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Comptons sur nous-mêmes ! Kaïs Saïed propose-t-il un plan alternatif ?
Publié dans Business News le 13 - 04 - 2023

Kaïs Saïed a annoncé qu'il rejetait l'accord du FMI à cause des conséquences qu'il pourrait avoir sur le plan social, et il propose aux Tunisiens de compter sur eux-mêmes !
Quand un citoyen, savourant le fameux « capucin » dans un café de quartier, lance une telle idée pour tuer le temps entre deux feuilletons ramadanesques, il n'y a ni obligation de moyens ni obligations de résultats à cette fanfaronnade !
Mais, quand un homme aux pouvoirs illimités rompt un accord que son propre gouvernement s'échine à conclure depuis 18 mois, l'enjeu est autrement important et nous sommes en droit de nous attendre à un plan d'action conséquent.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelques faits méritent d'être rappelés.

Le gouvernement procédant de la seule volonté du président qui l'a nommé en septembre 2021, et responsable devant lui seul, a négocié avec le FMI, à l'abri des regards pendant plus de 18 mois. Cela a abouti à un accord technique, dont nous ignorons les tenants et les aboutissants et qui a été présenté comme un grand succès en décembre 2022. Exit donc les citoyens, l'opposition, la société civile, etc. Seuls le gouvernement et le président connaissent les termes de cet accord. Quels sont donc ces « diktats des forces étrangères » que le président semble soudain découvrir ?

Mettons ces contradictions de côté et revenons à l'annonce de Kaïs Saïed qui ferait rougir de jalousie Don Quichotte ! « Compter sur nous-mêmes » disait-il ? Mais qu'est-ce que cela veut bien dire exactement ?


Sans rentrer dans les détails et me répéter encore une fois, on comprend que le gouvernement a négocié avec le FMI sur la base d'un seul axe : la réduction des dépenses. On n'a pas entendu parler de réelle volonté de relance économique !!

Cela s'est traduit également dans la loi de finances 2023, produite par ces mêmes acteurs, dûment signée et promulguée par un décret Saïdien. Trois éléments principaux s'en dégagent :

1- des besoins de financement de près de 23 milliards de dinars : 7.5 milliards pour combler l'écart entre revenus et dépenses de l'Etat, 6.5 milliards pour rembourser les dettes externes dues en 2023 et 9 milliards pour rembourser les dettes internes.
2- une réduction de 25% de la compensation directe des denrées alimentaires et produits pétroliers (une des conditions de l'accord FMI)
3- une sérieuse augmentation impôts indirects, car le gouvernement, incapable d'imposer la moindre réforme sérieuse de la taxation directe, se rabat sur les impôts et les taxes les plus faciles à collecter, qui sont aussi les plus inéquitables.


Où pouvons-nous chercher les financements nécessaires en dinars et en devises ?
Le marché de la dette interne est déjà au-delà de son maximum et fait du mal à notre tissu économique en réduisant la liquidité disponible pour la relance des entreprises et/ou l'investissement sans parler des effets sur l'inflation et la dépréciation du dinar. Cette porte est et devrait rester fermée.


Reste la question de la dette externe (qui est, rappelons-le, en devises), comment compter sur nous-mêmes pour la rembourser (ou même si possible emprunter) ?

La dette libellée en devises étrangères ne peut être payée qu'en devises. Nous pouvons l'honorer soit en ayant des entrées suffisantes en devises en sus des sommes destinées aux paiements de nos besoins de base, soit en empruntant directement sur les marchés financiers internationaux et auprès des institutions et des pays amis.

Or, la Tunisie n'a plus accès aux marchés financiers depuis plus de deux ans du fait de la dégradation de la note souveraine d'un côté. D'ailleurs la dernière intervention de KS au sujet du FMI a porté le coût d'emprunt à des niveaux encore jamais atteints, augmentant ainsi les perspectives de défaut imminent ou d'insolvabilité du pays.

Pour les prêts bilatéraux et auprès des institutions internationales, l'accord avec le FMI (indépendamment du montant lui-même) avait pour objectif principal de rouvrir les possibilités de négociations de financement avec les grandes entités multilatérales et avec les pays qui ont une tradition de financement bilatéral transparent. Rejeter l'accord avec le FMI revient donc à fermer aussi cette possibilité. Il ne nous reste alors qu'à épuiser encore plus les réserves de la BCT (qui pourrait tenir encore quelque temps sous grande tension et une fragile exposition au moindre choc externe) ou recourir à la mendicité de ci de là, de petits prêts auprès de certains pays avec des conséquences et des contreparties, on ne peut plus opaques et coûteuses. Notons que jusqu'à maintenant, les pays du Golfe à qui nous nous sommes adressés (selon la ministre des Finances), attendent eux-mêmes l'accord du FMI pour nous prêter de la devise.


