Le député, avocat et président du parti « Arraya Al Watania », Mabrouk Korchid, a affirmé que les mesures annoncées à la date du 25 juillet 2021 étaient nécessaires en raison du blocage politique. Il a considéré que le décret promulgué par la suite portait atteinte au processus entamé à cette date-là. « Le président de la République s'est emparé des pouvoirs… Je suis le seul à avoir saisi la justice au sujet du décret n°117… j'attends qu'on tranche dans le dossier », a-t-il ajouté. Invité le 28 mars 2022 par Myriam Belkadhi sur les ondes de la radio Shems FM, Mabrouk Korchid a affirmé que la promulgation des décrets relatifs à la réconciliation pénale, la lutte contre la spéculation et les sociétés citoyennes s'inscrivait dans le cadre de la mise en place d'une autocratie. Il a estimé que la Tunisie traversera une décennie pire que la précédente. Mabrouk Korchid a révélé que Abir Moussi, Salem Labiadh, Haykel Mekki, Zouhair Maghzaoui et Layla Haddad faisaient l'objet d'une procédure S17. Evoquant le décret de réconciliation pénale, le député a rappelé que la commission de réconciliation créée en vertu du texte était directement affiliée à la présidence de la République et qu'elle pouvait procéder à la saisie d'un bien ou d'un avoir suite à la réception d'un simple rapport ou pour l'existence de soupçons. « Même les individus dont l'innocence a été reconnue par la justice tunisienne peuvent être convoqués par cette commission… En tant que juriste, on m'a appris que tout jugement final et définitif ne pouvait faire l'objet de recours… Nous courrons vers l'abîme », a-t-il poursuivi. Il a affirmé que le texte comportait plusieurs défaillances. Elles auraient été délibérément incluses dans le décret afin de permettre au président de la République d'exercer une pression sur les hommes d'affaires et de collecter de l'argent. Par la suite, Mabrouk Korchid a évoqué la question des sociétés citoyennes qui bénéficieront d'un financement collecté suite à la réconciliation pénale à travers la présidence de la République. Les coordinations et membres de la campagne explicative de Kaïs Saïed, selon lui, vont mettre la main sur les fonds collectés suite à la réconciliation pénale et sur les terres appartenant aux coopératives agricoles. Il a mis en garde contre de telles pratiques. Il a expliqué que l'expérience de l'oasis de Jemna était un véritable échec et démontre l'inapplicabilité de cette expérience. « Je tiens à mettre en garde contre ce décret… Ceci va nous mener vers une guerre civile et des conflits entre plusieurs tribus… On aurait dû procéder à l'octroi de terres agricoles aux diplômés chômeurs afin de créer de la richesse et des modèles économiques efficaces… L'expérience des coopératives avait causé des centaines de morts dans le passé ! », a-t-il déploré. Concernant la lutte contre la spéculation, Mabrouk Korchid a expliqué que le décret promulgué par la présidence de la République pouvait conduire à l'emprisonnement des citoyens possédant seulement deux sacs de semoule. Il a déploré le manque de précisions concernant les quantités et les types de marchandises. Il a, également, mentionné les peines pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement à perpétuité. Au sujet de la réunion du bureau de l'Assemblée des représentants du peuple convoquée par Rached Ghannouchi, Mabrouk Korchid a affirmé qu'il n'y assistera pas et qu'il n'était plus concerné par ces réunions. Il a rappelé qu'il avait démissionné du bureau de l'ARP. Il a expliqué qu'il était contre le maintien de l'application des mesures exceptionnelles. Il a appelé à la tenue d'un dialogue en face-à-face entre tous les acteurs de la scène politique y compris le président de la République. Une réunion entre les partis soutenant le processus entamé le 25 juillet sous l'égide de l'UGTT pourrait représenter une première étape.