Ouvert officiellement en janvier 2009, à l'initiative d'Oddo & Cie (60%) et Vermeg (40%), dirigés respectivement par Philippe Oddo et Badreddine Ouali, Oddo Research Insitute, un bureau d'analyses financières, doit contribuer à doubler le nombre d'entreprises européennes analysées actuellement 100 sur un total de 250- par Oddo, la seule banque d'investissement et de gestion de capitaux indépendante de France. Webmanagercenter: M. Philippe Oddo est en Tunisie pour la deuxième fois en six mois. Quel était l'objet de cette seconde visite ? Badreddine Ouali : L'objectif était de montrer l'attachement personnel de Philippe Oddo au succès de notre équipe d'analystes financiers. Il a passé l'essentiel de son temps à écouter les analystes et leur présenter nos projets. Nous essayons aussi de profiter de sa présence pour lui faire rencontrer quelques amis qui veulent s'informer sur le fonctionnement des marchés en Europe et discuter de l'éventualité de coter une entreprise tunisienne à Paris et des facilités et difficultés de le faire. Oddo a déjà fait des dizaines de cotation sur Euronext et a donc une expertise disponible pour les entreprises tunisiennes qui voudraient y faire appel. Le fait d'avoir Oddo en Tunisie ne fait que faciliter les choses. Oddo Research Institute a-t-il commencé à fonctionner ? Philippe Oddo : Bien sûr ça marche. Concrètement, plusieurs produits qui sont rédigés par les équipes de Tunis et sont envoyés aux clients institutionnels, dans le monde. Nous produisons un «Daily l'hôtellerie-loisirs», un «daily qui est en train de se mettre en place sur les énergies; un autre est en préparation sur les biens d'équipements. Les premières analyses sont arrivées fin décembre 2008-début janvier 2009. Ces compétences sont-elles disponibles en nombre sur la place de Tunis ? Badreddine Ouali : On compte en gros 50 analystes en fonction. Nous avons l'intention de doubler ce nombre. Ce qui veut dire que ce type de compétence n'est pas disponible en abondance. En revanche, il y a des gens bien formés et qui, encadrés et formés par nos analystes, pourraient devenir en quelques années des analystes financiers de compétence internationale. Mais le chemin est encore long. Le travail de l'équipe d'ORI (Oddo Research Institute ) répond-il à vos exigences et standards ? Philippe Oddo: La qualité de formation des équipes qu'on trouve ici correspond tout à fait à nos attentes. Le projet est ambitieux. Oddo Research Institute veut regrouper, à terme, 30, voire 50 analystes financiers. C'est la plateforme d'analyse financière sans doute la plus importante dans la zone Maghreb. Qui aura, au moins pour un premier temps, à travailler en étroite collaboration avec le bureau d'études de Paris pour couvrir un plus grand nombre d'entreprises européennes. Sept analystes sont déjà en place, deux autres vont arriver en septembre et on sera vingt le premier janvier 2010. C'est une montée en puissance réelle, rapide mais progressive, car avec le premier noyau on met en place les procédures les plus optimisées pour maximiser les chances de travailler en équipe, entre Paris et Tunis, au quotidien. Quel profil les analystes recrutés ont-ils ? Badreddine Ouali : Nous recrutons des gens de formation économique et financière et ayant un master spécialisé d'analyse financière, ou justifiant d'une première expérience d'audit. Et souvent ceux qui ont fait révision comptable sont très affûtés et ont une base très solide sur laquelle nous essayons de construire la formation. En Tunisie, les analystes sont des généralistes, parce que les entités sont petites où l'on compte deux, trois ou cinq analystes au maximum couvrant tous les secteurs d'activité. Alors que chez nous, on est spécialisé par secteur. Le champ d'action est peut-être plus étroit, mais l'expertise de nos analystes et leurs connaissances du secteur, des entreprises et des enjeux sont très importantes. Tout comme il faut cinq ans, en médecine, pour faire d'un généraliste un spécialiste, il faut cinq ans pour prendre quelqu'un de très bien formé et en faire un vrai analyste financier. P.O: Il y a trois sources de recrutement possible : les Tunisiens expérimentés qui sont à