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Ce qu'il faut savoir sur le diagnostic alarmant du FMI
Publié dans Business News le 09 - 03 - 2021

« Une reprise économique modeste et des risques significatifs pour la stabilité économique ». C'est en substance l'avis du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives économiques de la Tunisie à la suite de ses récentes consultations au titre de l'article IV de ses statuts. Il est fort probable que l'agence de rating Moody's se soit appuyée sur les conclusions auxquelles a abouti l'équipe du Fonds lors de ses missions de consultation de janvier et février 2021 pour rabaisser la note souveraine de la Tunisie de B2 à B3 avec perspectives « négatives ». Le rapport de fin de mission a été examiné par le Comité exécutif du FMI lors d'une réunion tenue le 17 février 2021 et Moody's a publié sa décision une semaine plus tard. En tout cas, le point de vue de l'institution financière multilatérale est on ne peut plus clair, confirmant un sentiment diffus que la situation économique du pays est au bord de la rupture.
Certes, 2020 fut une année difficile. L'impact de la pandémie a été durement ressenti en dépit des « actions politiques proactives » prises par les autorités pour contenir l'épidémie. Mais cela n'a pas pu empêcher un recul sans précédent de l'activité économique et une brusque montée du chômage et de la pauvreté. « Le PIB réel s'est contracté d'environ 8,2% en 2020. Le tourisme et les transports ont été durement touchés, tandis que le secteur manufacturier a reculé dans les industries du câble et du textile destinées à l'exportation », constate le FMI. S'agissant du taux de chômage, le rapport final de consultation du FMI se fonde sur les statistiques du 3e trimestre 2020 de l'INS qui l'établissent à 16,2%, alors que ce taux s'est creusé davantage passant à 17,4% au 4e trimestre. Quant au taux de pauvreté, il est passé de 14% avant la pandémie à plus de 20% en 2020, estime le Fonds, prenant à son compte les données de la Banque mondiale en la matière.
Un bémol : Une détente des finances extérieures
Il y a toutefois un bémol dans cette triste configuration. « Le déficit du compte courant s'est réduit », observe l'institution financière. Mais, dans la foulée, elle nuancera le propos estimant que cela tient à la conjoncture de la pandémie, caractérisée par une baisse des exportations due à la faiblesse de la demande mondiale et par une compression des importations en raison du recul de la demande intérieure parallèlement à une baisse des prix internationaux de l'énergie ; le tout ayant réduit le déficit de la balance commerciale. Du coup, le déficit des paiements courants affiche 6,4% du PIB en 2020, confortant les réserves en devises du pays à environ 9 milliards de dollars ou 4,6 mois d'importation. Dans le même temps, « le taux de change s'est apprécié de 5% en 2020, principalement en raison de l'écart de prix avec les partenaires commerciaux de la Tunisie », ajoute le FMI.
Cela étant, les difficultés ne sont pas estompées. Le déficit budgétaire et la dette publique ont enregistré un bond spectaculaire. « Le déficit budgétaire (hors dons) a atteint 11,5% du PIB en 2020 », indiquent les services du FMI. Et cela pour plusieurs raisons. Les ressources budgétaires hors dons ont chuté d'environ 9% en raison d'une baisse des recettes fiscales. Dans le même temps, les recrutements supplémentaires dans la fonction publique ont augmenté la masse salariale à 17,6% du PIB, un taux parmi les plus élevés au monde. En dépit de l'ajustement budgétaire opéré par les autorités (baisse des dépenses d'investissement et réallocation d'une partie du budget consacré à la subvention de l'énergie), il a fallu recourir à l'emprunt. « Les autorités se sont fortement appuyées sur les sources nationales de financement (9,4% du PIB) et le Parlement a voté pour permettre à la BCT, à titre exceptionnel, de prêter 2,81 milliards de DT (2,5% du PIB) directement au Trésor, malgré de fortes réserves de la BCT. On estime que la dette publique de l'administration centrale est passée de 72% du PIB en 2019 à près de 87% du PIB à la fin de 2020 », souligne le rapport du Fonds.
