Le dirigeant gelé d'Ennahdha, Imed Hammami, est revenu, ce mercredi 8 septembre 2021, sur le gel de son adhésion d'Ennahdha et les différents qui l'opposent au président du mouvement Rached Ghannouchi. Au micro de Zina Zidi dans l'émission Win Inti Win Ahna, le dirigeant a affirmé : « J'ai été contacté hier par un membre de la commission de discipline au sein du mouvement Ennahdha pour me préciser que le président de la commission, Tarek Rezgui, a démissionné depuis des mois, sans être remplacé, et donc la commission est à l'arrêt depuis des mois alors qu'elle doit statuer sur 200 dossiers. Il a aussi indiqué que le président du parti n'a pas transmis à la commission un dossier argumenté en ce qui le concerne personnellement ». Et de soutenir : « Le gel est un ciblage de ma personne, parce que j'ai campé sur mes positions et je n'ai pas accepté de marchander dans le dossier des réformes au sein du mouvement. Je n'ai pas transgressé la politique du parti, à l'inverse de plusieurs autres dirigeants du parti et à leur tête Rafik Abdesslem et la direction du parti, qui violent depuis près d'un an les directives du dixième congrès du parti ».
Parmi les contradictions citées : le rapprochement et la coalition avec Al Karama et Qalb Tounes, la relation avec le président de la République qui doit être bonne, l'adoption d'une approche basée sur le consensus et le calme avec les opposants politiques, l'adoption d'une approche qui rapproche des démocrates, du mouvement Echaâb et Tahya Tounes. S'agissant de ce qu'il a considéré comme la coalition extrémiste d'Al Karama, l'ancien ministre a indiqué que la relation devait rester parlementaire (notamment en ce qui concerne la présidence du parlement) et non pas se transformer en une coalition gouvernementale et influencer la politique du parti.
Imed Hammami a martelé : « Je n'ai pas transgressé les politiques du mouvement. La décision de gel est abusive, injuste et illégale. Une décision qui m'a visé pour avoir demandé des réformes au sein d'Ennahdha, pour ma volonté que l'orientation du parti soit guidée par l'intérêt national et pour avoir priorisé la Tunisie sur les intérêts étroits du parti ». Et d'ajouter : « Je fais partie, depuis longtemps, du clan des opposants au sein d'Ennahdha. Je n'ai pas démissionné d'Ennahdha et je n'ai pas l'intention de le faire. Mais, aujourd'hui avec la fermeture des horizons et avec la poursuite de la politique du parti après le 25 juillet de la même manière d'avant cette date, je suis en train de penser sérieusement à changer mon fusil d'épaule, car il n'est pas nécessaire qu'une personne soit liée à une structure donnée pour servir son pays, je continue à croire que la réforme doit se faire de l'intérieur du parti Ennahdha pour servir la Tunisie, mais si cela n'est pas possible, je trouverai un autre chemin pour servir ma patrie ».
En réponse à une interrogation à l'animatrice, le dirigeant a confirmé qu'il n'hésitera pas à quitter le mouvement, qu'il pourrait rejoindre un autre parti ou carrément en former un nouveau, notamment avec plusieurs des opposants au sein du parti qui seront partants pour sauter le pas, citant notamment Samir Dilou, Abdellatif Mekki, Mohamed Ben Salem et précisant que le sujet a été abordé auparavant lors du refus de Rached Ghannouchi d'abandonner la présidence du parti. Pour lui, Rached Ghannouchi est sorti par la petite porte au parlement et au sein du parti et qu'il est fini politiquement.
L'adhésion de Imed Hammami au parti Ennahdha a, rappelons-le, été gelée sur décision de Rached Ghannouchi, « en raison de ses transgressions répétées à la politique du mouvement ». M. Hammami a multiplié les déclarations sulfureuses critiquant le chef d'Ennahdha. En plus d'avoir exprimé ouvertement son soutien au président de la République, Kaïs Saïed, dans les mesures exceptionnelles décrétées le 25 juillet, il a avancé que le président du mouvement Ennahdha persistait dans la prise de mauvaises décisions et l'a accusé de s'être emparé du parti.