l'étranger, et qui sont peut-être heureux de revenir; d'autres Tunisiens eux aussi bien formés et qui sont soit dans l'analyse financière, soit dans l'expertise comptable, voire la révision comptable -nous aimons beaucoup les diplômés de cette discipline et qui ont déjà quatre, cinq ou dix ans d'expérience-, et, en dernier lieu, nous allons progressivement recruter des débutants. Nous avons préféré commencer par recruter des gens expérimentés pour former la première équipe et ensuite on fera appel à des débutants qui sortent des meilleures universités tunisiennes. D'ailleurs, nous avons prévu de travailler en collaboration avec Dauphine qui veut créer une université en Tunisie. Oddo & Cie et Vermeg ont-ils d'autres projets pour l'avenir ? P.O. : Le projet c'est de réussir ce qu'il faut. Ce qui est important, c'est d'attendre le moment où les clients vont se rendre compte de l'accélération formilable en termes tant de qualité de prestation que d'augmentation de la qualité- que nous avons donnée à notre bureau d'études. Et cela va prendre plusieurs années quatre à cinq ans. C'est d'autant plus important que la crise des marchés fait que la plupart de nos concurrents diminuent le nombre de valeurs suivies. Alors que nous, nous allons l'augmenter. Il faut donc montrer à nos clients dans le monde entier que notre association Paris-Tunis est très compétitive et parmi les meilleures. Une fois qu'on aura réussi cela, nous sommes convaincus, Badreddine et moi, que de très nombreuses opportunités vont s'ouvrir. B.O. : On en parlait ce matin. Après Dubaï et Tunis, comptez-vous vous implanter dans un autre pays de la région ? P.O. : A l'échelle du Maghreb, nous n'avons pas prévu d'autres installations qu'en Tunisie. -------------------------- Encadré Philippe Oddo : «Nous voulons multiplier par deux le nombre de sociétés européennes suivies » «Nous sommes une entreprises française créée en 1849, c'est-à-dire il y a 150 ans. Cela veut dire que tout ce que nous entreprenons c'est pour la durée. Nous voulons travailler longtemps avec nos clients, longtemps avec nos collaborateurs trente pour cent de nos équipes, près de 250 personnes sur un total de 800, sont actionnaires et détiennent près de 30% du capital-, longtemps avec nos partenaires, et longtemps avec nos actionnaires. Pour construire quelque chose de qualité, il faut l'inscrire dans la durée. Cela s'applique à notre présence en Tunisie et au lien concret avec Vermeg et Badreddine Ouali. Je dis souvent que le capital de la Maison prend l'ascenseur tous les matins. Puisque nous sommes une société de services, il faut attirer les meilleurs, les garder et faire en sorte qu'ils travaillent ensemble. Ca c'est mon principal métier. Nous sommes des experts des marchés. Nous investissons 20% de nos revenus dans la recherche et les systèmes d'information. Nous sommes classés parmi les trois premiers de la recherche en France. Nous avons vocation à être parmi les meilleurs en Europe. Progressivement, nous investissons et élargissons notre zone de couverture européenne. Pour l'instant, sur 350 sociétés qu'on suit de très près, 100 sont européennes et 250 françaises. Et l'idée est de multiplier le nombre de sociétés européennes par deux, en vingt-quatre mois. Notre ADN c'est la connaissance des marchés. D'abord, le marché financier, mais également ceux de l'aluminium, du cuivre, sur lesquels nous avons créé une expertise; et nous sommes devenus fournisseurs d'électricité. Nous apportons notre expertise des marchés, par exemple, à nos clients institutionnels via l'activité d'intermédiation du pôle banque d'investissement, aux entreprises dans le cadre de notre activité de banque d'affaires fusion-acquisition, introduction en bourse, etc.- aux particuliers, par le biais de notre activité de banque privée (gestion de fortunes), aux clients privés ou institutionnels avec la gestion d'actifs (Oddo Asset Management) et, désormais, aux clients de la Banque postale en France via une joint-venture que nous avons avec elle. Oddo & Cie, qui a un peu de 300 millions d'Euros de fonds propres, a réalisé en 2008 plus de 300 millions d'Euros de produit net bancaire et un RBE de 90 millions d'Euros».