Le Front de salut national a considéré que l'arrestation d'une personnalité publique en raison de son poids politique pour un avis exprimé durant une rencontre, reflétait l'effondrement des libertés en Tunisie. « Le pays se tourne vers la criminalisation de la liberté d'expression et des activités politiques. Celle-ci reflète l'échec du système en place dans l'élaboration d'une enquête judiciaire sérieuse », a précisé la formation. Dans un communiqué du 20 avril 2023, le Front de salut national a indiqué que le pouvoir en place a eu recours au décret n°54 et à une interprétation large des articles relatifs au complot contre la sûreté de l'Etat afin de procéder à l'arrestation et à l'emprisonnement du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. Le front a estimé qu'il s'agissait d'un acte illégal et en opposition aux principes du droit pénal. Il en a déduit l'absence des garanties d'un procès équitable pour ce dernier. L'arrestation de Rached Ghannouchi et d'autres leaders du parti s'inscrit, selon le communiqué, dans le cadre d'une campagne touchant plus de vingt opposants au pouvoir en place. « Elle est fondée sur de fausses accusations et dépourvue d'arguments ou de preuves ». Le communiqué a rappelé que certains opposants sont emprisonnés depuis plus de deux mois dans le cadre d'une affaire de complot contre la sûreté de l'Etat. Le Front de salut a évoqué la fermeture des locaux de partis politiques et l'interdiction de leurs activités en l'absence d'une décision judiciaire autorisant la chose. Ces mesures se sont fondées sur le décret n°50 de 1978 réglementant l'état d'urgence. « Il s'agit d'un texte juridique promulgué afin de soumettre la Tunisie ». Le communiqué a indiqué que ces mesures ont suscité l'indignation de plusieurs entités à l'intérieur et à l'extérieur du pays. « Les nouvelles ont été relayées par les médias internationaux. Les peuples amis de la Tunisie et soutenant la démocratie ont dénoncé la chose. En guise de réaction, les autorités tunisiennes ont eu recours à un discours en langue de bois indiquant une méconnaissance de la réalité des relations internationales », relève le front. Le Front de salut national a enfin demandé la libération immédiate de Rached Ghannouchi et de tous les prisonniers politiques. Il a tenu le pouvoir en place responsable de toute atteinte dont il pourrait faire l'objet et a rappelé qu'il était âgé de plus de 80 ans et souffrait de plusieurs maladies chroniques et qu'il pourrait faire l'objet d'un accident cérébral en raison des conditions de sa détention.