Le membre limogé de l'Instance vérité et dignité (IVD), Mustapha Baazaoui a indiqué, mardi 17 janvier 2023, lors de son passage sur le plateau de la chaîne Al Wataniya avec Insaf Yahieoui, que l'IVD et sa présidente Sihem Ben Sedrine avaient servi les intérêts du mouvement Ennahdha en exploitant le processus de la justice transitionnelle. Mustapha Baazaoui est revenu sur son parcours au sein de l'IVD, assurant qu'il avait été élu à la tête de la commission de l'examen de l'emploi et de la réforme des institutions pour achever une mission particulière, à savoir le limogeage d'une liste de responsables préétablie à l'avance, chose qu'il avait refusée avant d'étudier les dossiers des personnes concernées. « Depuis ce moment, j'avais été mis à l'écart et la commission que je présidais n'avait jamais vu le jour. Le mouvement Ennahdha avait une mainmise sur l'instance et sur sa présidente. Ils ont vidé le processus de la justice transitionnelle de son essence et l'ont détourné de son objectif principal ».
Par ailleurs, il a appelé le président de la République et la cheffe du gouvernement à intervenir afin de retirer le rapport de l'IVD du Journal officiel, et ce, en prenant en considération le jugement rendu par le Tribunal administratif en sa faveur ainsi qu'en faveur de sa collègue Lilia Bouguerra. Ce jugement atteste que la composition de l'IVD n'était pas au complet ce qui remet en cause la légitimité de ses décisions. De ce fait, le retrait de son rapport du Journal officiel est justifié, d'autant plus que ce rapport est accablant pour la Tunisie. Dans ce contexte, Mustapha Baazaoui a cité à titre d'exemple l'affaire de la BFT, qui condamnerait la Tunisie à verser une somme colossale d'argent. En effet, il rappelle que l'instance a considéré dans son rapport le monsieur (Abdelmejid Bouden, actionnaire de référence de la BFT, Ndlr) comme étant une victime, alors que l'Etat était en train de batailler pour que la compensation soit limitée dans cette affaire de la BFT : l'un des plus graves dossiers de la Tunisie, où un arbitrage a été prononcé, depuis quelque temps, et où la Tunisie a été déclarée responsable.
Rappelons que l'affaire de la BFT est un dossier houleux qui remonte aux années 80 et qui oppose l'Etat tunisien à l'ABCI Investments limited, holding financier appartenant à un Tunisien, Abdelmajid Bouden.
Il convient de rappeler, également, que Mustapha Baazaoui et Lilia Bouguerra ont été limogés il y a six ans, du Conseil de l'IVD. Ils ont, alors, déposé un recours auprès de la justice administrative et ont porté plainte contre la présidente de l'Instance, alors, Sihem Ben Sedrine et ce n'est que le 30 décembre 2022 que le Tribunal administratif décide d'invalider la décision de limogeage.