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M. Abdelwaheb Mahjoub : «L'olivier c'est notre pétrole à nous en Tunisie»
Publié dans WMC actualités le 30 - 01 - 2008

M. Abdelwaheb Mahjoub, directeur de la Fête de l'olivier et président de l'Association de Sauvegarde de la Médina de Tébourba (universitaire en psychologie sociale à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis également), nous présente dans ce qui suit d'amples détails sur la manifestation «Olivier généreux et corps poète» et sur la campagne «Kif kif» de Handicap International.

«L'olivier c'est notre civilisation», c'est ainsi que M. Mahjoub qualifie «le pétrole tunisien»…

«Dire ‘'Kif kif'' renvoie à un questionnement : qu'est-ce qui est «Kif kif» ? Est-ce que c'est vrai que c'est «Kif kif » ? En quoi sommes-nous « Kif kif »? Et donc en quoi on est différent aussi» ? Tout ce questionnement est destiné à faire réfléchir quand il émane des personnes sur leur position vis-à-vis d'autrui, leurs regards leurs attitudes…

Cette main là (voir affiche) représente cinq doigts, et cinq doigts qui ne sont pas «Kif kif», mais ce qu'il y a derrière c'est que, une main sans un doigt elle perd sa fonction, malgré la différence il y a une complémentarité.

Donc ce dessin là, non seulement il appelle à réfléchir et à consacrer cette complémentarité mais aussi les doigts ont une fonction de partage de fonctions, et le partage est l'une des premières valeurs humaines. Nous sommes-là pour vivre un moment de partage.

Quand nous revenons dans notre inconscient collectif en Tunisie, on va chercher quelle symbolique nous permet d'atteindre ces concepts qui sont des concepts humains, humanitaires et essentiellement fondateurs de nos relations, et on va verra que c'est la nature. La nature, parmi ce qu'elle nous offre, c'est l'olivier, l'olivier en tant que porteur non seulement d'une symbolique naturelle mais d'une symbolique sacrée et je renvoie-là à tous les textes fondateurs des religions monothéistes au moins. Notre texte fondateur consacre une place, une médaille d'or parmi tous ces arbres.

Quand nous le fêtons par «Kaadit Ezzitouna»(قعدت الزيتونة), nous fêtons la symbolique, nous fêtons un rappel à ces valeurs qui des fois peuvent disparaître ou peuvent devenir désuées dans le vécu quotidien; c'est pour ça que l'olivier avec sa générosité, avec ce que nous partageons par sa présence et par ce qu'il nous donne, fait qu'il porte bien le don, la générosité et le partage et d'autres symboles.

La manifestation de «Kaadit Ezzitouna» qui dure quatre heures de temps tous les deux ans dans un espace économique qui accueille les faiseurs d'opinions : intellectuels, journalistes, hommes de médias, artistes, politiciens, ambassadeurs et diplomates, est censée rappeler à ces gens là qu'ils doivent rappeler aux autres que notre humanité a besoin de valeurs qui la soutiennent, de rappeler ces valeurs et de dire aux autres de devenir ambassadeurs de ce discours. Il faut sans cesse rappeler l'importance des valeurs pour la vie des être humains.

Je crois qu'en apprenant à respecter l'olivier on apprend à respecter la nature entière et l'humanité entière.

Nous sommes 10 millions d'habitants en Tunisie mais 60 millions d'oliviers ; nous arrivons, nous naissons et on le trouve cet olivier et nous partons et on le laisse. Nous sommes les invités de l'olivier, nous vivons dans le berceau des valeurs que nous renvoie l'olivier. Je voudrais dire que l'olivier c'est notre civilisation. Pourquoi ? Parce que l'existence de l'olivier a fait que le Tunisien dans le temps, qui était le Carthaginois ou le punique ou le Berbère, a pu inventer, et quand je dis inventer c'est dans le vrai sens du mot, c'était ingénieux de voir le pressoir romain et le meule romain, les séparateurs par décantation et les bassins de décantation… : chose que nous pouvons affirmer, c'était nos racines dans la technologie.

Qu'est-ce qui a permis ça ? C'est l'olivier. L'olivier c'est notre civilisation parce que du fait qu'on a développé cette technologie d'extraction du jus du fruit de l'olivier, on a inventé. Ensuite, la nécessité a fait qu'on développe l'emballage, visitez les musées de la Tunisie et vous allez voir les jarres qui servaient à exporter, à transporter, à conserver ce produit là. Tout cela a permis de faire déplacer le produit c'est-à-dire de l'exporter ou de le vendre et de là toute une vie commerciale a débuté avec l'olivier.

Pour transporter l'huile d'olive, on a du développer nos compagnies de transport maritime. C'est toute la construction des navires de l'époque punique et romaine qui était destinée à faire que ce produit aille à Rome, en Grèce ou en Moyen-Orient donc quand je décris ces choses là et nos musées en témoignent, je décris nos racines économiques, les racines de l'homoeconomicus.

