Le Parlement européen, qui s'est réuni mardi pour débattre de la situation en Tunisie, a publié ce jeudi 21 octobre 2021, la résolution votée concernant la position européenne vis-à-vis des mesures exceptionnelles instaurées par le président Kaïs Saïed le 25 juillet dernier. La résolution a été adoptée par 534 voix pour, 45 contre et 106 abstentions. Les députés européens soulignent que les institutions d'Etat en Tunisie doivent retrouver un fonctionnement normal, exhortant les autorités à relancer un dialogue national inclusif. Dans une résolution sur la situation en Tunisie, les députés ont exprimé leur profonde inquiétude concernant la trop grande concentration des pouvoirs dans les mains de Kaïs Saïed et appelé au respect de l'Etat de droit. « La constitution et la cadre législatif doivent être préservés. Le pays a besoin d'un Parlement légitime et qui fonctionne bien. La stabilité institutionnelle doit être restaurée dès que possible et les droits fondamentaux et les libertés doivent être respectés, déclarent les députés » ont t ils précisé, appelant à un retour à la démocratie et au redémarrage de l'activité parlementaire dès que possible, les députés invitent les autorités à annoncer une feuille de route claire pour un retour au fonctionnement normal de l'Etat.
La résolution appelle aussi les autorités à éviter l'incertitude juridique créée par les interdictions de déplacement, la surveillance d'Etat et les assignations à résidence. Les procès civils par des tribunaux militaires posent un grave problème, soulignent les députés. Ils demandent la restauration d'une justice indépendante qui aboutirait à la réforme des tribunaux militaires en Tunisie et mettrait un terme aux procès de civils. Ils exhortent les autorités à relancer un dialogue national inclusif qui doit également inclure la société civile. La société civile en Tunisie est bien développée et a joué un rôle essentiel dans l'élaboration et le renforcement de la transition démocratique tunisienne depuis 2011, rappellent les députés. Les députés expriment également leur inquiétude concernant l'ingérence étrangère qui sape la démocratie tunisienne.
Le Parlement européen note que Najla Bouden a été nommée cheffe du gouvernement le 29 septembre et que dix femmes ont été nommées ministres. Néanmoins, les députés appellent Kaïs Saïed à soutenir activement toutes les mesures visant à garantir l'égalité des droits entre les femmes et les hommes dans tous les domaines, y compris dans les lois qui doivent être réformées, car elles vont à l'encontre des droits de succession des femmes, des droits de garde des enfants, des droits accordés en tant que chef de famille et des droits du travail.
Soulignant qu'il fallait de façon urgente surmonter la crise socioéconomique à laquelle le pays fait face grâce à des réformes et des politiques structurelles, les députés appellent l'UE à poursuivre les programmes qui soutiennent directement les citoyens tunisiens, et à renforcer l'aide là où c'est nécessaire. Cela devrait inclure un soutien en matière de soins de santé via le système COVAX, afin d'aider le pays à gérer les conséquences graves de la pandémie de COVID-19, ajoutent les députés.