaut engagement personnel, de sa part, en faveur de la Révolution de la dignité. Il l'a déjà ralliée dès les premières heures en interrompant la rédaction d'un livre en cours. Et il l'a tôt saluée par deux éditos enthousiastes. Cette révolution a charmé, par sa vertu, soutient-il, faisant part de son sentiment propre et de celui des amis de la Tunisie. Mais elle est encore vulnérable, prévient-il, car elle n'a pas encore tracé d'itinéraire.
Jean Daniel est venu verser son tribut à la Révolution en contribuant à l'effort collectif des Tunisiens pour l'exploration des perspectives démocratiques. La Tunisie respire enfin l'air inestimable de la liberté. Et, il rappelle qu'il faut savoir ne pas la laisser nous filer entre les mains. Il y a en effet risque d'éparpillement, et peut-être même de déviance, car la contre révolution guette!
Le Collège a enfin un visa légal ; hourrah !
On a fait du maquis, intellectuel cela s'entend, au Collège International de Tunis durant les 23 ans de dictature. En effet, la maîtresse des lieux, qui nous a réchauffés ce samedi froid, avec des «Kanouns» qui exhalaient du «Jaoui», manière d'encenser ses invités, est une «résistante» du débat d'idées. Elle a géré le Collège en clandestinité déclarée, partageant le travail avec son mari. Alors qu'elle animait les débats et beaucoup de penseurs illustres se sont succédé à cette chaire: Khaled Béji, aux mensurations de gladiateur, jouait aux brise-lames en stoppant les agents de «l'inquisition», souvent en les baratinant, qui finissaient par rebrousser chemin renonçant à leur zèle de censeurs.
Enfin, tout cela est oublié. Le collège est libre. Elle, avec des yeux à la Elsa Triollet, et lui avec le cran de Louis Aragon, nous ont fait vibrer de longues années durant avec une effervescence, mode Montparnasse, à la Rue «EL Marr» impasse «Abderraouf».
Un jour, il y aura un prix Hélé Béji comme il existe un prix Hannah Arendt. Et ce ne sera que justice, en regard de cette ferveur militante. Et d'ailleurs, cette ferveur est communicative et l'intervention de Jean Daniel en était toute emprunte. Jean Daniel, avec la «nonantaine» lucide et leste -Tbarkallah- est la mémoire du monde contemporain, dans la profession. Le doyen de la presse francophone, ex-æquo avec Jean d'Ormesson, a vécu les nombreux hoquets de l'histoire et de la politique de notre temps, aux premières loges. Et cela le maintient toujours en état de relativisation, de même qu'il l'a précisé lui-même.
La voie de la non violence, l'honneur immaculé de la Révolution
La Révolution tunisiennes a su se protéger des démons de la violence, même si l'immolation de Mohamed Bouazizi a été vécue par les Tunisiens dans leur chair, et Jean Daniel n'y a pas échappé, lui qui a versé le prix du sang, se blessant alors qu'il couvrait les péripéties de la guerre d'évacuation à Bizerte en 1960. De même, elle s'est gardée de la chasse aux sorcières et de la vindicte. Elle n'a pas versé dans l'épuration à tout va, laissant la justice faire son œuvre. Cette démarche est noble. Elle témoigne du haut sens de l'histoire chez le peuple tunisien. Cette révolution vertueuse, délibérément, n'a pas été mangeuse d'hommes.
Jean Daniel insistait particulièrement sur cet aspect car tous les amis de la Tunisie pariaient sur notre sens du civisme. Et, Jean Daniel de rappeler que c'était là le choix de tous les gagnants de l'histoire en rappelant la controverse qui opposait Nehru à Ghandi, si attaché à la non violence par conviction. Et, par choix tactique car la non violence divise le camp ennemi et les défenseurs de la liberté finiront par faire dissidence et rejoindront la juste cause. Ghandi a ainsi triomphé du colonialisme britannique comme la Tunisie du mouvement national a fini par diviser la classe politique française faisant émerger Pierre Mendés France. C'est lui qui a initié le mouvement de la décolonisation qui a fait du bien, autant à la Tunisie qu'à la France.
