Quel modèle de développement voulons-nous? Car il faut «de la prospérité pour consolider la démocratie», a indiqué Jelloul Ayed, ministre des Finances, lors d'une table ronde organisée vendredi 29 juillet à propos de la création récente de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC) en Tunisie. Deux véhicules innovants pourraient uvrer au développement économique: la CDC, qui doit être autonome pour opérer avec souplesse et qui pourrait contribuer efficacement dans l'extension et le déploiement des infrastructures ainsi que l'accompagnement des PME/PMI. «La gestion de cette structure doit être parfaite et ses managers doivent figurer parmi les meilleures compétences». La deuxième structure est le «Fonds générationnel». Son rôle est de contrôler les investissements. Pendant des décennies, a indiqué le ministre, l'Etat a été le plus grand investisseur dans les infrastructures et les grandes zones industrielles et pas toujours le meilleur. L'Etat ne peut pas tout faire et tout réussir Le secteur privé, estime le ministre des Finances, est appelé à jouer un rôle beaucoup plus important. «Je me suis amusé à appeler les plus grands groupes tunisiens et à leur poser une question toute simple: Quelle est votre capacité d'investir aujourd'hui, et si vous deviez décider d'une enveloppe d'investissement, elle se chiffrerait à combien? La réponse a été très décevante: 100 millions, 150 millions de dinars!». Un poste d'emploi nécessite à lui seul 50 mille dinars minimum. Pour 700.000 chômeurs, il faudrait une enveloppe d'investissement globale d'à peu près 40 milliards de dinars «pour résorber tout juste les chômeurs sur le marché et en se fixant comme objectif de solutionner la question de l'inemploi». D'après Jelloul Ayed, réunir un tel montant ne sera pas aisé par le biais des moyens classiques si ce n'est l'idée «inspirée des meilleures pratiques qui consiste en la création d'un Fonds stratégique d'Investissements. Un fonds générationnel qui consiste principalement à accompagner l'Etat par une mise initiale et en faisant appel aux investisseurs institutionnels du Golfe, d'Europe et parmi les partenaires financiers pour arriver à une enveloppe de 5 milliards de dinars». D'après le ministre tunisien des Finances, cette somme pourrait bien être réunie, d'ici la fin de l'année 2011, ce qui permettrait, par le truchement d'effet de levier et «ses multiplicateurs à une enveloppe d'investissement potentielle de 35 à 40 milliards de dinars». Le holding qui serait créé serait un fonds des fonds. A titre d'exemple, un fonds pour financer les infrastructures et qui passerait les critères de l'investissement privé -ce qui est différent de la CDC dont les financements sont beaucoup plus lourds-, d'autres aussi. Des fonds, tels le capital-risque, le capital développement ou encore le capital transmission Le Fonds stratégique combinerait des financements publics et privés y compris ceux internationaux pour soutenir des secteurs à forte employabilité comme les TIC, le tourisme et la Recherche-Développement, le but est la multiplication et la création de nouvelles entreprises. uvrer pour l'émergence d'une nouvelle classe d'hommes d'affaires L'un des premiers projets lancés au niveau du ministère des Finances est la refonte ainsi que la révision globale des cadres réglementaires du capital-risque et celui développement. «Les Sicars créées en Tunisie n'ont aucun rapport avec le capital-risque, certaines ont bien fonctionné mais ce n'est pas du tout dans l'option développement». Pour encourager les PME/PMI à lever des fonds sur le marché financier hors secteur bancaire, les pouvoirs publics s'attelleront dans les prochains mois à développer massivement le marché boursier, en y introduisant certaines sociétés qui seront reprises par l'Etat dans le cadre de la confiscation des biens et la création d'un Fonds financier pour assurer la pérennité du développement économique. D'autres fonds sectoriels seront mis en place dans le tourisme, les technologies, la grande distribution et l'immobilier. «L'idée derrière la création de tous ces fonds c'est de professionnaliser l'investissement et d'assurer les meilleures conditions pour l'émergence d'une nouvelle classe d'hommes d'affaires dans notre pays qui auraient la chance de travailler avec des experts pour adopter les meilleures pratiques et stratégies pour développer leurs projets». La relation entre les deux véhicules, a précisé le ministre des Finances, à savoir la CDP et le Fonds générationnel, sera très bien articulée. Il y aura une synergie entre les deux fonds surtout pour les grands projets comme celui de l'Energie solaire. «Ils seront mis en musique car complémentaires et harmonieux et formeront une structure bipolaire d'investissement et de développement PME/PMI». Les ressources de la CDC se limiteront dans un premier temps à l'épargne postale, et, à long terme, on pourrait lever des capitaux sur le marché financier, l'Etat pourrait couvrir les risques de changes pour les capitaux levés en devises. «Reste que le souci des pouvoirs publics sera de préserver les ressources de la Caisse et d'en dégager des valeurs qui peuvent servir de réserves en cas de besoin». La CDC, institution financière publique en charge de missions d'intérêt général, serait le bras financier de l'Etat tunisien et son principal instrument pour le financement des gros ouvrages au niveau des collectivités locales. La Caisse de Dépôts et de Gestion, c'est l'acteur de référence pour le développement du secteur financier et la réalisation de grands projets territoriaux structurants au Maroc. Elle a beaucoup évolué durant les 10 dernières. «Il est fort probable que les postes d'emplois créés, grâce à elle, se mesurent à des centaines de milliers d'emplois», a précisé M. Ayed. «En France, on innove toujours dans les modes de soutien apportés aux PME/PMI, le dernier en date est un fonds national d'amorçage car nous savons à quel point les petites et moyennes entreprises ont besoin de ce genre de fonds pour capital initial pour amorcer leurs petits projets», d'où l'importance de la création d'un Fonds générationnel pour accompagner la CDC tunisienne. La CDC doit garder son indépendance afin de rétablir la confiance, du peuple, ébranlée par des années de pratiques malsaines, dans le service public et assurer le développement de projets en rapport avec la création de l'emploi et le progrès économique.