La Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz (STEG) a signé, au début du mois d'avril 2010 avec la Banque mondiale, un contrat d'achat de réduction d'émissions pour la Centrale éolienne de Sidi Daoud. Ce contrat lui permettrait de vendre une partie des crédits carbone générés par la centrale au profit du Fonds Carbonne espagnol, géré par la Banque mondiale. Cette opération fera également profiter les abonnés du réseau interconnecté à la STEG d'une électricité d'origine éolienne. D'un autre côté, l'ANME (Agence nationale de maîtrise de l'énergie) investit de plus en plus dans la recherche et développement pour plus d'efficacité énergétique. Le développement des nouvelles énergies en Tunisie a connu des mutations importantes et rapides. Les fortes distorsions entre l'offre et la demande des matières énergétiques sur la scène mondiale ont pesé sur les orientations du pays pour ce qui est de la recherche de nouvelles sources d'énergies, l'évitant ainsi d'être soumis aux lois d'un marché énergétique très variable. La Tunisie se dirige ainsi de plus en plus vers «des politiques volontaristes et ambitieuses de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables», comme l'a affirmé Abdelaziz RASSAA, secrétaire d'Etat chargé de l'Energie renouvelable au ministère de l'Industrie et de la Technologie, à l'occasion d'une table ronde organisée autour de la thématique des nouvelles énergies. Le cadre légal de la maîtrise de l'énergie ajusté Depuis 2008, un nouveau programme quadriennal de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables a démarré. Il vient consolider les résultats d'un premier programme triennal (2005-2008) dont le bilan a été fort encourageant, vu qu'il a permis de réaliser en 2007 une économie d'énergie de l'ordre de 700.000 tep soit l'équivalent de 8% de la consommation nationale de l'année, a indiqué M. Rassaa. Le cadre légal de la maîtrise de l'énergie a été ainsi ajusté pour tenir compte de la conjoncture énergétique internationale et pour faciliter le financement de ces actions par un fond spécifique créé pour ce programme. Depuis 2001 et jusqu'à 2006, la situation énergétique nationale a été caractérisée par un déficit de la balance d'énergie primaire sous l'effet de l'augmentation de la consommation contre une quasi stagnation des ressources nationales en hydrocarbures. Pour remédier à cette situation, la Tunisie a mis en place une stratégie visant à rationaliser la consommation des hydrocarbures, d'une part, et de promouvoir la production du pétrole brut et du gaz naturel et le recours accru aux énergies renouvelables, d'autre part. Ces efforts ont abouti à la promulgation de la Loi de la maîtrise de l'énergie en 2004, accompagnée de la mise en place d'un premier programme triennal de maîtrise de l'énergie en 2004, accompagnée de la mise en place d'un premier programme triennal de maîtrise de l'énergie couvrant la période 2005-2008, dont le bilan a abouti à des résultats encourageants permettant la baisse de l'intensité énergétique primaire : 318 kg/1000 DT de PIB en 2008 contre 352kg/1000 DT en 2004. La consommation des produits pétroliers au profit du développement de la consommation du gaz naturel a été, grâce à ce programme, stabilisée et le nombre de ménages raccordés au réseau national de gaz a grimpé, grâce à une politique incitative adéquate, passant de 190.000 en 2004 à 460.000 bénéficiaires en 2008. Résultats encourageants en matière d'énergies renouvelables Le programme triennal mis en place par l'Etat a permis de réaliser des résultats encourageants. Deux chiffres à titre d'exemple : la multiplication de la surface cumulée de chauffe-eaux solaires installés passant de 123.000 m2 en 2004 à 320.000 m2 en 2008 et l'augmentation de la capacité de production électrique à partir de l'énergie éolienne de 20 MW en 2004 à 55 MW fin 2008, en plus du démarrage des travaux préparatoires de 2 projets supplémentaires d'une capacité de 120 MW. La Tunisie a entamé en 2008 un 2ème programme de maîtrise de l'énergie qui se poursuivra jusqu'en 2011. Les principales composantes de ce programme -dont le financement a été réalisé en partie par le Fonds national de maîtrise de l'ordre de 2 Mtep à l'horizon 2011. Ces économies proviendront notamment des actions ciblant : - les ménages et le secteur du bâtiment, à travers la promotion de l'usage des lampes basse consommation et des chauffe-eaux solaires, les appareils électroménagers peu énergétivores et l'isolation thermique des bâtiments (1000 tep) ; - les entreprises grosses consommatrices d'énergie (700.000 tep) ; - le secteur du transport (300.000 tep) ; L'augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation nationale de l'énergie pour atteindre 13% en 2011 et 16% en 2020. Ceci, tout en sachant que l'objectif de l'Union européenne en la matière est d'atteindre le seuil de 20% en 2020. Les nouveaux textes d'application promulgués en 2009 et amendant la loi de maîtrise de l'énergie de 2004 permettent aux acteurs économiques de contribuer davantage à la valorisation des énergies renouvelables, précisément dans le domaine de la production électrique pour l'autoconsommation. Il s'agit de développer l'autoproduction de l'électricité au niveau des entreprises pour leur propre consommation avec la possibilité de vendre l'excédent à la STEG ou de le transporter vers d'autres lieux de production. Quant aux ménages, l'amendement de la loi a ouvert la voie à la réalisation de maisons solaires en Tunisie où l'ambition est de réaliser des progrès notables au cours des 4 années à venir par analogie aux résultats réalisés dans le programme des chauffe-eaux solaires les années passées. A rappeler que le secteur industriel est le premier consommateur d'énergie, suivi par le transport. Les secteurs résidentiel et tertiaire, ensemble, sont en 3ème position. D'ici l'an 2020, ils seront en première position. Une mise en uvre rigoureuse en matière d'efficacité énergétique et sans aucun doute la solution salvatrice pour continuer la décroissance de l'Intensité Energétique, indicateur d'une bonne maîtrise de la consommation d'énergie.