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La Tunisie peut-elle s'en sortir sans le FMI ?
Publié dans Business News le 10 - 10 - 2023

Les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) traînent depuis près de 21 mois. Le gouvernement tunisien comptait déjà sur l'institution financière pour le financement du budget 2022. Idem pour 2023. Or, et jusqu'à cette heure, rien de concret n'a été fait, le chef de l'Etat voulant avoir les fonds mais à ses propres conditions. Seulement, la majorité des experts estime que si la Tunisie est parvenue à s'en sortir financièrement jusque-là, 2024 s'avèrera difficile. Et même si la Tunisie peut compter sur le dévouement de l'Italie, Kaïs Saïed s'est mis à dos l'Union européenne avec son dernier pied de nez.

La situation économique réelle de la Tunisie est délicate. Le gouvernement a besoin de 24.392 millions de dinars d'emprunts intérieurs et extérieurs pour boucler son budget. Si l'emprunt intérieur va bon train, l'emprunt extérieur est bloqué. Selon la loi de finances 2023, la Tunisie comptait mobiliser 14.859 millions de dinars en emprunts extérieurs. Or, jusqu'à fin juin 2023, seulement 2.710,3 millions de dinars ont été empruntés.
Même si le gouvernement présente des chiffres édulcorés. La réalité sur le terrain en est loin. Résultat des courses, de plus en plus de produits sont manquants ou en pénurie. L'inflation ressentie est à la hausse et le Tunisien ne peut plus faire face au coût de la vie, avec un pouvoir d'achat sévèrement impacté. Les entreprises peinent à joindre les deux bouts, avec l'annonce de restrictions budgétaires, de gel de salaires et même de renvoi d'employés.
Pour sa part, l'Etat a du mal à s'acquitter de ses engagements. Il n'a pas payé la compensation qu'il doit aux professionnels ainsi que ses fournisseurs, vu les problèmes des finances publiques. Au total, on parle de 965 millions de dinars d'impayés en termes de compensation, jusqu'à fin juillet 2023.
Le montant des arriérés de l'Etat envers ses fournisseurs est important et plusieurs n'ont pas été payés pendant plusieurs mois. Certains font face à la faillite, car ils ne sont plus capables de payer l'impôt et les charges sociales. Selon nos sources, le montant que doivent l'Etat et ses entreprises publiques au secteur du BTP est de l'ordre de 600 à 800 MD. Les arriérés de l'Etat vont de six mois à deux ans. À titre d'exemple, l'Office national de l'assainissement (ONAS) n'a pas payé les entreprises avec lesquelles il travaille depuis mi-2022 pour un montant de 150 millions de dinars.
En octobre 2022, le gouvernement a imposé des restrictions à l'importation. Si cette décision a eu un impact positif sur la balance commerciale et sur nos réserves en devise, elle a fortement impacté le secteur privé, locomotive de la croissance depuis la révolution.
Ainsi, les prévisions de croissance sont à la baisse. Au deuxième trimestre 2023, l'Institut national de la statistique (INS) a annoncé une croissance d'à peine 0,6% en glissement annuel et une contraction de 1,3% par rapport au trimestre précédent.
Si certains économistes tunisiens ont présenté des prévisions plutôt optimistes, comme c'est le cas de Abdelkader Boudriga qui pense que la croissance en 2023 va se situer entre 1,8% et 2,6%. La Banque mondiale s'est montrée plus pessimiste revoyant à la baisse ses prévisions concernant la croissance en Tunisie en 2023. Elle tablait en juin dernier sur une croissance de 2,3% pour l'année 2023. Dans son récent rapport économique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), elle table sur une croissance de 1,2% en 2023.
Pour sa part, le FMI a maintenu ses prévisions d'avril 2023, qui n'étaient déjà pas trop optimistes, concernant la croissance en Tunisie en 2023, dans son rapport "Perspectives de l'économie mondiale, octobre 2023". L'institution financière internationale table sur une croissance de 1,3% en 2023, de 1,9% en 2024 contre 2,5% en 2022.
En ce qui concerne l'inflation, le fonds pense qu'elle serait située dans une moyenne de 9,4% en 2023 puis 9,8% en 2024 contre 8,3% en 2022, selon le rapport d'octobre 2023. Ces mêmes perspectives estiment que le solde extérieur courant va par contre diminuer passant de -8,6% en 2022 à -5,8% en 2023 puis à -5,4% en 2024.

