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Tunisie-économie :
"Pour réussir, le gouvernement ne doit pas être atteint du virus de la main tremblante" (Moez Labidi)
Publié dans WMC actualités le 11 - 02 - 2014

Moez Laabidi reconnaît dans son analyse que la cacophonie institutionnelle, issue de la mauvaise gouvernance des dossiers de la transition démocratique, a accentué la dégradation des fondamentaux de l'économie tunisienne. Il appuie ainsi le couteau sur la plaie, car il n'y a qu'à voir les montants importants issus de la vente des parts de Tunisiana (650 millions de dinars), des 13% de la BT (240 millions de dinars) ainsi que les 1.900 millions de dinars de la vente des parts de Tunisies Télécom initialement réservés à l'amélioration des réseaux et infrastructures routières, à la création de cyberparcs à l'adresse de jeunes et à la création d'un fonds générationnels, aujourd'hui engloutis par un ogre appelé Administration et des dépenses publiques qui ont triplé ou plus en trois ans.
Sur un tout autre volet, M. Labidi dénonce l'incapacité des responsables du gouvernement sortant à maîtriser les circuits de distribution et à rationaliser les coûts de production, ce qui a limité l'efficacité des instruments conventionnels utilisés par la Banque centrale dans sa lutte contre l'inflation. Ceci a été conjugué à l'insécurité et au recul de la productivité, conséquence: détérioration de la balance des paiements extérieurs qui a clôturé l'année 2013 «avec un déficit de 8,3% du PIB contre 4,8% en 2010. Du coup, les avoirs nets en devises ont atteint, à la fin de l'année 2013, environ 11,6 milliards de dinars, soit 106 jours d'importation, contre 13 milliards de dinars (ou 147 jours d'importation) en décembre 2010». Une situation qui a, d'après l'auteur, «fortement pénalisé la monnaie tunisienne. Les pressions baissières sur le dinar l'ont ramené à des niveaux critiques: 1,683 TND pour un dollar et 2,3024 dinars vis-à-vis de l'euro, alors qu'il a terminé l'année 2010 avec un cours de 1,9210 contre la monnaie unique et 1,4393 contre le billet vert».
Mais il est un autre facteur, peut-être pas en relation directe avec les états financiers du pays, et qui pèse de tout son poids sur l'économie, c'est celui de l'instabilité sociale et du rôle des syndicats aujourd'hui en Tunisie dans la survie ou la mort d'une entreprise. La toute puissance ressentie par des bases syndicales un peu partout dans le pays et au-delà des revendications légitimes des travailleurs est en train de biaiser un équilibre des forces entre créateurs de richesses et potentiels humains qui risquent, à la longue, de détruire toute la machine productive du pays.
Dans la zone industrielle de Ben Arous, par exemple, le syndicat régional serait prêt, dans un esprit de militantisme presque primaire, à mettre en faillite des entreprises ou des groupes importants sous prétexte de sauvegarder les droits des travailleurs. C'est légitime à condition que les revendications soient acceptables et que les accords soient respectés.
Dans le cas d'Aérolia, attirée sur le site Tunisie par force milliards de dinars et pour laquelle un centre de formation a été dédié pour développer l'industrie aéronautique en Tunisie, les positions des syndicats sont presque suicidaires autant pour l'industrie elle-même que pour les travailleurs qu'ils prétendent défendre. Car à ce train là, ils vont se retrouver tous ensemble dans la rue et ils n'auront plus rien à défendre.
La valeur travail, la productivité sont devenues presque du non-sens face à la fièvre revendicatrice des uns et des autres. L'UGTT a, entre autres responsabilités, de maintenir ses troupes, de respecter le contrat social signé avec l'UTICA et de veiller à ce que le tissu industriel tunisien ne soit pas désintégré au profit d'un voisin tout prêt à accueillir les «victimes» des velléités de puissance des uns et des appétits populistes des autres…
Face à la fin d'une année catastrophique pour l'économie tunisienne et au bout de laquelle, reconnaissons-le, le pays a frôlé la banqueroute avec le refus des institutions financières internationales de débloquer les fonds annoncés ou négociés auparavant et l'impossibilité de la Tunisie de sortir sur les marchés financiers au vu de ses notations désastreuses, il est du devoir de tous les acteurs influents dans le pays qu'il s'agissent de ceux opérant dans le public, dans le privé ou dans la société civile de se serrer les coudes et de mettre tout en œuvre pour sauver 2014.
