A Yasmine-Hammamet, un conclave des militants de la cause euro-méditerranéenne, réuni les 25 et 26 mai 2010, grâce à la persévérance de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprise (IACE) et de l'Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED), a commencé ses travaux dans une atmosphère bon enfant où toutes les interventions étaient un hymne à la convergence entre les deux rives, à l'émergence d'un pôle à même de damer le pion à ses rivaux d'Amérique ou d'Asie et aux projets fédérateurs, susceptibles de rendre l'idée de l'UPM crédible et irréversible. C'est M. Mohammed Ghannouchi, le Premier ministre tunisien, qui a donné le ton, dès le début de la séance matinale, en soulignant, dans son discours, l'importance d'un partenariat équilibré entre les pays riverains de la mer intérieure, la nécessité d'une nouvelle impulsion pour accélérer les pas sur la voie de l'aplanissement des obstacles existants, les impératifs du développement solidaire dans un contexte mondial ultra concurrentielle et l'adhésion des acteurs politiques et économiques de la région à la construction, au bord de la mare nostrum, d'une aire de communication humaine, culturelle et civilisationnelle. Le Premier ministre a regretté dans son exposé la modicité des investissements européens dans le sud et l'est du Bassin méditerranéen, le blocage du processus de Barcelone, qui bat de l'aile depuis des années, et la faiblesse endémique des échanges commerciaux entre les pays de la rive sud, demeurés au dessous de 7%. Cependant, ajoute notre interlocuteur, ce constat amer n'a pas empêché la Tunisie de renforcer les réformes fondées sur la libération de l'entreprise, de continuer à améliorer l'environnement des affaires, de mettre le cadre juridique et réglementaire en adéquation avec les priorités de l'ancrage dans l'espace euro-méditerranéen et de parvenir à des accords de partenariat et de libre-échange avec l'Union européenne. Le pays a ainsi réussi le renforcement des activités à contenu cognitif dont le taux a atteint 25% du PIB en 2009 et le maintien de l'attractivité du site Tunisie avec des investissements extérieurs avoisinant les 5% du PIB au cours des trois dernières années. En guise de conclusion, M. Ghannouchi a mis en exergue l'inéluctabilité du maillage des économies du sud et du nord de la Méditerranée. Car, d'après certains prospectivistes, toute augmentation de 1% de croissance du PIB des pays du sud et de l'est du Bassin méditérranéen, entraîne, ipso facto, une croissance de 0,2 à 0,3% en moyenne du PIB des pays de l'espace Schengen, et inversement, toute croissance de 1% du PIB de l'UE se traduit par une augmentation de 0,4% à 0,6% du taux de croissance du PIB des autres pays méditérranéens. M. Ghannouchi n'a pas omis, avant de quitter la salle, de lancer un appel en faveur de la recherche scientifique et de l'innovation technologique, un domaine à propos duquel les projets communs gagneraient à être renforcés, de la promotion des énergies renouvelables, thème de plus en plus en vogue, de la valorisation des brevets d'invention, de l'échange d'expertise entre les pôles technologiques dans les divers pays de l'espace euro-méditerranéen et de la coopération entre les établissements universitaires. Pour lui, il s'agit d'opter pour des visions communes et pour la mise en place de stratégies mobilisatrices afin de drainer les financements nécessaires à l'intégration économique, de rendre lisibles les avantages préférentiels et de faire en sorte que tous les moyens et toutes les potentialités soient mis en uvre pour des objectifs mutuellement avantageux.