Alors qu'on est en train de préparer le projet de la loi de finances 2024, la question des financements se pose aujourd'hui plus que jamais. Tout le monde se demandant comment la Tunisie va parvenir à clôturer son budget de 2023 et financer celui de 2024. Tous les experts et économistes tunisiens s'accordent à dire que le financement du budget de 2024 s'annonce très problématique, surtout en ce qui concerne nos besoins en avoirs en devises, nécessaires pour le remboursement de la dette et pour le paiement de nos importations de produits de base et de carburant. Pour eux, la conciliation pénale et la récupération des avoirs spoliés ne pourront pas solutionner les problématiques des finances publiques.
L'accord pour soutenir les politiques économiques au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) entre le FMI et les autorités tunisiennes signé en octobre 2022 avait réjoui tout le monde, étant annonciateur de sortie de crise. Mais coup de théâtre, le président de la République Kaïs Saïed dit non au FMI. Il refuse l'application du programme présenté par son propre gouvernement et n'en démord pas. Même si ses ministre sont convaincus du contraire. En juillet dernier, le ministre de l'Economie et de la Planification, Samir Saïed, avait même lancé que celui qui a une alternative au FMI n'a qu'à la proposer.
La Tunisie a besoin du financement extérieur, surtout avec les pressions faites à l'intérieur avec le recours intensif au financement bancaire, provoquant un effet d'éviction. Certes, le pays a pu mobiliser en 2023 certains financements mais avec des coûts exorbitants. Pire, alors qu'il avait le soutien inconditionnel de l'Italie qui s'est battu bec et ongles pour pousser l'Union européenne et le FMI à financer la Tunisie, le chef de l'Etat n'a pas cessé de compliquer la relation avec l'Union européenne. Ainsi, après avoir refusé la visite d'une délégation parlementaire européenne, le ministère des Affaires étrangères avait affirmé que la Tunisie n'a pas donné son accord au sujet du décaissement de soixante millions d'euros de la part de l'Union européenne et de soutenir que la présidence de la République avait refusé cette aide. Chose que les Européens ont très mal prise. Les autorités européennes ont même dévoilé que la Tunisie a accepté cet argent et ne l'a pas encore remboursé. Une histoire qui fait couler beaucoup d'encre actuellement.

Pour leur part, Samir Saïed et le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, espèrent réchauffer les relations les institutions financières, en particulier la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, en participant, à la tête d'une délégation tunisienne, à l'assemblée annuelle du Groupe de la Banque Mondiale qui aura lieu à partir du 9 octobre au 15 octobre 2023 à Marrakech (Maroc). Rappelons dans ce cadre que le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar avait indiqué récemment que la Tunisie poursuivait le dialogue avec le FMI.
Le docteur en sciences économiques, enseignant-chercheur à l'Université de Carthage et expert consultant, Aram Belhadj, s'est interrogé, pour sa part : « Qu'est-ce qui empêche le gouvernement de déposer un nouveau programme au FMI ? ». Pour lui, si la Tunisie n'est pas satisfaite de l'accord passé avec l'institution financière, elle peut présenter un autre programme selon sa convenance.

Isolée d'une grande partie de ses soutiens, la Tunisie se trouve aujourd'hui dos au mur. Certes, elle a pu se débrouiller en 2022 et 2023 sans FMI, mais pour 2024, c'est une autre paire de manches. Le chef de l'Etat compte peut-être sur un financement direct de la Banque centrale, mais tous s'accordent sur le danger que cela représente. Affaire à suivre.


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