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Liban, on arrive !
Publié dans Business News le 14 - 03 - 2022

Il n'y a plus de couscous, d'huile végétale ou de semoule dans les supermarchés, on ne trouve plus de pain subventionné dans les boulangeries et le ftayri ne vend plus de ftayer (sorte de beignets frits) et de fricassés, faute de farine. Bienvenue en Tunisie sous l'ère de Kaïs Saïed. Ce n'est qu'un début, car les pénuries que nous observons actuellement sont dues à des raisons autres que la guerre en Ukraine. Dans quelques semaines, ce même ministère du Commerce va avoir du mal à importer du blé et c'est là qu'on verra les véritables pénuries.
A quoi sont dues les pénuries actuelles ? Aux spéculateurs et monopoleurs, d'après le président de la République. A la frénésie des consommateurs, d'après le ministère du Commerce. Ah bon ? Et pourquoi donc on n'a pas eu ces pénuries en 2011, en pleine révolution, ni après ?
La vérité, et il ne faut pas être un grand expert pour la deviner, est que les pénuries actuelles sont dues à une mauvaise gestion des approvisionnements de la part du ministère du Commerce.
Ce dernier, sur injonction du président de la République, a mis son nez dans les circuits de distribution dans l'objectif de comprimer les prix et de barrer la route à d'hypothétiques spéculateurs. Le résultat a été à l'inverse de l'objectif initial. Non seulement les prix n'ont pas baissé, mais on ne trouve plus les denrées désirées. Du coup, le consommateur s'est trouvé dans l'obligation d'acheter plus cher ses produits de première nécessité. Ce que l'on observe actuellement avec la farine, l'huile et les pâtes a été observé il y a quelques mois, au lendemain de la visite du président de la République à un entrepôt de fer.
Chers ministres du Commerce et de l'Intérieur, continuez vos descentes brutales sur les entrepôts des commerçants, continuez à obéir aveuglément et bêtement aux fantasmes du président de la République, vous ne ferez qu'empirer la situation, les pénuries et l'inflation.

Un petit bilan à mi-chemin depuis le coup d'Etat du 25-Juillet. On a des fonctionnaires et des retraités qu'on paie en retard et on a des agents dépendant de l'Etat qu'on ne paie même pas (le cas de Cactus). On a des pénuries de médicaments, parce que la Pharmacie centrale n'a pas payé ses fournisseurs, des pénuries de denrées alimentaires parce que le ministère du Commerce n'a pas bien fait son boulot et des entreprises fournisseuses de l'Etat en défaut de paiement parce que l'Etat n'a pas les moyens de les payer (le cas des entreprises de BTP).
Ce qui nous arrive en ce premier trimestre 2022 était prévisible. Nous avons averti nos lecteurs depuis le mois de septembre d'un possible scénario libanais en Tunisie.
Kaïs Saïed est-il responsable de cela ? Non, car la crise datait d'avant le putsch. Si rien n'est fait, on se dirige vers un scénario libanais, a averti l'expert et ancien ministre des Finances, Hakim Ben Hamouda, depuis mai 2021. D'ailleurs, c'est le cumul des crises à l'intérieur de l'appareil de l'Etat qui a poussé le président à faire son putsch. Un putsch bien accueilli par la population, consciente de la mauvaise gouvernance des islamistes.
Depuis juillet, Kaïs Saïed est seul aux commandes. Il a éliminé les islamistes du pouvoir, il a limogé le gouvernement Mechichi et il gouverne par décret. Théoriquement, il aurait dû trouver les solutions à nos problèmes. Au moins en partie. Sauf que voilà, les faits sont là et ils sont têtus, la crise empire, Kaïs Saïed n'a rien solutionné, il a même créé de nouveaux problèmes qui n'existaient pas auparavant. Le pire est à venir, attendez que l'on soit impactés par la guerre russo-ukrainienne.

