Depuis le 7 octobre, les médias occidentaux ont pris parti avec force dans la guerre en Palestine. La nuance a décampé des plateaux, la contextualisation est devenue justification des morts israéliennes et donc presque considérée comme une trahison. Les à peu-près et les déformations sont légion. Ces médias sont tellement dans l'extrême qu'on aurait dit qu'un vent d'hystérie s'était emparé des cerveaux de ces bataillons de journalistes. Aucune distance. La propagande a pris des proportions jamais atteintes. Pour ceux de la rive sud qui sont habitués à suivre les médias occidentaux, la couverture de la guerre en Palestine laisse pantois. Les Tunisiens suivent, par exemple, les médias français de près et ce qu'ils ont constaté, c'est le parti pris plus que flagrant et la partialité de journalistes qui semblent se transformer en propagandistes pour le compte d'Israël. Les filtres sont tombés et avec eux l'éthique. Au début du conflit russo-ukrainien, on a bien assisté à la mise en marche de la machine médiatique. L'occident, porteurs des valeurs humanistes, de la démocratie et des droits humains, a lâché son rouleau compresseur contre la Russie. A longueur de journée, lecteurs, auditeurs et téléspectateurs étaient bombardés par les commentaires et les analyses dénonçant la barbarie russe. On applaudit les sanctions contre l'occupant qui attaque des civils. On s'insurge contre les crimes de guerre et l'occupation. Dans un geste très démocratique, on censure les médias russes et on bannit de l'espace public les voix du camp des méchants tueurs de civils ukrainiens. Ainsi, quand Israël a commencé à bombarder des civils et à décimer une population encerclée sans électricité, eau ou nourriture, certains s'attendaient à ce que les occidentaux soient plus dans la retenue. Puisque ces médias sont le porte-étendard des valeurs humanistes, il était logique qu'une distance soit prise et que le professionnalisme prime. Mais non. La virulence contre toute voix, qui tente de contextualiser ou de nuancer ou de rappeler les origines de cette guerre, est tellement poussée à l'extrême que ça jette le discrédit sur le récit qu'on essaie de nous vendre. Au point où nous en sommes, il ne s'agit plus d'un deux poids deux mesures, mais d'un schéma propagandiste décomplexé et assumé. Sur les plateaux et dans les colonnes des journaux, au lendemain du massacre dans un hôpital de Gaza où près de 500 civils ont été assassinés, on adopte sans équivoque la version israélienne. Pourquoi croire les autorités locales, ce sont des terroristes. Allons croire un Etat qui a toujours commis des crimes et les a par la suite niés éhontément sous le regard bienveillant de l'Oncle Sam. En passant, aucune empathie envers les centaines de morts de ce drame ou les milliers qui sont déjà morts sous les bombes. Ce ne sont que des chiffres. Déshumanisation. Ce ne sont qu'un nouveau problème qu'on doit régler pour disculper l'armée israélienne. Armée qui n'a eu de cesse de bombarder ou de lancer des explosifs aux alentours de ce même hôpital à peine 24 heures avant. Armée qui a menacé les hôpitaux de la région qu'ils allaient subir des frappes et a ordonné une évacuation de tout le nord vers le sud de la bande. Chose que l'OMS et les organisations humanitaires ont qualifié de condamnation à mort collective. Chose que les spécialistes en droit international ont qualifié de crime de guerre. Mais tout cela, les médias occidentaux l'effleurent sans s'y attarder. Tout de suite après la frappe contre l'hôpital, les responsables israéliens s'étaient empressés de commenter sur Twitter. D'aucun disait : « On vous avait prévenu d'évacuer cet hôpital et cinq autres dans la région », un autre ajoutait : « L'armée israélienne a bombardé l'hôpital où des membres du Hamas s'y trouvaient utilisant les civils comme boucliers humains ». Des tweets qui seront retirés quelques minutes après, pour être remplacé par une nouvelle version sur une bourde du Hamas et puis une autre accusant le djihad islamique. Il fallait voir la première réaction des médias occidentaux, mettant en doute sans ambages la version palestinienne, cherchant à disculper les Israéliens avec des circonlocutions rhétoriques honteuses. « Comment le ministère palestinien de la Santé pouvait-il avancé un bilan aussi rapidement ? C'est suspect », « Est-ce un hasard que les caméras d'Al Jazeera étaient là pour capter la scène ? ça ne peut pas être une coïncidence », « Cela pourrait-être une manœuvre des terroristes », « Cela semble être une explosion et non un bombardement », etc… Vient ensuite la version israélienne qui accuse la partie adverse. Les médias s'en emparent et ne lâchent plus. Jusqu'au lendemain de la tragédie, on continue à dire que 200 palestiniens « seraient » morts, déniant le bilan avancé par Gaza. On utilise le conditionnel, on déforme, on oublie de mentionner la toute première réaction des Israéliens modifiée par la suite. Le lendemain, des articles de debunk fleurissent en reprenant les arguments de Tsahal. France Info, à titre d'exemple, mets carrément en doute le bilan : « difficile d'imaginer que 471 personnes s'y trouvaient ». Certains médias font valoir qu'aucun cratère de l'ampleur que font les avions israéliens n'est visible et que donc ça ne peut être qu'une roquette perdue. Ils se focalisent aussi sur un petit impact dans le parking pour confirmer la version israélienne et ne montrent aucunement que l'hôpital s'est effondré sur la tête des patients, des réfugiés et du personnel médical. Un petit calibre ne ferait pas autant de dégâts. La mauvaise-foi est poussée à l'extrême quand on sait que Tsahal utilise toutes sortes d'armes, même celles interdites. Le matraquage médiatique, la déshumanisation des Palestiniens, le fanatisme pro-Israélien ne sont pas près de s'arrêter. Les médias occidentaux en font des tonnes et après cela s'étonne sur les plateaux français notamment, que des manifestants se rassemblement pour protester devant les ambassades de France. Cette France des droits de l'Homme et par extension, l'occident, montrent à visage découvert que cela ne concerne que certains hommes et que les principes sont divisibles.