Passons au déséquilibre entre les dépenses et les recettes de l'Etat (7.5 milliards de dinars) : comment KS compte-t-il le combler ? Quelles sources de financement possible dans ce « comptons sur nous-mêmes » ? Va- t-il proposer une loi de Finances complémentaire dans les jours qui viennent pour proposer de nouvelles taxes et des nouvelles coupes budgétaires!! On parle ici des ressources nécessaires et vitales pour payer les hôpitaux, honorer les salaires des enseignants, soutenir les familles nécessiteuses, et payer les médicaments et les cargaisons de blé et de pétrole…

Lui qui prétend se soucier des conséquences sociales du deal FMI, met, en absence d'alternatives claires de financements, les finances de l'Etat en grave danger et infère une politique d'austérité pire que sa loi des Finances originale. Rappelons au passage qu'on était nombreux déjà à critiquer cette approche d'austérité à la fois dans la LF 2023 et dans les négociations avec le FMI et que nous avons démontré qu'il y avait des alternatives viables plus ambitieuses et plus bénéfiques pour le pays.



Finalement, qui est ce « nous » dont parle Kaïs Saïed ? Ce nous, aussi obscur que le fameux « le peuple veut » que Kaïs Saïed invoque pour justifier son absolutisme, est-il au moins lié par un quelconque contrat social ? Kaïs Saïed croit-il vraiment en « nous », lui qui semble obsédé par son pouvoir personnel et son projet personnel ? Ce « nous », s'il existe, ne serait, au mieux, que lui-même et ses quelques fans, toute opposition étant honnie, le politique jeté en prison et les journalistes harcelés ! Dans un pays aussi divisé, le « nous » ressemble de plus en plus à une chimère !

Face aux rayons vides, à la dépréciation inéluctable du dinar, à la dépression économique et la déprime générale, à la dégradation de la notation de la Tunisie et un possible défaut de paiement qui rendra encore plus difficile l'importation des produits de base, Kaïs Saïed ajoute à sa panoplie riche en théories de complot et diversions de tout genre, une autre manipulation : celle des chimères.

Il est clair que la démarche de KS n'est fondée sur aucun raisonnement politique ou économique cohérent sur lequel on peut compter. Le « nous », j'ose me répéter, est aussi absent que ce raisonnement.


En regardant les faits, on voit que depuis peu la voix internationale qui se fait le porte-parole de la Tunisie est celle du gouvernement d'extrême droite italien (auquel s'est joint la France). Ces pays sont soucieux principalement et cyniquement de l'immigration. Les chiffres de l'immigration clandestine par voie maritime ont explosé en 2022 pour dépasser ceux de 2011 selon le FTDES (32000 en 2022 contre 28829 en 2011). Des Tunisiens de tous les âges quittent le pays par désespoir chaque jour, des centaines y laissent la vie en pleine mer sans aucune enquête ! Ajoutez à cela une campagne odieuse de haine raciste initiée par Kaïs Saïed lui-même qui met encore plus de pression sur l'immigration clandestine sub-saharienne via la Tunisie !

Dans ces conditions, un deal pourrait être conclu afin de faire barrière au flot de l'immigration ! Et faire de la Tunisie le policier décomplexé de l'Italie et du reste de l'Europe. Au-delà de sa faillite éthique, cette démarche est non soutenable.

Finalement, les scénarios auxquels mènerait le leadership actuel sont tous sombres : soit une austérité extrême et un chaos social dans une société polarisée et décousue, soit un endettement supplémentaire sans programme qui sera de l'argent jeté par les fenêtres (ou dans les égouts si vous préférez) en l'absence de vision, de compétence, de courage et d'honnêteté ! On n'a, dans tous les cas, que ce qu'on mérite n'ayant rien appris de notre passé ni des expériences des autres pays !

Est-il encore possible de s'en sortir ? la réponse est oui absolument! Mais ceci commence nécessairement par reconnaître clairement nos difficultés et nos priorités, remettre la raison, la science et la compétence comme boussole à la place de ces hymnes de haine et ces fanfaronnades creuses et reconstruire les institutions et la culture d'un Etat responsable et redevable.



* Présidente du conseil national d'Ettakatol


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