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FMI : Les autorités doivent révéler aux Tunisiens la gravité de la situation économique
Publié dans Business News le 02 - 03 - 2021

La Tunisie doit suivre une nouvelle direction, qui ne peut se faire que suite à un dialogue national pour convaincre le peuple tunisien d'adopter un plan de réforme, le tout en révélant aux Tunisiens la gravité de la situation afin qu'ils s'approprie et s'engage dans cette démarche qui va sauver l'économie du pays.
C'est ce qu'a expliqué le chef de mission auprès du FMI pour la Tunisie Chris Geiregat, lors d'une conférence de presse tenue ce mardi 2 mars 2021 avec la participation du représentant résident du FMI en Tunisie Jérôme Vacher.

Au cours de cet entretien virtuel avec les médias, qui intervient suite à la conclusion achevée des consultations au titre de l'article IV avec la Tunisie, M. Geiregat a évoqué la situation économique du pays et les perspectives de développement.
« La Tunisie a besoin d'une nouvelle direction économique, une direction qui est différente de celle de la décennie passée.
Alors, nous croyons, et nous sommes d'accord avec les autorités tunisiennes, que l'avenir économique de la Tunisie dépendra de l'adoption d'un plan ambitieux de réformes, un plan de réformes qui lance l'économie dans une nouvelle direction », a-t-il soutenu.
Et d'ajouter : « Ce plan ambitieux de réformes devrait être élaboré par les autorités tunisiennes elles-mêmes. Et pour que ce plan soit accepté par la société tunisienne et par ces partenaires internationaux de développement, il sera important de communiquer ce plan aux Tunisiens et Tunisiennes et de les engager dans un dialogue national. Evidemment, des réformes difficiles ne peuvent être achevées que si tout le monde comprenne comment elles vont faire bénéficier la société en termes d'une meilleure protection sociale, de plus de croissance inclusive, et moins de pauvreté, même si le coût de l'ajustement pourrait être difficile à subir au court terme.
Autrement dit, le succès des réformes difficiles dépendra de l'approbation et le "buy-in" des principales parties prenantes en Tunisie, c'est-à-dire : à travers l'univers politique, les fédérations des employeurs et des syndicats, et les autres groupes dans la société civile. Nous appelons cette approbation un "pacte social" ; et en termes pratiques, cela veut dire que tout le monde est d'accord d'approcher le plan de réforme avec un esprit ouvert, et que tout le monde offre un peu pour que globalement tout le monde gagne grâce à une nouvelle direction pour l'économie, avec une meilleure protection sociale, plus de croissance inclusive, et plus d'emplois et de prospérité ».


Interrogé sur la situation des entreprises publiques, un volet important des réformes qui devront être engagées, Chris Geiregat a indiqué que la mission y a consacré beaucoup de temps et qu'elle a découvert que ces entreprises ont une importance capitale pour l'économie du pays, la dominant et ayant souvent le monopole.
Une grande partie font leurs activités à perte et requierent des transferts et des injections régulières de fonds, ce qui représente 7 à 8% du PIB annuel. Ces sociétés sont en plus lourdement endettées, les experts de la mission ont estimé la dette à hauteur de 40% du PIB.
Lorsque ces entreprises publiques font face à des problèmes et que les garanties sont appelées, c'est le gouvernement qui prend en charge cette situation. Il en découle des risques fiscaux importants pour les autorités surtout qu'elles ont contracté des emprunts locaux ces dernières années notamment auprès des banques publiques.
Ainsi, dans son rapport, la mission a proposé une approche holistique globale pour la réforme des entreprises publiques. Pour elle, il faut déterminer les arriérées de l'Etat envers ces entreprises et ceux pour les autres parties concernées, car ils ont remarqué qu'il y avait des arriérés en cascade.
La mission a appelé, dans ce cadre, les autorités à trouver un véritable plan d'assainissement, un plan de réforme de long terme capable de résoudre l'ensemble des problèmes de ces entreprises publiques, financiers ou autres. Entre temps, elle a proposé un plan à moyen terme qui prendra en considération le rôle de ces entreprises, de les classifier selon leur viabilité, de déterminer lesquelles sont stratégiques, lesquelles ont un rôle commercial. Pour elle, il faut centraliser le contrôle, la supervision et la gestion de ces entreprises dans une structure unique qui leur serait dédiée, tout en renforçant la gouvernance de ces entreprises pour qu'elles aient des conseils d'administration plus autonomes et indépendants, capable de prendre les décisions qui s'imposent. Il faudra aussi entreprendre des réformes financières, un texte de loi devrait être adopté dans ce sens.

