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Tunisie - Economie parallèle: «Un fléau qui risque de disloquer définitivement le tissu économique formel du pays», prévient Mourad Hattab
Publié dans WMC actualités le 29 - 04 - 2013

WMC : Pouvons-nous parler d'économie souterraine comme d'une planche de salut pour une population précarisée ou plutôt comme un moyen pour certains de s'octroyer ce que l'économie officielle leur refuse?
Mourad Hattab : L'économie souterraine communément appelée parallèle se définit généralement par sa distinction de l'économie formelle dont les agrégats sont inventoriés et intégrés dans les comptes de la nation selon les normes des finances publiques, telle IPSAS à titre d'exemple. Mais qu'il s'agisse d'un acte assumé ou subi à cause d'une précarité galopante, l'économie souterraine représente toujours des risques car elle peut être récupérée par des mafias de tous bords pouvant même entreprendre des investissements «providentiels» issus du blanchiment d'argent.
C'est donc le mode de fonctionnement de cette économie informelle qui n'a pas de caractère licite et dont les méthodes sont classées, aujourd'hui, comme étant presque criminelles se rapportant à l'économie et à la finance qui est hasardeux. Cette économie pose un problème délicat pour les analystes qui manquent de sources d'informations et qui n'ont pas assez de matières qui leur faciliteraient de cerner et de paramétrer ses risques, son impact, sa gravité et son avènement au niveau du cycle socio-économique d'un pays.
L'économie souterraine n'est pas qu'un fléau national, il est tout autant mondial. A quel niveau elle devient réellement destructrice?
A l'international, le volume transactionnel de l'économie souterraine, toutes composantes confondues, ne doit pas dépasser les 20% du PIB.
Quels sont les taux tolérés de l'économie parallèle ou souterraine de manière générale?
Dans tous les pays du monde, l'économie souterraine existe et ce pour nombre de raisons qui s'articulent essentiellement autour d'une volonté politique de résorber le problème du chômage et principalement dans les zones frontalières. C'est une justification de l'alliance entre la sphère politique et les sphères économiques mafieuses. Ceci est d'autant plus facile lorsque l'Etat n'a pas les moyens de contrôler le degré de perméabilité de son économie aux pratiques illicites, et c'est valable dans le cas des pays fragilisés par la faiblesse de leurs institutions. Pays dans lesquels les services douaniers, fiscaux et autres structures sécuritaires manquent de moyens et ne disposent pas de la logistique et des mécanismes de contrôle économique.
Ceci est pire dans les pays où la situation socio-économique se caractérise par des taux de chômage élevés, une grande stratification sociale et un décalage manifeste entre les régions.
Où commence la responsabilité de l'Etat et où s'arrête-t-elle s'agissant de l'économie souterraine ?
En Tunisie, l'économie informelle pose des problèmes dramatiques, elle s'élève aujourd'hui à 40% du PIB, ce qui équivaut à près de 28 milliards de dinars. Elle emploie, selon les rares études effectuées sur des échantillonnages dont les seuils de fiabilité sont critiquables, 140.000 personnes. Le drame est que 85% des PME en Tunisie opèrent dans des secteurs d'activités directement concurrencés par la sphère informelle. Elles s'approvisionnent auprès des acteurs agissant dans les filières souterraines pour profiter de produits peu coûteux, disponibles, des avantages qu'on ne trouve pas dans le circuit normal.
PME, PMI et petits commerces sont patentés, ce qui implique pour elles un manque à gagner considérable parce qu'elles s'acquittent des charges sociales et règlent les impôts sur les revenus et ceux sur les sociétés. Sachant que 60% des recettes de l'Etat proviennent des impôts sur les revenus, sur les sociétés et de ceux induits, tels la TVA et les droits de consommation.
Il y a par ailleurs une spécificité tunisienne. Une bonne composante de nos compatriotes pense que la contrebande passe uniquement par les frontières des pays voisins, ce qui ne reflète pas la réalité du terrain. La contrebande passe par les ports et les aéroports et agit dans le cadre d'une logistique officieusement officielle…
Comment y arrive-t-on alors que les ports et les aéroports sont censés être bien gardés, bien contrôlés et bien surveillés ?
Tout au long des 20 dernières années, nous avons vu naître en Tunisie un système prétendument légal dans le cadre duquel des sociétés écrans opèrent sans être inquiétées. On les dénombre à 600 avec une capitalisation totale qui tourne aux alentours de 6 milliards de dinars. Ces sociétés, gérées auparavant principalement par les proches de la femme de l'ancien président tunisien et par d'autres managers servant de couverture ou d'hommes de main figurant en second ou troisième rangs, ont réussi à ancrer toute une culture de contrebande financière, bancaire et fiscale parce que protégées par le pouvoir politique. Elles ont pu forcer les limites des lois et procédures douanières et fiscales. C'est ce que nous appelons les faiseurs de marchés (Market Makers).
Ces unités importantes ont étoffé le tissu économique et ont approvisionné des milliers d'entreprises par un flux croissant de produits qui ont envahi le marché national. Le taux d'accroissement des produits en question a été évalué selon certains monétaristes à 6%.
Ces grandes entreprises ont eu tous les privilèges pour ce qui est de l'obtention des marchés publics, ce qui a biaisé le système sans oublier les privilèges fiscaux et financiers qu'elles ont pu obtenir suite à 43 révisions du dernier code des Investissements fait sur mesure. Ceci a coûté à l'Etat 5,2 milliards de dinars. Ces sociétés, qui avaient le statut de «Market makers» du temps de l'ancien président, sont devenues aujourd'hui les teneurs du marché («Market Takers»). Elles, qui ont fait l'objet de confiscations systématiques, subissent aujourd'hui les aléas du marché et il ne sera pas aisé dans les conditions actuelles de gestion des affaires de l'Etat de récupérer les 3 milliards de dinars de prêts obtenus tout au long des 20 dernières années et qui ont englouti à peu près 67,4% des fonds propres nets bancaires en Tunisie. Les probabilités pour la récupération de ces dettes est très difficile. Selon Fitch Ratings, elles ne pourront pas dépasser les 7%.


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