Abdelaziz Essid, avocat de Sami El Fehri, est intervenu ce mercredi 10 février 2021, à la matinale de Hamza Belloumi sur Shems FM, pour revenir sur le refus du ministère public de libérer son client qui a pourtant purgé les quatorze mois légaux de détention préventive. « Actuellement détenir encore Sami El Fehri est en dehors du cadre légal, selon la loi 85 du code pénal, quatorze mois est le délai maximum pour une détention préventive. Ce qui se passe est une violation de la loi, si au bout de quatorze mois on n'est pas arrivé à monter un dossier solide c'est que cette détention n'a pas lieu d'être. Le juge d'instruction a appliqué la loi et ordonné la libération, mais le parquet a refusé interjetant appel sur une question de délais, il s'agit d'un rapt, d'une prise d'otage qui est punie par la loi ! » a déclaré l'avocat. A lire également Affaire Sami El Fehri : L'explication du ministère public
« Ce que fait le parquet est insensé, sur le fond et sur la forme. Nous respectons la justice et les juges, car nous avons foi en notre système, il arrive qu'ils se trompent et c'est normal, les erreurs de jugement peuvent arriver et être corrigées mais là ! Là il s'agit clairement d'une mauvaise foi et d'un acharnement injuste ! C'est Sami El Fehri en tant que personne qui est ciblé et beaucoup d'éléments le prouvent. Le procureur général près de la Cour d'appel de Tunis a tout fait pour le maintenir en détention. Alors que tous les tribunaux étaient à l'arrêt, que la grève bloquait tout, on a ouvert spécialement pour émettre un mandat contre Sami El Fehri, on avait alors évoqué des instructions et des menaces. Aujourd'hui encore on s'acharne à ne pas appliquer l'ordre de sa libération ! Aucun juge ne cautionne cela et tous trouvent que c'est une aberration qui nuit à l'image de la justice » a-t-il ajouté. A lire également Abdelaziz Essid : L'affaire de Sami Fehri fait l'exception en cette période de grève !
Abdelaziz Essid a affirmé que l'affaire contre Sami El Fehri a été montée de toutes pièces, qu'en tant que citoyen il a vu ses droits bafoués. « Il n'a pas vu ses enfants depuis plus d'un an et ce n'est pas la première fois que cela arrive, on l'a déjà détenu pour ensuite le relâcher et juger d'un non-lieu dans son affaire. Pourquoi cet acharnement ? Un problème personnel, je ne pense pas, des instructions alors, quelle image cela donne-t-il de la justice ? Aucun accusé n'a jamais été détenu plus de quatorze mois, jamais on n'a vu cela même dans les cas d'accusation de terrorisme pour vous dire ! » a lancé l'avocat. A lire également Sami El Fehri, coupable ou innocent telle n'est plus la question !
M. Essid a ensuite exprimé ses incertitudes concernant l'avenir de l'affaire, estimant que si le cadre de la loi est violé alors tout peut arriver et tout est possible. « Nous sommes face à un cas d'abus de pouvoir, nous manquerons d'arguments vu que nous sommes sortis du cadre de la loi, il n'y a plus aucun référent, aucun droit à défendre face à une partie adverse aussi puissante. Rien n'empêche qu'on décrète qu'on peut encore maintenir Sami El Fehri en provisoire encore dix ans… » a-t-il conclu.
Sami El Fehri a été placé en détention provisoire fin 2019 après l'émission d'un mandat de dépôt à son encontre. Tous les recours déposés par l'avocat du prévenu ont été rejetés par la justice tunisienne. A lire également Une ancienne demande de libération de Sami El Fehri rejetée par la Cour de cassation
Le juge d'instruction a ordonné, le 8 février, la libération de Sami El Fehri après quatorze mois de détention préventive. Le Parquet a lui, décidé, de faire appel.
Le responsable de l'unité d'information et de communication et substitut du procureur de la République près du Tribunal de première instance de Tunis, Mohsen Dali a expliqué, que le premier mandat de dépôt émis par la chambre de mise en accusations contre Sami El Fehri avait été annulé par la Cour de Cassation, soulignant qu'un deuxième mandat avait été émis à son encontre. A lire également Le nouveau scandale Sami El Fehri
« Maintenant, est-ce qu'il faut retenir le premier ou le deuxième mandat pour déterminer la durée maximale de détention ? Dans la confusion, le ministère public a interjeté appel à la décision du juge d'instruction, et c'est à la chambre de mise en accusations de trancher sur la durée à retenir» a-t-il précisé dans une déclaration accordée à Business News. A lire également Hichem Ben Ahmed : Il est inacceptable qu'une personne soit détenue aussi longtemps sans jugement