Quand Rome s'est trouvé en conflit avec Carthage, qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle a arraché l'olivier, elle a interdit à Carthage d'exporter de l'huile d'olive, elle a brûlé les champs et les forêts, elle a puni les Carthaginois par un embargo sur l'huile d'olive : ce n'est pas une leçon que l'olivier nous a servie mais qu'on n'a pas su l'utiliser ?

Aujourd'hui l'olivier c'est notre pétrole à nous en Tunisie ; malheureusement le pétrole des autres les a menés à se trouver dans la même situation que Carthage, vis-à-vis d'une hégémonie économique et politique.

Ce que «Ka3dit Ezzitouna» est appelé à faire, c'est-à-dire «faites attention, vos valeurs vont passer tous les jours devant, votre richesse est là, vous avez un patrimoine vivant que vous devez sauvegarder et offrir aux autres et demander à ce qu'on le protège».

Par ailleurs, ceux qui ont planté l'olivier en Tunisie, des milliers d'années plus tard, ils ont fait que notre pays est jusqu'aujourd'hui protégé contre la désertification, c'était la première leçon de lutte contre la désertification.

Est-ce que nous allons être capables d'apprendre de ça et de continuer l'œuvre économiquement parlant ?

Cette leçon là est une leçon biologique. Alors que dans le monde on parle du bio nous avons l'arbre qui est biologique par excellence, et à nous de le protéger de la fièvre de la mondialisation qui peut le rendre un arbre banal donnant un produit banal comme n'importe quel autre produit.

Je voudrais revenir ici sur un point extrêmement important, non seulement ce qu'il produit c'est une merveille nutritionnelle mais c'est une merveille de point de vue santé. Aujourd'hui les autres nous disent qu'il est contre tel ou tel ou a tel effet néfaste pour la santé. Est-ce que nous sommes à la hauteur de ces avantages ? Est-ce que nous voulons le valoriser et lui donner la dimension économique qu'il doit avoir ou est-ce qu'on doit continuer à le vendre en vrac dans des citernes qui ne ressemblent qu'aux citernes de «fuel», dans des bateaux transporteurs qui ne ressemblent qu'à des bateaux qui déplaceraient les déchets de tout ordre ?!

Je crois que cet appel là est un appel à tous les investisseurs, à tous les penseurs, à tous les intellectuels et à tous les chercheurs, de se mettre au travail et de ne pas laisser passer les occasions qui nous permettent de se placer dans la catégorie des produits de haute gamme sur les étagères du monde. «3iz naffsik tssib'ha»(عز نفسك تصيبها), c'est la règle pour tout investisseur, pour toute institution économique.

Je crois que l'olivier nous rappelle tous les jours que non seulement autrui, c'est celui qui reçoit les produits de l'olivier mais c'est celui qui est à côté de nous et qui peut être amoindri et qui restera toujours l'être humain ayant ses droits sur nous, et nous rappelons que nous sommes des humains à toute seconde. Je voudrais dire par-là s'il joue ce rôle là de nous humaniser, nous entre nous, alors on peut le porter pour humaniser les autres et pour leur faire un petit rappel que nous sommes aussi valeureux qu'eux.

Une femme m'a dit un jour : «l'olivier m'a appris ce que c'est la liberté, parce que dans mon village les femmes n'avaient pas droit à la rue, mais quand la campagne arrive, tout le monde était sous l'olivier et là j'ai appris ce que c'était la liberté, c'est l'olivier qui me l'a offerte».

Un autre m'a dit : «Si j'ai pu faire mes études supérieures dans les meilleures universités du monde, c'est parce que mes parents ont accepté la douleur de se priver, de vendre l'olivier pour me payer mes études, ce qui était un dilemme parce qu'ils vendaient une partie d'eux même», ce sacrifice-là, n'est-ce pas ce que nous devons laisser à nos enfants, et qui d'autre que l'olivier peut nous le dire ?

J'aimerais qu'on laisse à nos enfants plus que l'olivier, ce sont ses valeurs. J'aimerais que lorsque nos enfants accueillent un petit enfant comme eux mais amoindri, handicapé, dans leur classe, qu'ils le regardent, qu'ils agissent avec lui voyant en lui qu'il est capable de faire des choses peut-être qu'eux ne sont pas capables de faire.

L'exposition de peinture a consacré cette question là, que l'expression artistique humaine transcende la condition physique, que même s'il ne nous reste qu'un clin d'œil, nous sommes capables d'écrire des livres par les clins d'œil. Je ne sais pas si vous connaissez l'expérience de celui qui a dicté un livre par les clins d'œil parce qu'il ne lui restait que ça, en morse, et le livre aujourd'hui existe.

C'est l'humain qui nous intéresse et si l'olivier est à notre service, il faudrait le prendre au sérieux et ne jamais courir vers l'olivier pour lui faire mal ou l'arracher parce que nous nous arrachons nous-même et alors c'est fini.


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