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Tunisie : Troubles psychiques… la Révolution du 14 janvier 2011 est passée par-là
Publié dans WMC actualités le 12 - 01 - 2013

«Un séisme». Voilà comment le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jebali, a qualifié, vendredi 7 décembre 2012, au port d'El Kantaoui, à Sousse, au cours des Journées de l'entreprise, devant un parterre notamment d'hommes d'affaires, de hauts cadres de l'administration et du secteur privé et d'universitaires, la révolution du 14 janvier 2011. Et il n'avait pas du tout tort.
Cette affirmation était faite –on le comprend- pour expliquer entre autres les conséquences observées notamment au niveau de la marche des affaires en Tunisie. Pour le chef du gouvernement, ce séisme explique le «repli» constaté de la part de certains hommes d'affaires tunisiens en matière d'investissement. Une partie importante des débats avait été consacrée, vous vous en souvenez certainement, aux voies et moyens de relancer les investissements dans le pays.
Mais, la Révolution du 14 janvier 2011 n'a pas troublé les seuls milieux d'affaires en Tunisie. Loin s'en faut. Une source bien informée nous indique que le nombre des consultations a progressé de près de 20% dans les mois qui ont suivi le déclenchement de la révolution à l'Hôpital psychiatrique Razi de La Manouba. Sans donner de chiffre précis, la même source révèle une augmentation des consultations chez les psychiatres du privé.
Même les médecins, qu'ils soient généralistes ou spécialistes, peuvent vous livrer quelquefois le cas de patients qui se présentent pour des maux de tête ou un soupçon de signes de diabète ou encore de tension artérielle si ce n'est pas de maladies cardiaques alors qu'il n'en est rien.
Professeur de psychiatrie et présidente de la Société Tunisienne de Psychiatrie à l'Hôpital Razi, Rym Ghachem Attia reconnaît que la révolution du 14 janvier 2011 a eu des effets. Elle peut notamment vous entretenir de ce «stress post-traumatique» qui a fait une belle apparition.
«Le premier critère de diagnostic est l'existence d'un facteur de stress de nature extrême, au sens qu'il serait traumatisant pour tout un chacun, excluant, ainsi, les péripéties de la vie courante tels les conflits conjugaux, les soucis financiers ou maladies chroniques», explique-t-elle.
Syndrome permanent d'activation neurovégétative
Elle ajoute: «Les événements traumatiques qui sont directement vécus comprennent, de manière non limitative, le combat militaire, les agressions personnelles violentes (physiques ou sexuelles, en particulier le viol), l'enlèvement, la prise d'otages, les attaques terroristes, la torture, l'incarcération en tant que prisonnier de guerre ou dans un camp de concentration, les catastrophes naturelles ou d'origine humaines (tremblement de terre, éruption volcanique, inondation, incendie), les accidents de voiture graves mais aussi l'annonce d'une maladie mettant en jeu le pronostic vital».
Pour la professeure Rym Ghachem Attia, «Les manifestations caractéristiques qui résultent de l'exposition à un traumatisme extrême sont ordonnées en trois syndromes: le syndrome de répétition de l'événement traumatique, le syndrome d'évitement persistant des stimuli associés au trouble avec émoussement de la réactivité générale et le syndrome permanent d'activation neurovégétative».
Au niveau de ce dernier terrain, «les troubles évoluent sur un fond permanent d'anxiété et d'hypervigilance dont peuvent témoigner des difficultés d'endormissement et de maintien du sommeil, liés en partie aux cauchemars répétés, des réactions exagérées de sursaut, une hyperirritabilité et des difficultés de concentration.
Le fait que la peur des forces de l'ordre ait un tant soit peu diminué, voire était chez certains sujets quasi absente, a fait augmenté l'agressivité et même les actes d'agressions, souligne-t-elle par ailleurs.
Troubles du sommeil et cauchemars
Universitaire également et sociologue, Senim Ben Abdallalh, pense lui aussi que la révolution du 14 janvier 2011 a perturbé le vécu psychique des Tunisiens. Ou du moins certains d'entre eux.
Certains ont perdu pour ainsi dire leurs repères. Habitués à un certain rythme de vie, certains ont mal supporté l'insécurité et ont des craintes sur l'avenir qu'ils voyaient plus tranquille. Nombre de manifestations sont là pour donner toute la mesure de ces bouleversements.
Ainsi, certains ne sortent pas le soir de peur d'être agressés. Certains ne sortent plus qu'en groupe. Ou encore des femmes ne sortent plus qu'accompagnées. D'autres femmes on porté le Hijab (le voile) estimant qu'elles pourraient être moins agressées.
D'autres encore ont été traumatisés par des images de violences vues à la télévision ou dans la rue. Et qui leur reviennent. Un effet somme toute de répétition. Qui a pour «corollaire» des troubles de sommeil, des cauchemars, des maux de tête voire des problèmes d'estomac. En fait, c'est ce que la médecine appelle des problèmes psychosomatiques. Le dictionnaire les définit ainsi: «manifestations de troubles psychiques au niveau de la santé physique sans qu'une autre cause puisse être établie».
Il est même arrivé que certains ne sortent plus ou ne s'aventurent pas en dehors de certains lieux. Un chauffeur de taxi affirme qu'il ne s'aventure pas au-delà de 19 heures et ne va pas de jour comme de nuit dans certains quartiers de Tunis.
10% d'augmentation du nombre de suicides
L'anxiété est partout présente dans ce schéma. Notamment avec les pertes au niveau de l'emploi occasionnées dans certains secteurs comme le tourisme ou encore dans l'industrie: des établissements hôteliers et des usines ont totalement fermé. Certains ont investi dedans des tonnes d'efforts et sont leur seul gagne-pain. Et il arrive que la conséquence soit la dépression.
Le volume des antidépresseurs et des anxiolytiques a largement augmenté, vous diront nombre de médecins et de pharmaciens. L'un d'entre eux nous a affirmé qu'il lui est arrivé de conseiller à ses clients d'aller faire du sport (notamment de la marche) et d'aller changer d'air, ne serait-ce que dans un parc ou encore d'aller faire de la pêche plutôt que de prendre ces médicaments.
Il y a également ceux qui vivent dans la crainte de perdre un emploi, de ne pas être payé à la fin du mois ou encore de voir une prime non versée ou être obligé de changer de lieu de travail. Soit l'instabilité.
Cette dernière n'est pas toujours bonne conseillère. Le suicide aurait du reste même augmenté dans le Grand Tunis dans une marge de 10% en 2011, l'année de la révolution (100 contre 90 avant la révolution en moyenne et par an).


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