La liberté et ses contingences
Cette «expérience» tunisienne, Jean Daniel la possède sur le bout des doigts, lui le compagnon de Habib Bourguiba, team leader des militants de l'indépendance et père de la Nation. Le journaliste, témoin de notre époque, considère que le code génétique de la Tunisie moderne porte un trait d'individualité remarquable. D'abord, par ses réalisations au plan national et ce jusque dans le choix des concepts. Tel celui de l'émancipation de la femme et de la société tunisienne. Que par ses repères au plan des relations internationales. Cela est le cas pour la position de la Tunisie face au courant du Non Alignement, jusque dans sa solution du conflit israélo-palestinien, et le discours de 1965 de Bourguiba à Jéricho reste un référentiel encore d'actualité.
Par-dessus tout, Jean Daniel fait une grande place au concept de gradualisme, c'est-à-dire cette démarche de progressivité qui a marqué la méthode tunisienne en politique. Et le conférencier de rappeler que les Tunisiens ont conservé ce réflexe.
A présent qu'ils ont payé le prix de la liberté, par la vie des martyrs de la Révolution, il faudrait qu'ils s'apaisent pour garder cette liberté et pour piloter le chantier démocratique. La liberté, ils la respirent pour la première fois. Bourguiba leur a offert un destin, mais pas la liberté. Lui, «l'élu» de la nation se sentait une âme «d'instituteur» et il est vrai que Bourguiba savait y faire avec le peuple et était doué pour la pédagogie, en politique.
Mais le despote éclairé n'a pas su lâcher du lest, bloquant la trajectoire démocratique qui devait fatalement déboucher sur l'alternance. Il s'est refusé à cette option et la lumière céda la place à l'arbitraire. On connaît la suite. Tout le travail, à présent, sera de préserver cette liberté, dans les dédales du nouvel édifice démocratique qu'il faudra concevoir et mettre sur pied.
Le pari de Hegel pour un Etat Fort
La liberté, insistait Jean Daniel, est toujours sujette à contingences. On ne sait pas ce qui peut arriver, quand on évolue sur un terrain démocratique que nous découvrons pour la première fois. Les courants politiques trustent le champ public et fragmentent le socle de l'opinion nationale. Jusque-là le pays a eu à se prononcer sur des questions fondamentales, telles l'éducation publique et gratuite, la santé, la circonscription populaire pour l'armée, etc.; demain, l'irruption des partis va faire apparaître des clivages qui vont fragmenter le front populaire. Il y aura des militants qui vont se mobiliser pour leurs idées politiques. On pense que le débat d'idées va éclipser le débat national, le seul qu'on ait pratiqué mais c'est celui qui a conforté notre unité nationale, éliminant par la même la lutte des classes et le régionalisme.
Le premier parti de Tunisie a été le corps de l'administration. Hélas, nous n'avons pas su le prémunir de la bureaucratie. Il a été facile à l'oligarchie mafieuse de l'instrumentaliser. Mais la particularité tunisienne, semblait dire Jean Daniel, est que le collectif des vertueux du corps de l'Administration a résisté aux forces du mal et le pays a fonctionné y compris sous la dictature.
De son extrême délicatesse, et de sa prudence professionnelle, le conférencier a parlé du devenir de la révolution en termes allusifs. C'est au détour d'une anecdote savoureuse qu'il a distillé un message pertinent. Au cœur de la crise de mai 68, Raymond Aron, fidèle au camp du Général De Gaulle, voulait faire raison garder à Michel Foucault, rangé à la dynamique de la contestation l'invitant à «rester Hégélien et de ne pas piétiner le lustre de l'Etat». Et l'Etat tunisien est notre réalisation la plus précieuse. L'Assemblée constituante devra en tenir compte. Un Etat fort, cela donne des indications précises sur l'édifice démocratique à mettre en place pour l'avenir. Une option parlementariste nous exposerait aux vents mauvais des extrémismes de tous bords. D'autant qu'on les voit s'activer à prendre la place de l'Etat pour assurer des prestations sociales qui leur procurent une proximité populaire qui pourrait demain être un levier redoutable la veille des scrutins.


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