Le diplomate et ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, est revenu, lundi 18 octobre 2021, sur la convocation de l'ambassadeur américain et la nécessité que les diverses institutions de l'Etat tunisien aient un message cohérent à l'international. Au micro d'Elyes Gharbi lors de son passage à l'émission Midi Show, l'ancien ministre a affirmé que la diplomatie tunisienne et l'ensemble du pays font face à de grands défis et que la diplomatie a de graves responsabilités, la Tunisie passant une période difficile. Et de soutenir que : « La diplomatie ne peut commencer son travail qu'après la mise en place d'un gouvernement et d'un programme et d'un plan délimité dans le temps, pour que la diplomatie sache le message à communiquer, les étapes et à qui rendre des comptes. S'il n'y a pas de responsables installés pour au moins trois à quatre ans, la diplomatie tunisienne se contentera de vendre des paroles alors qu'elle est là pour la réalisation de programmes mis en place par le gouvernement pour les exporter et délivrer un message unifié à tous ». Pour lui, le ministre des Affaires étrangères doit faire ce travail d'orchestration entre les diverses antennes diplomatiques du pays : il doit avoir la confiance du chef de l'Etat et sans le perturber. Cependant, le diplomate a affirmé que « le ministre doit faire ce qui est juste, en se basant sur ses compétences et son expérience et sur ce que décide le gouvernement et en ayant la confiance totale du président de la République ».
Interrogé sur certaines déclarations du chef de l'Etat (sur les agences de notation ou sur le Sommet de la francophonie), Ahmed Ounaies indique que c'est au ministre des Affaires étrangères d'expliquer au chef de l'Etat si de tels propos sont dans l'intérêt du pays à l'intérieur et à l'extérieur du pays alors que d'autres peuvent lui nuire. L'objectif étant de mettre en place une politique étrangère cohérente Lorsqu'il y a des événements qui ne servent pas l'intérêt de l'Etat, il faut, toujours selon lui, qu'on rappelle au chef de l'Etat ce qui est acceptable et ce qui est un danger pour l'Etat : « Si ça concerne le volet extérieur c'est au ministre des Affaires étrangères de le faire. Si ça concerne le volet intérieur c'est au chef du gouvernement de s'y atteler. S'il n'y a pas coordination au niveau de l'exécutif cela nous mènera dans une configuration chaotique et incohérente ».
S'agissant de la convocation de l'ambassadeur américain par le chef de l'Etat, M. Ounaies a expliqué qu'en tant que Tunisien ayant la culture de l'Etat, il ne peut pas nuire à l'image de marque du pays en émettant un avis sur les décisions du chef de l'Etat. Toutefois, le diplomate a indiqué avoir un avis différent en ce qui concerne l'audition consacrée par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine à l'examen de la situation en Tunisie. Pour lui, il ne faut pas prendre cette audition négativement, car les Etats-Unis sont conscients que la Tunisie passe par une crise et exprime leur préoccupation de la situation du pays. Et de spécifier que les prérogatives de cette commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine sont d'évaluer et de présenter des recommandations à l'assemblée générale pour décider du budget de la coopération internationale alloué au secrétaire d'Etat américain. Au contraire, pour lui, il ne fallait pas contester mais c'était plutôt l'occasion d'ouvrir le dialogue avec ce pays En ce qui concerne le débat au sein de la commission, le diplomate estime qu'il y a un seul point négatif : une incompréhension de la position tunisienne sur la cause palestinienne et faisant allusion que le chef de l'Etat et que la politique tunisienne est l'ennemie d'Israël : « Il fallait clarifier la position de la Tunisie, qui ne veut pas se faire d'ennemis aujourd'hui et demain ».