Pour l'auteur de l'analyse: «La trêve sociale est loin d'être garantie. Peut-on espérer la concrétisation d'un accord sérieux sur la trêve sociale, s'il n'y a aucun signe d'inversion de la courbe de l'inflation et d'amélioration du pouvoir d'achat? Comment une classe moyenne, de plus en plus paupérisée, pourra-t-elle renoncer aux revendications de majoration de revenus, lorsque la cargaison de l'austérité est supportée uniquement par les salariés?
«L'opposition doit déserter ses thèses populistes»…
Le début de l'année 2014 devrait être empreint d'optimisme, estime Moez Labidi. Mais, prudence est mère de sûreté, car il rappelle le sentiment presqu'euphorique qui a envahi les Tunisiens au début de 2011 a abouti sur une désillusion totale «pour nous forcer à réviser a la baisse nos prévisions. Bref, le choc de confiance est de retour. Avec une Constitution adoptée à l'unanimité et un gouvernement formé de compétences indépendantes, la Tunisie montre encore une fois au monde sa capacité à surmonter les défis».
Le choc de confiance généré par ces deux évènements a très vite impacté positivement le pays à trois niveaux: «Au niveau des bailleurs de fonds étrangers, qui ont fini par desserrer leurs restrictions sur le financement de l'économie tunisienne. Leur maestro, le Fonds monétaire international (FMI), n'a pas tardé à débloquer la deuxième tranche de son prêt standby… 506,7 millions de dollars ont été ainsi débloqués en faveur de la Tunisie. Du coup, la Tunisie est sortie de l'impasse financière».
La visibilité étant de retour après une crise politique qui n'a que trop duré, les entrepreneurs reprennent confiance. Reste que «la reprise économique dépend du déblocage de l'un des principaux moteurs de la croissance, à savoir l'investissement, surtout avec la croissance anémique des exportations et l'essoufflement de la consommation… L'euphorie engendrée par le nouveau contexte pourrait déboucher sur une dynamique de croissance créatrice d'emplois, comme elle pourrait aussi très vite s'éclipser, si un certain nombre de conditions ne son pas réunies...».
Le pays a besoin de changements, en premier lieu, qui soient assurés par «un gouvernement qui ne soit pas contaminé du virus de la “main tremblante“ et qui engagera rapidement les réformes qui redonneront confiance aux acteurs économiques. Mais la Tunisie a aussi besoin d'une opposition qui oublie pour quelques mois ses calculs électoraux et abandonne ses réflexes pavloviens de dénigrement systématique des mesures gouvernementales, tout en désertant les thèses populistes. Ce gouvernement doit réussir son pari. Car, son échec sera coûteux, économiquement et politiquement».
Explication: la réussite du gouvernement Jomaâ déclenchera une dynamique de réformes, pour les dossiers les plus urgents (compensation, secteur financier, fiscalité, code des investissements …), qui forcera le prochain gouvernement, issu des urnes, à adhérer à cette dynamique et à démarrer les grands chantiers de réformes structurelles (système éducatif, caisses sociales, infrastructure…). Par contre, son échec coïncidera avec le blocage des réformes, et la résurgence des problèmes de liquidités. Du coup, l'impasse financière refera surface et finira par plonger la Tunisie dans une cure d'austérité.
Pour conclure, il faut reconnaître, estime M. Laabidi, le besoin de la Tunisie de réformes sérieuses, et non de replâtrage hâtif et partiel. La Tunisie a besoin d'un gouvernement courageux pour lancer une réforme fiscale audacieuse et non d'un gouvernement incapable de lever l'impôt. La Tunisie a besoin d'une équipe audacieuse pour gagner la bataille de la normalisation du secteur informel et non d'un gouvernement hésitant face à la dilapidation du tissu économique par le banditisme des circuits de distributions formels et informels.


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