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• "Le président déchu est un voyou : Comment s'appelle-t-il déjà ce voyou ? " - • " Il faut préserver la Révolution des perversions et des déviations Le regard de Jean Daniel sur la Révolution tunisienne (Conférence au Collège international de Tunis
"Bourguiba a toujors dit qu'il était un grand homme pour un petit pays ... Avec cette Révolution, le peuple tunisien a montré qu'il était grand et plus grand que Bourguiba " - Vétéran de tous les derniers combats de libération et défenseur engagé des justes causes, le penseur, écrivain et chroniqueur français très connu, notamment à travers ses éditoriaux dans le journal français ‘"le Nouvel Observateur", Jean Daniel, a donné, ce samedi 12 mars, au Collège international de Tunis, une conférence consacrée entièrement à la Révolution tunisienne. Jean Daniel a mis l'accent, principalement, sur l'aspect non violent de la Révolution tunisienne, la qualifiant d'évènement irréductible que d'aucuns chercheront en vain à expliquer. " Ce qui est arrivé est mystérieux et imprévu, car personne ne le prévoyait, et quand les évènements arrivent, la description des conditions de leur émergence dépend de leur reconstitution par les historiens. Ces derniers diront que les conditions étaient réunies pour l'émergence de la Révolution tunisienne. Mais pourquoi en ce moment justement. Pourquoi cet homme qui s'était immolé par le feu et pourquoi cette petite ville de Sidi Bouzid, car avant, il y avait eu, toujours un despotisme, un voyou, il y avait l'arbitraire. C'est dire qu'il ne faut pas chercher à trouver, chaque fois, à un évènement aussi grand que la Révolution tunisienne, des raisons. "Aussi, est-ce avec un sentiment d'émerveillement que j'ai vécu cet évènement. Ceci a été rajeunissant et stimulant pour moi, a dit Jean Daniel ajoutant: j'ai toujours eu un certain attendrissement à l'égard de la Tunisie et voilà que quelque chose de grand en émerge, qui attire l'attention du monde entier et ceci en dépit des propos du leader Habib Bourguiba, premier président de la République tunisienne, disant de lui qu'il était un grand homme pour un petit pays comme la Tunisie. Par cette Révolution, le peuple tunisien a montré qu'il était grand et plus grand que Bourguiba, ce despote éclairé mais mégalomane en croyant être indispensable et irremplaçable pour diriger son pays sur le bon chemin. La Révolution tunisienne, a ajouté Jean Daniel, s'est distinguée par sa non violence, contrairement à l'opinion de certains doctrinaires comme Sartre qui ne concevaient pas la Révolution sans violence. Les jeunes tunisiens qui ont accompli la Révolution tunisienne n'ont pas été violents et ils n'étaient pas les premiers à y recourir mais ils étaient parfois obligés de répondre à la violence policière et militaire par la violence. Se montrant à la fois tendre et critique à l'égard de Bourguiba dont il avait été l'ami, Jean Daniel a rapproché la non violence de la Révolution tunisienne à la politique des étapes de Bourguiba qui évitait aussi de recourir aux moyens violents. Il a cité aussi l'exemple du leader indien et apôtre de la non violence Ghandi pour qui l'efficacité de la non violence est qu'elle culpabilise l'ennemi et divise son camp. Il a cité aussi l'exemple du président palestinien actuel Mahmoud Abbès qui a regretté, dans un de ses écrits, de voir la contre violence opposée par les Palestiniens à la violence israélienne a contribué plutôt à unir le front intérieur israélien contre les Palestiniens, poussant beaucoup de militants pacifistes de la gauche israélienne à avoir une position réservée à l'égard de la cause palestinienne . A signaler que Jean Daniel a été parmi les premiers intellectuels et militants de la gauche française à soutenir les droits des Palestiniens, tout en vouant une profonde sympathie pour Israël. Par contre, il a qualifié le président déchu Ben Ali de voyou, acceptant à peine de prononcer son nom. "Comment s'appelle-t-il déjà ce voyou, a-t-il ironisé avant de le faire. Liberté, risques et confiance Jean Daniel s'est, en outre, étendu sur les dangers qui guettent la Révolution tunisienne du fait même de la liberté qu'elle a permis de reconquérir en faveur de tout le monde, car la liberté comporte intrinsèquement des risques. Il a recommandé la vigilance afin de préserver la Révolution des perversions et des déviations. Le but est l'instauration d'un ordre démocratique mais la Révolution ne mène pas automatiquement à la démocratie. "Les Révolutions peuvent être accomplies par des gens candides mais peuvent être exploitées à leur insu par des gens doués, a dit Jean Daniel soulignant que la liberté est justement le contraire de la nécessité en ce qu'elle est la possibilité et le moyen pour l'individu de maîtriser son destin et de construire son avenir par lui-même. Elle a le mérite d'être une multiplicité de possibilités impliquant la participation d'une multiplicité d'acteurs à la fois, partis politiques, syndicats, femmes, intellectuels, islamistes, jeunes, et moins jeunes. Et parce que la liberté est le fait de décider seul en tout moment, elle est difficile à assumer au point qu'on accepte parfois de l'aliéner. "Autant le despotisme éclairé comme celui de Bourguiba peut donner des voyous comme Ben Ali, autant la liberté peut déboucher sur la non démocratie, ce qui montre toutes les exigences de vigilance et les grands paris qui guettent les Tunisiens et les Tunisiennes en vue de sauvegarder les valeurs de leur Révolution, a conclu Jean Daniel qui s'est dit néanmoins confiant, malgré tout, notamment après l'élaboration et l'adoption officielle de la feuille de route devant conduire aux élections d'une Assemblée constituante tunisienne chargée d'élaborer une nouvelle Constitution tunisienne fondée sur les principes de la Révolution, la liberté, la démocratie et la dignité pour tous sans exception, ni exclusion aucune.