La vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) et coordinatrice de la cellule de société civile à Sfax Hamida Chaïeb a appelé, samedi 8 juillet 2023, à la nécessité de la création d'une cellule de crise, composée de la société civile et des autorités locales, pour se pencher sur la situation des migrants irréguliers subsahariens, qui sont toujours bloqués dans la région de Sfax, et dont le nombre est supérieur à 1.500 personnes. Mme Chaïeb a demandé, dans un premier temps, à les héberger, à leur fournir de la nourriture et des vêtements, ainsi qu'une aide médicale en cas de besoin, en attendant le règlement de leur situation légale, d'autant plus qu'ils sont dehors dans la place devant le Ribat de la ville ou cachés dans des immeubles de peur d'être poursuivis. Dans une déclaration à la Tap, la responsable a réclamé des autorités et décideurs tunisiens de prévoir des camps d'asile pour les migrants subsahariens bloqués dans la région de Sfax, le temps de leur trouver des solutions légales. Et d'estimer que la campagne de diabolisation et de diffamation qui a récemment touché les migrants subsahariens irréguliers bloqués dans la région de Sfax, est exagérée, fomentée et méthodique et surtout orchestrée par certaines parties politiques. Hamida Chaïeb a noté aussi que la cellule de société civile à Sfax comprend un certain nombre d'associations et de militants indépendants. Elle lance des campagnes de solidarité en faveur des migrants irréguliers subsahariens, bloqués dans la région, afin de leur apporter secours et ravitaillement.
La veille, la LTDH a publié un communiqué condamnant l'escalade des violations flagrantes des droits de l'Homme perpétrées contre les migrants subsahariens et rejetant la discrimination raciale, les agressions, la persécution, les mauvais traitements, les expulsions et le déplacement d'enfants et de familles de migrants subsahariens. L'organisation a aussi déploré les campagnes d'incitation à leur encontre ainsi que les discours racistes et haineux face au silence des autorités, voire leur implication dans de nombreux cas.
La ligue a aussi exprimé sa profonde préoccupation face aux informations récurrentes sur le transfert d'un grand nombre de réfugiés aux frontières tuniso-libyennes. Elle considère que, dans l'éventualité où cela se produirait, il s'agirait d'une menace explicite pour la vie des personnes transférées et une violation flagrante des droits l'Homme. Elle a appelé, enfin, les autorités à cesser immédiatement les campagnes d'arrestations et d'expulsions forcées, considérées comme une violation flagrante des droits de l'Homme et des conventions internationales ratifiées par la Tunisie, telles que la convention de Genève de 1951 et la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples. Pour elle, le traitement de cette affaire ne peut se faire qu'à travers une approche globale qui respecte les principes universels des droits de l'Homme et les pactes internationaux liés, et non pas en transformant la Tunisie en un gardien des frontières de l'Union européenne dans le cadre de la mise en œuvre d'accords cachés dont le contenu n'a pas été révélé à l'opinion publique, et au service des intérêts de gouvernements d'extrême droite. Elle a exigé, dans ce cadre, la révélation du contenu de l'accord proposé par l'Union européenne à l'opinion publique avant d'en accepter les termes et de le signer.
Rappelons qu'il y a quelques jours, la ville de Sfax a connu des heurts entre population locale et migrants africains.