Le grand problème en politique c'est qu'on fait tout ce qu'on peut pour arriver à la magistrature suprême qui reste aussi enivrante que le sommet du nirvana, mais une fois là haut, on veut faire ce qu'on veut. Alors, depuis la nuit des temps, d'autres, plus avertis, ont essayé de mettre leur grain de sel pour arriver à freiner les ardeurs de ces fougueux conquérants que souvent rien n'arrête, en imaginant des systèmes de régulation et de contrôle plus ou moins fiables et fonctionnels. C'est ainsi qu'ils ont inventé un label très vague «démocratie», c'est-à-dire «gouverner par le peuple», ce qui est très fumeux et que notre langue nationale, riche pourtant en circonvolutions, n'a pu ni assimiler ni lui trouver d'équivalent, et l'a intégré sans grande conviction phonétiquement dans son vocabulaire Sans refaire un cours d'histoire et de géographie de notre monde arabo-musulman, la structure de nos familles et de nos systèmes a toujours été pyramidale, ce qui donnerait une symbolique encore plus puissante à nos pyramides pharaoniques d'Egypte, pays qui, malgré tout, reste le nud gordien de toute cette problématique dans ce monde dit «arabe». Et comme on peut faire le tour par pays ayant été touchés par le virus de la dégagite phénicienne, on peut constater que si: - en Egypte les événements ont repris leur cours naturel dans un pays géré à plus de 40% par l'armée et . El Azhar; - en Libye de ce qui se passe peut émerger une nation et/ou un Etat reconstruit sur les décombres d'un kaddafisme absurde, c'est au moins ce que je peux espérer pour ce peuple affable et simple; - en Syrie, le chemin de damas est plein d'embuches et l'issue de cette crise modifiera la carte de ce middle East dont l'injuste découpage a fait du mal et du tort à des tas de peuples qui sont pourtant tous monothéistes; - etc. Et je voudrais revenir à ma chère patrie dont les échos qui me parviennent de loin par l'intermédiaire d'internet sont encore plus assourdissants que vus de l'intérieur! Si l'on peut accepter le principe que la Tunisie a réussi le concours d'accès a l'«Ecole de la Démocratie Politique Economique Sociale», elle est encore en première classe et suit péniblement les cours et, avec la vitesse à laquelle elle progresse, elle risque d'être recalée. Du reste, si on lit entre les lignes, on constate que: - même avec toute la bonne volonté du monde, l'équipe de MEHDI JOMAA ne peut que limiter les dégâts dont certains sont quasiment irréversibles, et je ne citerais que le cancer de la rachouarisation de tous les rouages du système; et si un jour sont révélées les malversations de ces trois dernières années, on ne pourra que canoniser ZABA et sa famille; - le palais de CARTHAGE lui se fixe des noirs desseins et distingue de plus en plus par des coups d'éclat et des déclarations aussi tonitruantes ou aberrantes, mais ce que je peux affirmer, c'est que le nom de l'anti-héros BOUAZIZI restera dans l'histoire alors que d'autres seront emportés par les siroccos du désert; - le parti au pouvoir mène bien sa barque, dirigé par un homme qui, malgré toute la haine viscérale qu'il lui voue, en est le plus fidele des adeptes puisqu'il applique à la lettre la stratégie politique de BOURGUIBA: avancer, reculer, feinter, créer des non-événements, faire sauter des fusibles mais s'ancrer aussi profondément que possible Hélas, la différence est de taille, BOURGUIBA raisonnait progrès et RAGHA pense CALIFAT alors que LA SUBLIME PORTE est sérieusement ébranlée par la divulgation de communications téléphoniques, des morts inopportuns et une rue en colère: il voulait vraiment qu'on retourne au 7ème siècle en menaçant de supprimer YOUTUBE et FACEBOOK le père ERDOGAN! - et hélas, dans le reste du paysage politique, hormis HAMMA qui reste fidèle à ses lubies soixante-huitardes, les chamailleries destouriennes ne font que du bien à ENNAHDA! Du coup, cela devient très simple et Constitution ou pas, la confrontation risque d'être violente entre ENNAHDA -qui poursuit le chemin qu'elle s'est tracé pour atteindre ses objectifs coûte que coûte, d'une part, et les syndicats et la société civile surtout les femmes, d'autre part, et l'issue n'est guère certaine . Car, puisqu'on nous répète, statistiques à l'appui, que le combat se livrera entre BCE et RAGHA sous l'arbitrage d'ABASSI, peut-être que la solution serait de mettre en place un système dirigé par RACHED ESSEBSI ou BEJI GHANOUCHI, pour avancer.