Et ce n'est pas tout. Le FMI serait particulièrement préoccupé par la situation des entreprises publiques. « Les données financières de 30 entreprises publiques montrent à la fin de 2019 une dette d'environ 40% du PIB (qui a probablement augmenté en 2020), dont environ 15% du PIB étaient couverts par des garanties publiques à la mi-2020 », constate l'institution financière, expliquant par ailleurs que « pour répondre aux besoins de liquidité, les entreprises publiques ont également recours au financement bancaire (l'encours des prêts bancaires aux entreprises publiques représente environ 17% du PIB), en particulier auprès des banques publiques outre qu'elles ont accumulé des arriérés ». Une fléchette est décochée en passant sur le fait que le gouvernement lui-même a également des arriérés encore plus important envers les entreprises publiques. « Cela reflète une mauvaise gestion financière et une mauvaise gouvernance des entreprises publiques, une politique de tarification qui ne couvre pas les coûts, des coûts gonflés (par exemple, un recrutement important à des fins sociopolitiques), des informations insuffisantes sur leurs conditions financières et une supervision répartie sur plusieurs ministères d'exécution. La nature monopolistique des entreprises publiques réduit également les incitations à améliorer la productivité », souligne sans ambages l'institution de Bretton Woods.
Une situation loin d'être rassurante
Pour ce qui concerne le secteur financier, le FMI semble plus clément, estimant qu'il « a résisté jusqu'à présent à la crise du Covid-19 » à la faveur d'une politique accommodante de la Banque centrale et un allégement des dispositions prudentielles. Il n'empêche, le secteur affiche aussi des vulnérabilités. Les prêts improductifs sont toujours aussi élevés et le matelas de fonds propres peu profond. A cela, il convient d'ajouter désormais « une exposition important au risque de crédit des secteurs touchés et des entreprises publiques », souligne les auteurs du rapport. En effet, le crédit bancaire aux entreprises publiques représente 9% du total des engagements de crédit du secteur bancaire.
Manifestement, la situation socioéconomique est loin d'être rassurante. Elle l'est d'autant moins avec l'instabilité politique récurrente dans laquelle baigne le pays. « Les élections de 2019 ont abouti à un paysage politique fragmenté et un troisième gouvernement en moins d'un an est entré en fonction en septembre 2020. », remarque d'ailleurs le FMI.
Dans de telles conditions, les perspectives ne peuvent qu'être sombres. L'institution financière multilatérale prévoit une croissance du PIB réel de 3,8% en 2021 qui se fonde, notamment sur un rebond de la demande intérieure et dans la plupart des secteurs touchés par la crise. En revanche, elle s'attend à une augmentation du déficit des paiements courants en comparaison à l'année dernière compte tenu d'une reprise des importations. Conséquence à cela, il faudra s'attendre à une diminution des réserves internationales.
Tout cela ne semble pas si grave pour le FMI. Ce qui est préoccupant, ce sont les perspectives budgétaires. Elles sont totalement différentes de celles du gouvernement. Le Fonds estime que le gouvernement a sous-estimé le déficit budgétaire (6,6% du PIB) pour 2021 car, quand bien même il envisage une réduction des mesures temporaires prises pour lutter contre la crise du Covid-19, une masse salariale plus faible et une réduction des subventions à l'énergie, il serait loin du compte. Pour la simple raison qu' « il n'inclut l'embauche potentielle de 10000 chômeurs de longue durée ou la première phase d'embauche / régularisation d'environ 30000 ouvriers de chantiers (convenu en 2020, 0,5% du PIB). Il exclut également l'apurement des arriérés potentiels envers la STIR et l'Office des Céréales (respectivement 0,7 et 0,8% du PIB,), toujours en cours d'examen par les autorités, et ne tient pas compte des prix du pétrole plus élevés que prévu dans le budget ». Ainsi, le FMI estime que le déficit budgétaire (hors dons) atteindrait 9,9% du PIB en 2021, soit un tiers de plus que n'escompte le gouvernement. Du coup, ce sont les besoins de financement budgétaire qu'il convient de revoir. Selon les calculs du Fonds, ce sont 11,3 milliards de dinars de besoins nets de financement dont aura besoin l'Etat pour combler son déficit budgétaire et non pas 7,1 milliards de dinars que prévoit le gouvernement. Il ajoute que « le budget 2021 prévoit de couvrir environ 70% du besoin de financement budgétaire brut (15,4% du PIB) par des emprunts extérieurs, y compris des émissions sur le marché de 5,3% du PIB (environ 2,2 milliards de dollars EU) ». Un scénario qui n'est pas sans risque pour lequel des mesures alternatives devraient être envisagées au cas où un tel financement s'avérerait difficile à réaliser.
Plus généralement, les perspectives à moyen terme dépendent essentiellement de la trajectoire future de la politique budgétaire et de la gestion de la dette publique. Cela ne pourrait être possible qu'à la faveur d'un programme de réforme « solide et crédible », plaide le FMI. Or, cela ne semble pas être le cas. Les autorités n'auraient pas l'appétence idoine qui rend faisable ce qui est nécessaire : mener les réformes, s'attaquer à la masse salariale, réviser le système des subventions et restructurer les entreprises publiques et au-delà tout ce qui peut freiner les investissements publics propices à la croissance


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