Qu'est-ce qui nous attend encore, la situation peut-elle empirer ? Difficile de ne pas être un oiseau de mauvais augure. Les mêmes causes produisent, généralement, les mêmes effets.
Les Tunisiens paient, aujourd'hui, l'absence d'un gouvernement pendant des mois, le retard pris dans l'élaboration de la loi de finances, les aberrations contenues dans cette même loi de finances, les décisions unilatérales du président, l'effroi des investisseurs de la chasse aux sorcières lancée par le président et ce climat général d'incertitude.
Comment sera le lendemain ? La loi de finances a prévu un baril à 75 dollars en 2022. Il est, aujourd'hui, à 130 dollars et il pourrait atteindre les 300 dollars, d'après les Russes (200 dollars, d'après les traders). Chaque dollar de hausse coûte à notre Etat près de 140 millions de dinars. Faites le calcul. La loi de finances a prévu un financement du budget par le FMI à partir du deuxième trimestre. Nous sommes à la fin du premier trimestre et il n'y a aucun accord qui pointe à l'horizon. Comment sera financé le budget à partir du mois prochain ? Le ministère des Finances ne répond pas.
L'institut national de la statistique a été en grève. C'est lui notre tableau de bord et on en a été privé durant plusieurs semaines. C'est comme si l'on conduisait une voiture dans le noir sans phares. Cette grève nous a empêchés d'établir des prévisions et ceci aura son impact.
Enfin, et c'est le pompon, on va subir de plein fouet les conséquences de la guerre entre la Russie et l'Ukraine avec une augmentation substantielle des prix du blé et l'absence quasi-certaine de touristes provenant de ces deux pays.

Pour savoir ce qui va se passer demain en Tunisie, regardons ce qui s'est passé et ce qui se passe encore au Liban. A ceux qui disent que les situations sont incomparables, j'oppose toujours la règle : les mêmes causes produisent les mêmes effets.
A cause d'une mauvaise gouvernance, la livre libanaise a chuté de 92% par rapport au dollar. Le salaire minimum au Liban est de 600.000 livres par mois, équivalent avant la crise à 450 dollars et aujourd'hui à 20 dollars. L'électricité n'est plus fournie et les habitants doivent recourir aux générateurs fournis par des « contrebandiers » privés (tolérés par l'Etat). Ces générateurs marchent avec du carburant, dont le prix connait une forte hausse. Conséquence immédiate, l'électricité coûte nettement plus cher aux Libanais et des milliers de foyers n'ont plus que des bougies pour s'éclairer, faute de moyens. D'après les derniers articles de presse, 82% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. En Tunisie, c'est le tiers de la population qui vit en-dessous de ce seuil, d'après le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux. Il était de 14% avant la pandémie du coronavirus, d'après la Banque mondiale qui tablait déjà sur un taux de 21% en 2020. Cette tendance baissière est plus alarmante que les chiffres eux-mêmes.
Aux dernières nouvelles nous parvenant du Liban, les supermarchés ont décidé la semaine dernière de limiter les achats avec des cartes bancaires. Ils exigent du cash à hauteur de 50% minimum des achats.
La situation est telle que la Turquie a décidé, hier, l'octroi de 500.000 tonnes d'aides alimentaires et que l'Union européenne a promis d'étudier sérieusement l'octroi d'aides urgentes au vu des crises qu'il traverse, notamment suite à l'invasion russe de l'Ukraine qui a ébranlé sa sécurité alimentaire et fait flamber les prix des carburants et des produits importés..
Avec les pénuries observées dernièrement en Tunisie et l'absence totale de visibilité quant aux futures importations de blé et leur prix, il est impératif de nous interroger, nous aussi, sur notre sécurité alimentaire.

Puisqu'il faut le répéter, Kaïs Saïed n'est pas responsable de cette situation. Il n'a fait qu'hériter d'un pays qui tangue et d'une population qui consomme plus que ce qu'elle produit. Il n'en demeure pas moins qu'il sera responsable de ce qui nous arrivera dans le futur.
Un problème bien posé est à moitié résolu (Henri Bergson). Or Kaïs Saïed pose mal les problèmes.
Il pose de bonnes questions, mais apporte de mauvaises réponses.
Il consacre du temps inestimable à des sujets secondaires, comme celui de sa consultation nationale.
Il est intellectuellement paresseux, préférant accuser des spéculateurs pour justifier la hausse des prix plutôt que de travailler sur le fond du problème.
Il préfère la belle théorie du complot à la réalité amère.
Il préfère subir les problèmes que de les anticiper. Il préfère s'écouter que d'écouter.
Qu'a-t-on préparé pour juguler la hausse du prix du pétrole ? Rien.
Quel est le plan maintenant que le FMI ne nous a pas aidés ? On n'en sait rien.
Sommes-nous prêts pour affronter la hausse vertigineuse des prix du blé et sa probable pénurie ? Non !
Sommes-nous conscients que nous sommes menacés, à l'instar de dizaines d'autres pays, dans notre sécurité alimentaire ? On ne dirait pas.
Tous les médias internationaux qu'on parcourt parlent de ces sujets, sauf nous !

A cause de leurs gouvernants qui ne savent ni anticiper, ni préparer, ni communiquer, ni dialoguer, les Tunisiens finiront par subir ce que subissent dramatiquement nos amis libanais. Pourquoi ? Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets.


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