S'agissant de la soutenabilité de la dette, le FMI considère qu'actuellement la dette tunisienne est soutenable, mais que le pays a besoin de prendre une nouvelle direction : le scénario de base sans réformes est que la dette deviendra insoutenable où il sera de plus en plus difficile de financer le déficit budgétaire qui engendre une croissance de 1,8% équivalente à celle de la moyenne des dix dernières années et un scénario de réformes avec une réorientation des dépenses sociales et d'investissements qui débouchera sur une croissance de 3% par an en moyenne (les réformes entreprises réclamant un certain temps pour porter leur fruit, ndlr).
Interrogé si les autorités tunisiennes ont demandé une restructuration ou un rééchelonnement de la dette, M. Geiregat a affirmé que le sujet n'a pas été soulevé lors des discussions. En ce qui concerne le fait de bénéficier d'un nouveau programme de financement du FMI, il a précisé que les autorités tunisiennes avaient indiqué qu'elles étaient intéressées mais qu'elles n'ont pas présenté jusque-là une demande officielle et que l'institution financière reste disponible.
Et de soutenir qu'aucune exigence n'a été formulée par leurs services pour l'approbation d'un programme de soutien à la Tunisie.

Sur un autre volet, l'institution financière estime qu'il est important que le taux de change soit flexible.
La mission du FMI a, en outre soutenu le rôle important de la Banque centrale dans la mise en œuvre d'une politique monétaire avec une inflation stable, permettant une stabilité globale de l'économie tunisienne et de préserver la stabilité financière du pays.

A cet effet, M. Geiregat a noté que 2020 a été une année difficile pour la Tunisie durement impactée par la pandémie de Covid-19, entraînant un ralentissement économique sans précédent.
Ainsi, l'institution financière a estimé que la contraction réelle du PIB est de 8,2 % en 2020. Elle a noté que la crise économique a creusé le déficit budgétaire qui a atteint plus de 10% du PIB, ce qui a entrainé une forte hausse de l'endettement public, de 72% du PIB en 2019 à plus de 85% du PIB en 2020.
Le FMI projette un rebond modeste de l'économie tunisienne d'environ 3,8%. Toutefois, il prévient qu'il y a des risques considérables autour de cette projection, notamment à cause de l'incertitude sur la durée et l'intensité de la pandémie, ainsi que le calendrier des vaccinations.

L'institution financière pense que la Tunisie fait face à deux défis immédiats en 2021 : sauver des vies et ramener les finances publiques sur les rails vers la soutenabilité. A cet effet, il faudra supporter les programmes sociaux et sanitaires pour sauver des vies et de préserver les conditions de vie, tout en favorisant aussi l'investissement pour supporter la relance économique ; et il faudra réduire la dette et les déficits budgétaires.
Le FMI a émis un ensemble de recommandations dans le rapport de la mission, qui couvrent six sujets principaux.
Renforcer la protection sociale et augmenter les investissements publics (notamment en santé, éducation et infrastructure) pour supporter la croissance et la création d'emplois. Afin de créer les espaces budgétaires pour ces dépenses prioritaires, les futurs budgets de l'état devraient bien gérer la masse salariale de la fonction publique, réduire les subventions énergétiques qui gaspillent des ressources (tout en protégeant les ménages vulnérables), réduire les transferts aux entreprises publiques qui sont mal-gérées, et finalement, assurer une équité dans la fiscalité.
Promouvoir l'initiative et l'investissement du secteur privé comme les moteurs principaux de création de bons emplois et de croissance.
Lors de nos discussions, la mission était impressionnée par le grand potentiel économique de la Tunisie, avec sa proximité du marché européen, ainsi que les compétences techniques et le niveau d'éducation de sa main d'œuvre qualifiée, comme les ingénieurs et des spécialistes en IT. La mission note aussi le potentiel d'investissements dans l'économie verte et dans l'économie digitale pour créer des emplois.
Pour augmenter durablement la participation du secteur privé dans l'économie, on pourrait éliminer les monopoles, éliminer les goulots dans l'infrastructure comme dans les ports, et réduire le fardeau de la bureaucratie.
1. Réformer les entreprises publiques. Nous recommandons que les autorités tunisiennes élaborent une stratégie de réforme à moyen terme qui évalue le rôle de ces entreprises publiques dans l'économie, qui centralise la tutelle, qui renforce leur gouvernance, et qui améliore leur transparence financière.
2. Une réduction du déficit budgétaire pour regagner la soutenabilité des finances publiques à moyen terme.
3. Pour la Banque Centrale, achever une inflation basse et stable, parce que l'inflation est comme un impôt qui touche surtout les pauvres. En plus, nous recommandons vivement que la Banque Centrale évite tout financement monétaire du déficit budgétaire, et qu'elle permette au taux de change de s'ajuster aux développements du marché. Finalement, nous recommandons aussi que la Banque Centrale continue à suivre de très proche le secteur financier pour détecter tout signe de détresse des emprunteurs et de créances douteuses.
4. Finalement, nous recommandons que les autorités redoublent leurs efforts pour avancer la bonne la bonne gouvernance et la transparence, ainsi que dans la lutte d'anti-corruption. Faire des progrès dans ces domaines créera de la confiance dans le secteur publique, réduira le gaspillage de ressources financières, et attirera des investissements ; et ainsi supportera la croissance et la création d'emplois.


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